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            BUREAU DES BREVETS

 

  DÉCISION DU COMMISSAIRE DES BREVETS

 

La demande de brevet no 392,317 ayant été rejetée en vertu de

l'article 47(2) des Règles sur les brevets, le demandeur a demandé que

soit révisée la décision finale de l'examinateur. En conséquence, la

Commission d'appel des brevets et le commissaire des brevets ont

examiné le rejet. Les conclusions de la Commission et la décision du

commissaire sont énoncées ci-après.

 

Agent du demandeur

 

Swabey, Mitchell, Houle,

Marcoux et Sher

1001, boul. de Maisonneuve ouest

Montréal (Québec)

H3A 3C8

 

ÉVIDENCE : Conditionnement

 

Le contenant du demandeur est fabriqué en papier à micro-ondulations

placé entre deux bandes de papier couverture lisse et recouvert d'un

papier d'aluminium comme l'indique l'illustration.

 

Décision finale : rejet confirmé

 

La présente décision fait suite à la demande soumise par le demandeur

au commissaire des brevets pour que soit révisée la décision finale

rendue à l'égard de la demande no 392,317 (classe 190-150) cédée à

Dr. Madaus & Co. pour l'invention intitulée CONDITIONNEMENT POUR

PRODUITS SENSIBLES. Les inventeurs sont MM. G. Bruesewitz et

R. Sieck. Le 15 février 1985, l'examinateur a rendu sa décision

finale dans laquelle il refusait d'accepter la demande. Une audience

s'est tenue le 13 juillet 1988, à laquelle le demandeur était

représenté par son agent des brevets, M. K. Murphy. D'autres

arguments écrits ont été présentés le 8 août 1988.

 

L'objet de la revendication porte sur un conditionnement destiné aux

produits sensibles comme l'agar-agar contenu dans des tubes fermés.

Les figures 1 et 2 illustrent l'invention.

 

    <IMG>

 

Le conditionnement (1) est constitue de découpes à plat pour boite

pliante fabriquées en papier à micro-ondulations (7). Le papier

comporte de petites ondulations qui créent des passages d'air (10)

entre deux bandes de papier couverture lisse (9). Le papier

d'aluminium (8) réduit la quantité de chaleur qui entre dans le

conditionnement ou qui s'en échappe.

 

Dans sa décision finale, l'examinateur a refusé les revendications

compte tenu des brevets suivants :

 

Brevets britanniques

(1) 694,307             15 juillet 1953   Wexler

(2) 1,225,325     17 mars 1971            Vaillant et coll.

 

Brevets américains

(3) 3,915,304     28 octobre 1975   Pasco et coll.

(4) 2,954,912     4 octobre 1960          Kauffeld

(5) 3,682,597     8 août 1972             Husch

 

Le brevet britannique no 694,307 décrit un couvercle servant à

refroidir les bouteilles de lait. Ce couvercle fabrique en papier

résistant à l'état humide et comportant une surface métallique

réfléchissante maintient la température dans le conditionnement à une

valeur inférieure à celle de l'atmosphère.

 

Le brevet britannique no 1,225,325 a trait à une citerne isolée

construite pour le transport transcontinental par rails, par air ou

par mer.

 

Pasco et coll. utilisent une boîte fabriquée en contre-plaqué

comportant une doublure métallique réfléchissante afin d'isoler les

aliments.

 

Husch montre une boite en carton équipée de diviseurs autonomes à

ouvertures destinés à maintenir les tubes de verre en place lorsque le

couvercle est ferme. (Figures 2, 3 et 4 ci-dessous).

<IMGS>

 

La boîte (15) en carton comporte un diviseur autonome (16) destiné à

retenir les tubes d'essai ou les flacons.

 

Le brevet américain no 2,954,912 de Kauffeld est un conditionnement

isolé pour marchandises périssables. Les figures 1, 3 et 5 se

trouvent ci-dessous.

 

<IMGS>

 

Le conditionnement (8) est fabriqué d'un matériau (10) caractérisé par

une couche extérieure en papier d'aluminium (12), une couche isolante

(16), une épaisseur interne de papier d'aluminium (14) et une

pellicule de matériau plastique (18 et 20) qui encadre les composantes

internes.

