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      BUREAU CANADIEN DES BREVETS

 

     DÉCISION DU COMMISSAIRE AUX BREVETS

 

La demande de brevet 582,219 ayant été rejetée en vertu du

paragraphe 47(2) des Règles sur les brevets, le demandeur a

demandé que la décision finale de l'examinateur soit révisée. Le

rejet a donc été examiné par la Commission d'appel des brevets et

par le commissaire aux brevets. Les conclusions de la Commission

et la décision du commissaire sont ci-après énoncées :

 

Agent du demandeur

 

Fetherstonhaugh & Co.

B.P. 2999, succursale D

55, rue Metcalfe, bureau 900

Ottawa (Ontario)

K1P 5Y6

 

Cette décision se rapporte à la demande que le demandeur a

présentée en vue de faire réviser par le commissaire aux brevets

la décision finale de l'examinateur concernant la demande de

brevet 582,219, catégorie 154-143, déposée le 4 novembre 1988,

intitulée «Thermal Insulation Material as Insulating and Sealing

Layer for Roof Areas» et désignant Herbert Prignitz comme étant à

la fois l'inventeur et le demandeur. Le 28 octobre 1992,

l'examinateur responsable a rendu une décision finale par

laquelle il rejetait toutes les revendications, en se fondant sur

l'antériorité. Le demandeur a répondu le 28 avril 1993 en

invoquant ses arguments à l'appui des revendications rejetées et

a demandé que la décision finale soit révisée par le commissaire

aux brevets. Le demandeur a également laissé entendre qu'il

envisagerait la possibilité de modifier les revendications en

insérant l'une des caractéristiques des revendications 9, 10 ou

11 dans la revendication 1; à la demande de la Commission, un

ensemble modifié de revendications 1 à 20, dans lequel la

caractéristique de la revendication 10 était insérée dans la

revendication 1, a été soumis le 30 novembre 1993.

 

L'invention se rapporte à un isolant thermique servant de couche

isolante et d'étanchéité pour les couvertures, qui permet de

recouvrir des surfaces de plusieurs mètres carrés à la fois tout

en évitant les problèmes de gondolement, de cloquage et de rides

associés aux solutions de l'état antérieur de la technique.

L'invention est illustrée par les figures 1 et 2 qui sont ci-

dessous reproduites :

 

<IMGS>

 

La figure 1 est une vue en coupe du dessous de l'isolant

thermique conforme à l'invention; la figure 2 est une coupe

verticale du même matériau prise le long de la ligne II-II de la

figure 1. L'isolant généralement identifié par le numéro 10 à 1a

figure 1 comprend une feuille de papier métallique 130, qui sert

de couche d'étanchéité, et est liée à une bande d'isolant

thermique 120 qui sert d'isolant. La feuille 130 est pourvue de

bords en saillie constituant. les sections de chevauchement 31 et

32 disposées sur les bords longitudinaux et transversaux pour

assurer l'étanchéité avec les panneaux voisins. Le matériau

isolant 120 choisi est généralement un polymère comme du

polyuréthanne ou du polystyrène, mais peut aussi être fait de

bandes de fibre de verre ou de laine minérale. Les panneaux

isolants sont également pourvus de dispositifs permettant

d'évacuer toute humidité pouvant s'être accumulée entre les

panneaux isolants et la surface de toit à recouvrir. Ces

dispositifs servant à évacuer l'humidité sont des proéminences

plates qui sont formées sur le matériau isolant 120 sur la face

opposée à la couche d'étanchéité 130.

 

Dans sa décision finale, l'Examinateur a rejeté toutes les

revendications, compte tenu du brevet américain n o 3,455,076

délivré le 15 juillet 1969 à Clarvoe, pour le motif que l'objet

visé par les revendications ne constituait pas un apport inventif

relativement à la référence citée. La revendication 1 rejetée

dont dépendaient les autres revendications est ainsi libellée .

