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                      DECISION DU COMMISSAIRE

 

Brevetabilité: Le demandeur a soumi des preuves appuyant les résultats

de l'appareil. Vu l'absence de preuve établissant que le fonctionnement

de l'appareil est contraire aux lois du magnétisme ou de la physique

moderne, il manque les motifs suffisants pour refuser la demande. Le

rejet de la demande est retiré.

 

La présente décision vise la demande de révision par le Commissaire des

brevets de la décision finale rendue dans le cas de la demande n o 345,767

(classe 326-4). La demande déposée le 15 février 1980 s'intitule PROCÉDÉ

ET APPAREIL POUR LE TRAITEMENT MAGNÉTIQUE D'ORGANISMES VIVANTS. Le Dr.

Nogier en est l'inventeur. L'examinateur chargé de l'étude de la demande

l'a rejetée le 8 octobre 1982.

 

M.R. Hicks, agent de brevets, a demandé que l'on devance la date de

l'audition afin de permettre au Dr. Nogier, de France, qui était au

Canada par affaires, de témoigner. Nous avons aussi accédé à la

requête de M. Hicks afin que l'audition soit faite en langue anglaise.

Toutefois, M. Hicks a été prévenu que la décision du Commissaire serait

rendue en français, langue dans laquelle la demande de brevet a été

présentée. Le 27 juin 1983, le Dr. Nogier a expliqué les raisons pour

lesquelles il croyait que sa demande de brevet était acceptable. En

outre, le Dr. Proulx est venu témoigner en faveur du Dr. Nogier.

 

Dans sa décision finale, l'examinateur a rejeté la demande parce qu'à son

avis, l'invention est basée sur des hypothèses contraires aux lois établies

de la physique. Dans sa décision finale, il a dit (partiellement):

 

... qu'il n'est pas vraiment nécessaire de comprendre le

fonctionnement d'un nouvel appareil pour obtenir un brevet,

le demandeur doit toutefois convaincre le Bureau des brevets

que son invention (sic) peut fonctionner tel que prévu,

c'est-à-dire, que son invention est basée sur des lois

solides des sciences, de la physique et du génie. ...

 

Dans la présente demande, l'inventeur présume que le flux

sortant du pôle gauche de l'appareil, illustré à la figure

4, traverse le verre polaroide 9 qu'il suit... le câble

blindé C jusqu'au patient. Ce comportement anormal du

flux magnétique, le demandeur l'attribue à une "modification"

du flux par le verre 9. Toutefois, une telle modification

est tout à fait incroyable et inacceptable à un homme du

métier ou à un scientifique d'aujourd'hui. ...

 

En exposant les motifs pour lesquels il juge sa demande brevetable, le

demandeur a répondu (partiellement) comme suit:

 

...While it is not possible to explain the effects achieved

in terms of the laws of physics, it is quite indisputable

that there is a difference between a magnetic flux which

has passed through a screen such as a polaroid screen and

an ordinary magnetic flux. This has been demonstrated in

experiments effected on mice and on organic dyes. Appended

hereto as exibit A is a report by Dr. Henry Guyot, subscri-

bed to before the British Vice-Consul at Lyon which shows

that if three samples of dye, in this case Hydranga Blue,

are submitted to a light beam of given wavelength, the

sample which has been submitted to the polarized or reti-

culated flux undoubtedly differs from the other two samples,

one of which has not been treated by magnetic flux and the

other of which has been submitted to a simple magnetic flux.

 

                  ...

 

Applicant has claimed an apparatus for "polarizing" magnetic

fluxes, which polarized flux has a therapeutic effect when

used for the treatment of living creatures. The apparatus

comprises a combination of readily available components and

can hardly be described as contrary to the laws of physics. ...

 

                  ...

 

L'invention porte sur un appareil d'émission de flux magnétique comprenant d'une

part, un générateur de flux magnétique G et, d'autre part, un dispositif non-

magnétique à structure cristalline orientée 9, par exemple, un verre polaroid.

Le générateur comprend un noyau de fer doux 1 sur lequel est monté un bobinage

2 pour produire un flux magnétique. Le flux sort de l'extrémité gauche du

générateur et traverse le verre polaroid. Selon le demandeur, lorsque le

flux emerge du verre polaroid, on obtient un flux modifié qui est utilisé pour

réduire la douleur chez les organismes vivants. La figure 4 donne la disposi-

tion de ces éléments.