 

Dans sa décision finale, l'examinateur a affirmé, en partie, ce qui

suit :

 

L'utilisation d'un matériau isolant afin de garder le

contenu d'un contenant plus chaud ou plus froid que

l'environnement ambiant est illustrée en (2): -

 

"Pour conserver le liquide transporté à une

température constante, la citerne (2) est complètement

recouverte d'un revêtement isolant (14) constitué

d'une couche épaisse (15) de mousse plastique, de

fibre de verre ou de tout autre matériau

calorifuge..."

 

voir (2) et les lignes 5 à 9 de la page 2.

 

et en (4) (document complet) mais particulièrement par le

passage suivant :

 

"Comme entité, le matériau est désigné par le chiffre

10. Il est caractérisé par une épaisseur extérieure

en papier d'aluminium (12), par une épaisseur

intérieure correspondante en papier d'aluminium (14)

et par une épaisseur d'un matériau intercalaire (16).

Ce dernier est un papier buvard qui n'est pas de type

standard ou ordinaire mais plutôt un produit spécial

qu'on a gonflé afin de lui conférer la résistance à la

traction nécessaire, d'augmenter la multiplication des

poches ou cellules d'air non communicantes à des fins

d'isolation et également de lui donner les propriétés

de compressibilité si convoitées pour obtenir un

matériau stratifié pouvant varier entre 18 et 32

points et qui, par conséquent, peut être soumis au

pliage, su rainage et à la mise en forme de

contenants."

 

voir les lignes 38 à 52 de la colonne 3.

 

La combinaison du papier d'aluminium et du matériau isolant

est expliquée en (4).

 

Les diviseurs internes pour les boîtes d'expédition sont

détaillés en (5). (Figures 2, 3 et 4).

 

Ainsi, l'utilisation d'aluminium pour réduire le transfert

de chaleur est connue (1), (3), (4), l'utilisation de

cartons et d'autres matériaux isolants pour réduire le

transfert de chaleur est connue (2), (4) comme l'est la

combinaison des deux (4). L'utilisation de diviseurs dans

une boite est connue (5).

 

Le demandeur n'a pas réussi à obtenir un nouveau résultat ou

un résultat imprévisible étant donné que le résultat est

fondé sur l'expérience connue et sur des principes

scientifiques connus.

 

De plus, la combinaison de surfaces réfléchissantes (métaux)

et des couches isolantes (vides) est un concept connu dans

les thermos.

 

Toutes les revendications sont refusées car elles ne

comportent pas d'idées inventives.

 

Selon le demandeur, étant donné qu'aucune des antériorités

citées ne fait mention de l'instrument qui se trouve dans la

revendication 1 en cause, y compris le préambule, il

n'existe pas d'antériorité. L'examinateur ne peut donner

son approbation, car il s'attend également à ce que le

résultat présente de la nouveauté. Dans ce cas,

l'utilisation constitue une réduction analogue du débit de

chaleur entraînant une réduction de l'écart de température.

 

En réponse à la décision finale, le demandeur a présenté d'autres

revendications 22 à 26 et a affirmé, en partie, ce qui suit :

 

[Traduction]

 

... La présente invention a donc trait à un produit

spécialisé qui surmonte un problème éprouvé dans un secteur

particulier.

 

Aux dires du présent demandeur, il a découvert que

l'isolant seul, utilisé de la façon habituelle, ne permet

pas d'atteindre la stabilité au stockage et n'empêche pas la

formation de condensation d'eau dans le produit sensible.

Il a également trouvé, conformément à l'invention, que le

rayonnement de la chaleur constitue un facteur important

 

dans la détérioration des produits sensibles. Ce

rayonnement de chaleur comprend la chaleur réfléchie par les

parois du local de stockage dans lequel le conditionnement

est entreposé. Dans le cas d'un stockage dans un local

soumis à des variations de température, le contenu du

conditionnement est exposé aux incidences du rayonnement qui

peuvent se traduire par l'échauffement d'un côté des tubes

dans le conditionnement de façon qu'il y ait formation de

condensation sur le côté non chauffé des tubes.

 

   C'est en se fondant sur cette découverte qu'on a

élaboré la présente invention qui a été particulièrement

illustrée par référence au tableau de la page 8 de l'énoncé

et à la description annexée. Le conditionnement faisant

l'objet de la présente invention permet de doubler au moins

la période de stabilité au stockage des porteurs de

substance nutritive immergés par rapport aux

conditionnements habituellement utilisés à cette fin.

 

   La présente invention ne constitue donc pas seulement

la solution à un problème, mais elle reconnaît également ce

problème. Une foie que le problème est reconnu, la solution

peut être relativement simple, mais il faut d'abord

reconnaître le problème...