 

1 Un article isolant pouvant être placé entre une surface à

recouvrir et un milieu extérieur, ledit article étant composé des

éléments suivants :

une couche de matériau d'étanchéité ayant une aire donnée

définie par des bords longitudinaux et transversaux;

un matériau isolant dont une première face est orientée vers

ladite couche de matériau d'étanchéité et dont la seconde face est

orientée en sens opposé; ledit matériau isolant est dimensionné et

positionné sur ladite couche de matériau d'étanchéité de façon que

des portions de cette dernière restent apparentes et constituent

au moins deux sections de chevauchement, et

des dispositifs aménagés sur ladite seconde face du matériau

isolant de manière à former des canaux de diffusion afin d'évacuer

l'humidité pouvant s'accumuler entre ladite seconde face et la

surface à recouvrir.

 

Le brevet Clarvoe se rapporte à des membranes de couverture

constituées d'une pellicule extérieure de protection contre les

intempéries et d'une couche spongieuse, résiliente et stratifiée

qui assure une protection contre la défaillance de la membrane de

couverture grâce à sa capacité d'absorber les contraintes

produites par les mouvements de la structure. L'endos spongieux

et résilient peut être nervuré pour augmenter sa capacité de

résister aux contraintes et pour permettre la sortie de la vapeur

d'eau emprisonnée sous le matériau. Un tissu de renfort peut

également être prévu entre la pellicule de protection contre les

intempéries et la couche spongieuse. L'invention est illustrée

par les figures 1 à 7 qui sont reproduites ci-dessous :

 

<IMGS>

<IMGS>

 

Aux figures 1 et 2, le matériau de couverture est généralement

indiqué par le nombre 10 et est constitué d'une pellicule 12

collée au matériau résilient, récupérable et compressible 14. La

pellicule ou couche 12 n'est limitée à aucun matériau

particulier, mais est de nature élastique et très durable, est

imperméable à l'eau et capable de résister aux rigueurs des

intempéries; les matériaux appropriés pouvant être, par exemple,

du polyisobutylène, du caoutchouc butylique ou du néoprène. Le

matériau choisi pour la couche 14 doit pouvoir être déformé

beaucoup plus que la pellicule 12; les matériaux appropriés

étant, par exemple, le caoutchouc-mousse, la mousse éponge de

polyuréthanne et la mousse éponge de polystyrène. Les épaisseurs

de la pellicule et de la couche sous-jacente sont, de préférence,

de 20 à 80 mils pour la pellicule 12 et de 1/16 à 1/4 pouce pour

la couche spongieuse 14 de façon que le matériau puisse demeurer

léger et assez flexible pour être emballé sous forme de rouleaux.

Pour conférer au stratifié plus de corps et pour empêcher que la

pellicule 12 soit affectée par la colle utilisée pour fixer le

stratifié au platelage de toit, une troisième couche de matériau

(numéro 34 de la figure 6) peut être intercalée entre la

pellicule et la couche spongieuse. Cette troisième couche peut

être un matériau feutré fait de fibres organiques ou inorganiques

comme les fibres cellulosiques, de laine minérale, d'amiante ou

de verre.

 

Pour permettre l'évacuation de la vapeur d'eau et de l'air qui

pourraient être emprisonnés entre le platelage de toit et la

membrane de couverture, la couche spongieuse 14 peut être pourvue

d'une multitude de rainures entrecroisées (numéros 20 et 22 des

figures 5 et 7). Le résultat obtenu est un matériau de

couverture qui est flexible, imperméable, facile à mettre en

place et offre une certaine valeur isolante.

 

       Dans sa décision finale, l'examinateur a rejeté les

       revendications pour le motif' que la référence Clarvoe indiquait

       toutes les caractéristiques de l'invention du demandeur, à savoir

       une membrane de couverture qui est facile à mettre en place,

       imperméable, et a une valeur isolante. Voici ce qui est déclaré

       dans la décision finale :

 

       [TRADUCTION]

       «Dans sa réponse du 10 septembre 1992, le demandeur fait valoir ses

       arguments à l'encontre du rejet des présentes revendications, compte

       tenu de la référence citée. Il affirme fondamentalement que le (brevet)

       Clarvoe ne prévoit pas à la fois l'isolation et l'étanchéité. Le

       demandeur étaye cette prémisse en faisant savoir : 1) que les épaisseurs

       indiquées dans ces enseignements spécifiques du brevet Clarvoe ne

       permettraient pas d'obtenir des caractéristiques d'isolation et

       d'étanchéité; et 2) qu'il n'existait aucun matériau approprié pouvant

       offrir ces caractéristiques au moment où le brevet Clarvoe a été rédigé.