 

                                  <IMG>

 

Il incombe donc à la Commission de décider si la demande marque un progrès tech-

nique brevetable. La revendication 1 se lit comme suit:

 

Appareil pour l'obtention d'un flux magnétique continu,

pulsatoire ou alternatif modifié, propre à être utilisé

pour le traitement d'organismes vivants ou de produits

biologiques provenant de ceux-ci, caractérisé en ce

qu'il comprend en combinaison:

 

- une source de flux magnétique;

- et un moins un dispositif non-magnétique à structure

cristalline orientée interposé entre la source et

l'organisme ou produit à traiter.

 

Au cours de l'audition, M. Hicks a souligné que l'efficacité de l'invention

est attribuable à une polarisation ou à une modification de la force d`un

aimant au moyen d'une pellicule polarisante placée entre la source du flux

magnétique et le corps à traiter. Il a soutenu que c'est la force magnétique

polarisée, réticulée ou modifiée qui donne les nouveaux résultats.

 

M. Hicks a aussi présenté les documents, A à E. Il dit qu'ils décrivent des

expériences faites avec l'appareil du demandeur et font état de son utilité.

Il dit que les documents A, B et C sont des déclarations par des médecins

connus, exposant en lignes générales des résultats satisfaisants qu'ils ont

obtenus en utilisant l'appareil du Dr. Nogier. Les documents D et E sont

deux lettres adressées au Dr. Nogier.

 

Examinons d'abord les documents A, B et C, qui portent les noms et les

adresses des médecins, le Dr. Degraix, le Dr. Haubursin et le Dr. Dahour,

respectivement. Nous remarquons que les documents ne portent aucune notation

pour les identifier comme déclarations. Nous voyons cependant qu'ils

décrivent en bref des profils de cas, par exemple, quelques patients en

particulier et, le lieu et le type d'appareil utilisé dans leur traitement.

Les profils citent que les traitements ont soulagé la douleur des patients.

Le document A inclut aussi une page d'introduction intitulée OBSERVATIONS

"A PROPOS DU POLARTRON". Sur cette page, il y a une explication que

l'application de l'énergie magnétique polarisée à la thérapeutique au

moyen d'un polartron a toujours eu un effet satisfaisant sur toutes les

formes de douleurs. Nous notons dans le document C un profil bref dans lequel

le médecin dit qu'il a traité quelques patients sans résultats appréciables

sur la douleur.

 

Nous examinons ensuite les documents D et C. Le document D est une lettre

de M. Borxeix, le Directeur des Recherches, SIR Internationale. Il dit

que trois lapins avaient reçu le traitement d'abord en utilisant un

champ magnétique seul et ensuite en se servant de ce même champ auquel

sont adjoints des polaroids. Il rapporte que les variations que son dépar-

terrent a pu enregistrer sur les potentiels évoqués corticaux d'origine somes-

thésique, chez le lapin vigile, ont été réalisées à l'aide d'un système nommé

polartron. Il dit, en résumé, que les variations vont dans le sens d'une

augmentation en présence d'un champ magnétique associé à des polaroids et, à

l'inverse, en présence d'un champ magnétique seul.

 

Dans sa lettre (le document E) le Dr. Navach, chirurgien orthopédiste de

Californie, fait allusion à la demande de brevet du Dr. Nogier. Il dit

que celle-ci traite du système de l'énergie réticulaire pour faire le

traitement. Il dit aussi qu'il a utilisé un appareil électromagnétique

pour faire un étude des effets thérapeutiques sur des coyotes rabiques.

L'appareil est muni de bobines élcectromagnétiques devant lesquels sont

placées des feuilles de films polaroids. A son avis, l'appareil a produit

un effet sédatif sur les animaux pendant quelques heures. Il ajoute

cependant que ceux-ci affligés de la rage, ont seulement vécu pendant quel-

ques jours. Après leur décès, il a continué ses expériences en plaçant

un récepteur de radio dans le crâne des animaux et un appareil électroma-

gnétique d'un champ réticulaire situé à l'extérieur du crâne à proximité

du récepteur de radio. Il rapporte que le récepteur a détecté un signal.