 

... Aucune des antériorités ne ressemble le moins du monde é

la présente invention, et aucune d'entre elles n'a trait au

problème reconnu ou ne reconnaît le problème, qui est alors

réglé par les présents inventeurs. Sans la divulgation du

demandeur, la lecture des cinq antériorités, seules ou

ensemble, n'amènerait pas à cerner le problème réglé par la

présente invention, ou ne mènerait pas à la structure

particulière qui permet de régler le problème. Les

antériorités mêmes ont trait à des secteurs distincts de la

technologie. Une antériorité porte sur une citerne servant

à transporter les liquides en vrac. Une autre est un

couvercle de carton à placer sur une bouteille de lait se

trouvant dans une cuvette d'eau afin de permettre le

refroidissement du lait. Et une autre est un contenant de

crème glacée. Ces diverses antériorités n'ont été mises

ensemble qu'en remontant dans le passé après une lecture de

la divulgation du demandeur...

 

La question dont est saisie la Commission consiste à savoir si les

revendications sont acceptables compte tenu des antériorités citées.

La revendication 1 se lit comme suit :

 

   Un conditionnement de stabilisation thermique destiné

aux produits contenant de l'eau qui sont sensibles à la

condensation et contenu, dans des tubes fermés constitués

d'un matériau isolant de type bande et d'un dispositif

métallique de recouvrement, du moins sur les surfaces

externes du conditionnement, adapté de façon à repousser les

rayonnements thermiques, lesdits matériau isolant et

matériau de revêtement métallique étant adaptés pour

protéger lesdits produits contenant de l'eau et sensibles à

la condensation contre les effets de la chaleur et pour

empêcher la formation de condensation dans lesdits produits

et leur déshydratation.

 

A l'audition, M. Murphy a insisté sur le fait que le bien-fondé de la

présente invention réside dans la découverte que l'isolant seul

employé de la façon habituelle ne suffit pas à permettre l'obtention

d'une stabilité au stockage ni à empêcher la condensation d'eau dans

le produit sensible. Il a indiqué que la présente invention vise les

conditionnements destinés à l'agar-agar qui est une substance

polysaccharide très hydrophile qui absorbe vingt fois son poids en eau

froide pour former une gelée. Conséquemment, il précise que le

conditionnement est destiné à empêcher les variations fréquentes ou

importantes de température. L'antériorité a été citée à la page 8 de

la divulgation, où figure un tableau indiquant les écarts de

température du contenant du demandeur et d'un contenant de carton

ordinaire.

 

Au cours de l'audition, il a été amplement question de l'antériorité

de Kauffeld. Ce brevet réfère à un conditionnement stable à la

température qui contient également une feuille de matériau isolant et

une surface extérieure munie d'un revêtement métallique

anti-rayonnement. Kauffeld énonce à la ligne 33 de la colonne 2 "la

valeur du revêtement extérieur muni d'une feuille d'aluminium est son

aptitude à réfléchir la chaleaur."

 

M. Murphy explique que la préoccupation de Kauffeld était de conserver

la crème glacée dans un congélateur, toutefois à la ligne 8 de la

colonne 2 du brevet, on peut lire "l'invention, après consultation,

tombe dans un groupe semi-rigide et vise, comme il a été déjà précisé,

un conditionnement en carton et bien que l'idée en cause est destinée

à protéger les aliments chauds, frois et congelés, il sera simplement

.......ci-après désigné comme contenant pour crème glacée. Nous

croyons qu'avec l'emballage de Kauffeld, il est question de la

condensation et de la réflexion de la chaleur radiante en vue de

maintenir le produit à une température constante, comme le fait le

contenant du demandeur.

 

En ce qui a trait au tableau dont il est question à la page 8 de la

divulgation, nous remarquons que la comparaison de température se

situe entre celle de l'emballage du demandeur par rapport à un

emballage "simplement fait de carton". Nous croyons que si un

emballage selon la méthode de Kauffeld était utilisé pour la

comparaison à la place de l'emballage de carton, les écarts de

température seraient équivalents étant donné la similitude de la

structure latérale laminée du demandeur et de celle de l'emballage de

Kauffeld.

 

Nous convenons que la reconnaissance d'un problème est apparentée à

l'indication d'une solution, qu'elle soit simple ou non, ou inventive

ou non. Dans le présent cas, nous ne sommes toutefois pas en mesure

de faire la distinction entre les problèmes devant lesquels s'est

trouvé Kauffeld et ceux devant lesquels s'est trouvé le demandeur.