 

       Ces arguments ne permettent pas d'annuler le rejet. Clarvoe révèle que

       «Les dimensions de la pellicule et de la couche sous-jacente peuvent

       varier en fonction des caractéristiques désirées du stratifié et selon

       les capacités de fabrication disponibles.» (lignes 50 à 53 de la colonne

       2)

 

       Clarvoe révèle également que «Grâce à cette disposition, la pellicule

       présente une surface durable et résistante aux intempéries et la couche

       spongieuse fournit une isolations (lignes 65 à 67 de la colonne 2).

 

       Par conséquent, Clarvoe révèle, de toute évidence, une construction qui

       étanche et isole. En outre, il donne des exemples de matériaux pouvant

       être utilisés pour chaque couche. Nous renvoyons le demandeur aux

       lignes 33 à 40 de la colonne 2. Les mousses de polyuréthanne et de

       polyéthylène font partie de ces exemples.

 

       Par conséquent, les revendications 1 à 23 sont rejetées parce que leur

       objet ne constitue pas un apport inventif, compte tenu du brevet G.W.

       Clarvoe, puisque la différence par rapport à celui-ci est considérée

       comme évidente pour la personne ordinaire versée dans l'art dont relève

       l'invention alléguée.»

 

       Dans sa réponse à la décision finale, le demandeur a fait savoir

       que les revendications portaient sur un article d'isolation

       thermique, alors que l'invention de Clarvoe ne se rapportait pas

       à un isolant thermique au sens où l'entendrait de nos jours la

       personne versée dans l'art. Ainsi, le demandeur affirme que :

 

            «Les revendications portent sur un «article d'isolations».

       Il ressort clairement de la divulgation, par exemple, de la

       première phrase, que l'isolant dont il est question est un isolant

       thermique. Dans le domaine de la construction, il faut satisfaire

       à certaines normes bien définies. Il y a des règlements qui

       régissent l'isolation thermique minimale. Dans cette industrie,

       on considère normalement que l'isolation thermique commence à

       partir d'une épaisseur de 40 millimètres.».....

 

......

 

            «L'examinateur a rejeté les revendications en se fondant sur la

       seule référence du brevet américain no 3,455,076 (Clarvoe). Cette

       référence ne se rapporte pas à l'isolant thermique au sens où

       l'entendrait de nos jours la personne versée dans l'art. Ce brevet se

       rapporte à des matériaux de couverture, mais il est clair qu'il cherche

       à décrire un matériau capable de résister aux mouvements du platelage de

       toit. La référence exige "une couche de matériau fortement compressible

       et résilient/spongieux pouvant être déformée beaucoup plus que la

       pellicule", cette pellicule étant la couche extérieure résistante aux

       intempéries du matériau de couverture. Ce "matériau fortement

       compressible et résilient/spongieux" est essentiel aux enseignements de

       Clarvoe. Il arrive que cette couche spongieuse assure aussi une

       isolation. Toutefois, le demandeur soutient qu'aucune personne versée

 

       dans l'art, en consultant le brevet Clarvoe, ne croirait que cette

       isolation soit une isolation thermique appropriée selon les normes

       actuelles dans l'industrie de la construction. De fait, à la

       ligne 54 de la colonne 2, Clarvoe dit que la soi-disant couche

       isolante a de préférence de 1/16 à 1/4 pouce, ce qui représente

       une plage d'épaisseurs de 1.5 à 6 millimètres. Telle est la plage

       d'épaisseurs que la couche a de préférence, selon Clarvoe. Toute

       personne versée dans l'art considérerait qu'une couche de 1.5 à 6

       mm est totalement inadéquate pour constituer une isolation

       thermique.".....

 

.....

 

       ..... En outre, les présentes revendications exigent "des dispositifs

       aménagés sur ladite seconde face du matériau isolant de manière à former

       des canaux de diffusion afin d'évacuer l'humidité pouvant s'accumuler

       entre ladite seconde face et la surface à recouvrir." Les saillies 21

       de la figure 2, qui illustre l'une des réalisations préférées de

       l'invention, sont des exemples de ces dispositifs. Bien que Clarvoe

       montre un dispositif pour permettre l'évacuation de la vapeur d'eau et

       de l'air qui pourraient être emprisonnés entre le platelage de toit et

       la couverture, ces dispositifs sont clairement des canaux ou des

       rainures entre les bandes voisines de matériau spongieux ou résilient.