Il rapporte aussi qu'un test utilisant un appareil à bobines électroma-

gnétiques sans filtre polaroid n'a détecté aucun signal.

 

A l'audition, le Dr. Nogier a dit que, d'après les tests faits sur des

lapins, l'usage de l'énergie polarisée a donné des résultats posi~ifs.

Il a ajouté que l'institut de Recherches à Lyon a fait des enregistrements

qui ont été étudiés par des spécialistes. Il a dit aussi qu'on a pu, par

méthode de statistiques, prouver qu'il y avait un flux modifié, même si

l'on n'a pas toujours le cent pourcent des résultats. En résumé, il a

déclaré que les tests et les observations démontrent que son appareil

présente certains avantages.

 

Pour sa part, le Dr. Proulx a expliqué avoir observé que lorsqu'un élément

polarisant est placé devant un champ magnétique, le champ émergeant de

l'élément est modifié pour produire, à son avis, une polarisation linéaire

plutôt concentrée. Il a ajouté que l'un des problèmes pour expliquer

clairement la forme d'énergie produite par l'appareil du demandeur est le

fait que la physique moderne ne possède pas encore de moyen pour mesurer

cette force.

 

Dans sa décision, l'examinateur a dit qu'un tel flux modifié ne pouvait

pas exister en réalité. Nous remarquons, cependant, qu'il n'a présenté

aucune référence documentaire ni aucune antériorité sur lesquelles il pouvait

appuyer ses allégations ou établir que la description et la performance

de l'appareil faite par le demandeur est contraire aux lois établies du

magnétisme et de la physique. Par contre, l'inventeur a présenté des

documents selon lesquels d'autres personnes, notamment les Dr. Navach et

M. Borxeix ont utilisé son appareil et son champ polarisé ou modifié et

ont constaté de bons résultats. De plus, le Dr. Proulx a dit avoir obtenu

de bons résultats dans ses expériences avec l'appareil du Dr. Nogier.

Nous remarquons aussi la déclaration d'Henri Guyot, biologiste, soumise

en réponse à la décision finale. Il dit qu'il a reçu trois échantillons

pour étude de l'application des méthodes chromatographiques. Il dit que

le Dr. Nogier a préparé les échantillons. Le premier a subi l'action de

l'appareil du Dr. Nogier, le deuxième a subi l'action d'un champ magnétique

simple et le troisième n'a subi aucun traitement. M. Guyot dit qu'il a

déterminé les censités optiques des trois échantillons sur le même appareil,

c'est-à-dire un spectrophotomètre, aux longueurs d'onde de 610 et de 615

nanomètres. Il a observé que l'échantillon qui a subi l'action de l'appareil

du Dr. Nogier a une densité optique différente des autres.

 

Compte tenu des preuves appuyant les résultats de l'appareil du Dr. Nogier

et vu l'absence d'antériorités ou de preuve établissant que le fonction-

nement de l'appareil est contraire aux lois du magnétisme ou de la physique

moderne, nous ne pensons pas avoir de motifs pour refuser la demande. Nous

ne pouvons donc pas appuyer le rejet par l'examinateur.

 

Au cours de l'audition, les revendications ont fait l'objet d'une brève

discussion et leurs défauts ont été notés par la Commission et par l'agent.

Bien que la demande ne doive pas être refusée pour les motifs invoqués

dans la décision finale, les revendications sont inacceptables dans leur

forme actuelle.

 

Nous recommandons que le rejet de la demande soit retiré et que la demande

soit renvoyée à l'examinateur afin qu'il requière des revendications

acceptables.

 

A. McDonough            M.G. Brown                   S.D. Kot

 

Président               Président adjoint            Membre

Commission d'appel des

brevets

J'accepte les conclusions et la recommendation de la Commission d'appel

des brevets et, par conséquent, je retire la décision finale et je renvois

la demande à l'examinateur pour réexamen.

 

J.H.A. Gariépy

Commissaire des brevets

 

Fait à Hull (Québec)

le 30e jour du mois d'avril 1984

 

Agent du demandeur

 

Johnson et Hicks

251, Av. Laurier

Ottawa, K1P 5J6

 

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