Chacun a tenté de maintenir une température constante par une

résistance à la radiation et en utilisant une isolation thermique.

 

En réponse à la décision finale, le demandeur indique que les

revendications déposées aux Étate-Unis ont une plus vaste portée que

les revendications qui figurent dans sa demande. Par ailleurs, cinq

revendications figuraient dans la demande britannique correspondante.

Le demandeur indique que la "Grande-Bretagne et les États-Unis sont

des pays qui procèdent à des examens rigoureux et que les deux pays

recherchent des évidences." Nous sommes d'accord avec la remarque

faite par le demandeur, mais il doit être mentionné que le brevet

américain no 2,954,912 délivré à Kauffeld n'aurait peut-être pas été

fourni à titre d'antériorité par l'examinateur, aux États-Unis ou en

Grande-Bretagne.

 

Dans les arguments écrits qu'il a présentés le 8 août 1988, le

demandeur fait mention de la décision rendue par la Cour suprême dans

l'affaire Shell Oil Co. c. le commissaire des brevets, 67 CPR (2e) 1

en ce qui concerne la découverte d'une nouvelle utilisation pour un

composé ancien. Le demandeur prétend qu'il se trouve dans une

situation semblable, étant donné que son invention "peut être

considérée comme une nouvelle utilisation d'une couche ancienne".

 

Nous ne pouvons être d'accord avec ce point de vue, étant donné que

Kauffeld se préoccupait que son contenant maintienne des écarts de

température minimaux pour son contenu par rapport à la température du

milieu adjacent. C'est le champ d'utilisation qui intéresse le

demandeur. De toute façon, nous sommes convaincus que la solution

offerte par Kauffeld répond aux mêmes besoins que ceux devant

lesquels s'est plus tard trouvé le demandeur. A notre avis, le

demandeur n'a pas fait davantage que réinventer le carton isolé de

Kauffeld lorsqu'il s'est trouvé devant la même situation que celui-ci.

 

La revendication 1 précise un conditionnement de stabilisation à la

température qui comprend un matériau isolant de type bande et au moins

des surfaces munies d'un revêtement métallique destiné à repousser les

rayonnements thermiques. Kauffeld montre des éléments permettant de

remplir des fonctions semblables et la revendication 1 n'expose pas,

à notre avis, un progrès technique brevetable. Les particularités que

renferment les revendications dépendantes 2 é 18 n'ajoutent aucun

élément brevetable à la revendication 1 rejetée.

 

La méthode que présentent la revendication 19 et les revendications

dépendantes 20 et 21 ne comportent aucune différence par rapport à

l'antériorité citée de Kauffeld, et nous recommandons leur refus.

 

Les revendications 22 à 26 ont été ajoutées à la suite de la décision

finale. Ces revendications portent sur un conditionnement en forme de

boîte comprenant une feuille pliée d'un matériau isolant ayant la

forme d'un papier ondulé et une surface extérieure de ladite feuille

munie d'un revêtement métallique anti-rayonnement. Nous ne constatons

aucune nouveauté dans la construction de la boite par rapport à celle

de Husch. La combinaison des matériaux isolants et du revêtement

anti-rayonnement de Kauffeld avec la boite notoire ne présente aucune

particularité brevetable. Par conséquent, nous ne recommandons pas

l'acceptation des revendications 22 à 26.

 

En résumé, nous recommandons que l'élément de la décision finale

consistant à refuser les revendications 1 à 21 soit maintenu et que

l'acceptation des revendications 22 à 26 soit refusée.

 

M. G. Brown                               S.D. Kot

Président intérimaire               Membre

Commission d'appel des brevets

 

J'approuve les constatations et les recommandations de la Commission

d'appel des brevets. Par conséquent, je confirme le refus des

revendications 1 à 21 et je refuse l'acceptation des revendications 22

à 26. Aux termes de l'article 44 de la Loi sur les brevets, le

demandeur dispose d'un délai de six mois pour interjeter appel de ma

décision.

 

J.H.A. Gariépy

Commissaire des brevets

 

Fait A Hull (Québec)

Cc 21e jour de novembre 1988

 

Swabey, Mitchell, Houle, Marcoux et Sher

1001, boul. de Maisonneuve ouest

Montréal (Québec)

H3A 3C8

 

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