       Ces canaux ne peuvent pas être considérés comme des dispositifs sur la

       seconde face, comme l'exigent les revendications du demandeur. Il n'y a

       rien dans le brevet Clarvoe qui pourrait être considéré comme "des

       dispositifs aménagés sur ledit matériau isolant, comme l'exige la

       revendication des demandeurs.»

 

       La Commission souscrit à l'avis du demandeur, à savoir que son

       matériau isolant est manifestement distinct de celui qui est

       mentionné dans la référence Clarvoe mais, comme l'examinateur,

       elle estime néanmoins que la revendication 1 qui a été rejetée

       n'indique pas cette distinction d'une façon suffisamment claire.

       La Commission estime donc que le matériau de Clarvoe serait en

       pratique peu utile aux fins de l'isolation thermique, puisque les

       matériaux en mousse utilisés comme éléments des panneaux de

       couverture n'ont généralement pas une forte valeur isolante, et

       qu'ils seraient de toute façon trop minces pour être efficaces,

       sans compter que leur valeur isolante serait encore réduite par

       la présence de fentes découpées sur toute leur épaisseur ou sur

       une partie de celle-ci. Toutefois, la déclaration figurant dans

       la revendication 1, à savoir que l'article d'isolation du

       demandeur comporte "des dispositifs aménagés sur ladite seconde

       face du matériau isolant de manière à former des canaux de

       diffusion afin d'évacuer l'humidité pouvant s'accumuler entre

       ladite seconde face et la surface à recouvrir" n'établit pas, de

       l'avis de la Commission, une distinction manifeste entre

       l'invention du demandeur et celle de Clarvoe en ce sens que les

       dispositifs décrits dans le brevet Clarvoe, c.-à-d. les fentes

       découpées dans la couche spongieuse, peuvent également, à

       strictement parler, être considérés comme étant sur le matériau

       isolant.

 

       Toutefois, la Commission estime que la revendication 1 modifiée,

       qui est ainsi libellée :

 

            Un article isolant pouvant être placé entre une surface à

       recouvrir et un milieu extérieur, ledit article étant composé des

       éléments suivants :

 

            une couche de matériau d'étandhéité ayant une aire donnée

       définie par des bords longitudinaux et transversaux;

            un matériau isolant dont une première face est orientée vers

       ladite couche de matériau d'étanchéité et dont la seconde face est

       orientée en sens opposé; ledit matériau isolant est dimensionné et

       positionné sur ladite couche de matériau d'étanchéité de façon que

       des portions de cette dernière restent apparentes et constituent

       au moins deux sections de chevauchement; et

            des dispositifs aménagés sur ladite seconde face du matériau

       isolant de manière à former des canaux de diffusion afin d'évacuer

       l'humidité pouvant s'accumuler entre ladite seconde face et la

       surface à recouvrir, lesdits dispositifs incluant une multitude de

       saillies disposées régulièrement sur ladite face opposée à la

       couche de matériau d'étanchéité."

établit l'existence d'une distinction manifeste entre le matériau

isolant du demandeur et celui de Clarvoe en ce sens qu'elle

montre clairement que les canaux dans le matériau isolant sont

formés par des saillies sur ce matériau au lieu d'être découpés

dans le matériau. La Commission recommande donc que les

revendications 1 à 23 soient remplacées par les nouvelles

revendications 1 à 20 et que la demande soit renvoyée à

l'examinateur pour qu'il la poursuive conformément à la

recommandation qu'elle a faite.

 

P.J. Davies                         M. Howarth

Président intérimaire               Membre

Commission d'appel des brevets      Commission d'appel des brevets

 

Je souscris à la recommandation de la Commission d'appel des

brevets. J'estime donc que les revendications 1 à 23 devraient

être remplacées par les nouvelles revendications 1 à 20 et que la

demande devrait être renvoyée à l'examinateur pour qu'il la

poursuive conformément à la recommandation qui a été faite.

 

M. Leesti

Commissaire aux brevets

 

Fait à Hull (Québec)

ce 21e jour de janvier 1994

 

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