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                  DECISION DU COMMISSAIRE

 

REDELIVRANCE, EVIDENCE: JEU VIDEO

 

On demande la redélivrance du brevet original visant des jeux vidéo. Une antériorité

pertinente (Spiegel) a été citée au cours des négociations internationales sur les

licences. Des revendications modifiées mettant en évidence le principe de la détec-

tion et la caractéristique selon laquelle deux pixels convergent ont été présentées

après l'audience.

 

Décision finale: les revendications modifiées sont acceptées.

 

                  ****************

 

La présente décision porte sur une demande présentée au commissaire des brevets et

visant le révision de la décision finale rendue par l'examinateur le 2 mai 1980 à

l'égard de la demande de redélivrance n o 286,872 intitulée: APPAREIL ET METHODE

RELATIFS A DES JEUX VIDEO. Le demandeur, Sanders Associates, Inc., des Etats-Unis

était représenté par M. Alex Macklin, C.R. et M. Szczepaniak, tous deux agents de

brevets canadiens. L'inventeur, Ralph H. Baer, ainsi que MM. Richard Seligman et

James Williams, avocats en brevets des Etats-Unis, étaient également présents;

Peter L. Mothersole a servi de témoin expert.

 

La figure 1 ci-dessous illustre la présente invention qui porte sur l'utilisation de

téléviseurs conventionnels, monochromes et en couleurs, pour produire, manipuler

et afficher des symboles ou des figures géométriques (20 1 et 20 2) destinés à des

jeux auxquels participent un ou plusieurs joueurs. Ces fonctions sont éxécutées

au moyen d'un dispositif de commande électronique (14) qui produit une fréquence

porteuse modulée réglée sur un canal du récepteur, lui-même raccordé au dispositif

de commande par l'entremise des bornes de l'antenne. Le dispositif de commande

comprend habituellement plusieurs boutons de commande (16,17) qui modifient l'affi-

chage et permettent de jouer à de nombreux jeux. De plus, on peut fixer temporai-

rement à l'écran du téléviseur des masques transparents qui contribuent à déterminer

le genre de jeu auquel on peut jouer. On envisage également la possibilité d'utiliser

simultanément l'invention et la télévision commerciale, la télévision par câble ou

la télévision en circuit fermé grâce auxquelles paraîtraient sur l'écran un fond

ainsi que d'autres données synoptiques. Dans ce dernier cas, le dispositif de

commande et l'antenne seraient raccordés aux bornes du téléviseur. La conversion

d'un téléviseur domestique, un appareil dont on se sert habituellement d'une

manière plutôt passive, en un instrument offrant d'autres possibilités grâce à

l'utilisation d'un dispositif électronique que l`on peut se procurer facilement et

à peu de frais, constitue l'aspect de l'invention dont la portée est la plus étendue.

                        <IMG>

 

Dans sa décision finale l'examinateur a rejeté un grand nombre des revendications

parce qu'elles étaient évidentes ou parce qu'on en avait déjà traité dans les

antériorités suivantes:

 

...

 

Brevet canadien

 

691,432           28 juillet 1964   Classe 350-48          Spiegel

(Etats-Unis 3,135,815; 2 juin 1964, brevet correspondant)

 

Publications

 

1) Electronic and Radio Engineering; Fourth Edition; McGraw-Hill -

1955 - page 659 - Terman

 

2) Electronics and Nucleonics Dictionary; Third Edition; McGraw-Hill -

1966 - pages 357, 358 - Markus

 

Antériorité supplémentaire pertinente

 

Brevet américain

 

2,455,992   14 décembre 1948 Classe 315-26        Goldsmith fils et al

 

...

 

L'examinateur renvoie à l'antérioritê citée de la manière suivante:

 

...

 

(TRADUCTION) Le brevet Spiegel divulgue un appareil servant de source

pouvant s'utiliser conjointement avec un téléviseur conventionnel et qui

produit sur l'écran ou le tube à rayons cathodiques de ce téléviseur

des pixels représentant une cible et un missile. L'examinateur est d'avis

que l'on peut qualifier l'appareil de Spiegel de jeu vidéo.

 

       On cite l'ouvrage de Terman pour démontrer que les circuits

       qui font converger deux pixels sont bien connus.

 

       On cite l'ouvrage de Markus pour démontrer que les crayons

       lumineux et les photostyles sont bien connus.

 

       On a cité le brevet Goldsmith fils et al pour démontrer

       qu'un jeu vidéo muni d'un tube à rayons cathodiques (ou un

       jeu vidéo servant à divertir) a déjà été divulgué il y a

       quelque trente ans et qu'il est bien connu depuis. Nous

       reconnaissons qu'à cette époque on utilisait un téléviseur

       spécial réservé à ce genre de jeux et non un téléviseur

       conventionnel.

 

       Le rejet des revendications 1 à 13, 24 à 31, 40, 41, 43 et

       47 à 72 est maintenu fautes d'une définition qui pourrait

       conférer à la présente demande un caractère brevetable par

       rapport au brevet Spiegel cité.

 

       Les revendications 1 à 12, 24, 26 à 31, 40, 41, 43 et 47

       à 72 sont évidentes compte tenu du brevet Spiegel; c'est-

       à-dire que ces revendications peuvent contenir une ou

       plusieurs caractéristiques qu'on ne retrouve pas dans le

       brevet Spiegel, mais qui, aux yeux d'un spécialiste en

       électronique, et plus particulièrement du domaine de la

       télévision, sont évidentes.

 

       Les revendications 13 à 25 sont déjà abordées dans le brevet

       Spiegel.

 

       Les nouvelles revendications 73 à 87 sont rejetées parce

       qu'elles sont évidentes en égard au brevet Spiegel.

 

       ~inateur s'oppose également aux revendications 1 à 3, 40 et 47 à

       87 en vertu de l'article 25 du Règlement régissant les brevets en ce

       qui a trait au "couplage sélectif" que la divulgation n'étaye pas

       pleinement. Il s'y oppose (notamment) en ces termes:

 

...

 

       (TRADUCTION) L'examinateur soutient que l'élément de sortie

       de l'appareil décrit dans le brevet Spiegel serait raccordé,

       directement ou par l'entremise d'un interrupteur, aux bornes

       de l'antenne d'un téléviseur conventionnel. Cette hypothèse

       découle tout naturellement de l'étude du brevet mentionné.

 

       De plus, contrairement au brevet Spiegel, on ne fait aucune-

       ment preuve dans le cas présent d'ingéniosité inventive en

       raccordant d'une manière sélective le dispositif de commande

       du jeu vidéo ou une source de signal de télévision convention-

       nelle aux bornes de l'antenne du téléviseur conventionnel.

       Le demandeur envisage même d'inclure dans la portée de ce

       dispositif de "couplage sélectif" le débranchement manuel

       du fil de l'antenne des bornes de l'antenne du téléviseur

       et le raccordement du fil de l'élément de sortie du dispo-

       tif de commande du jeu vidéo aux bornes de l'antenne du

       téléviseur lorsque l'on veut utiliser le jeu vidéo, ou le con-

       traire lorsque l'on veut se servir du téléviseur conventionnel.

 

       Or, tout cela est évident en soi. On s'imagine difficilement

       que l'acheteur d'un jeu vidéo ne sache pas qu'il doive raccor-

       der le fil de sortie du dispositif de commande du jeu vidéo

       aux bornes de l'antenne de son téléviseur pour pouvoir utiliser

       le jeu, et raccorder le fil de l'antenne de télévision (ou

       celui de toute autre source de signal de télévision convention-

       nelle) aux bornes de l'antenne de son téléviseur pour pouvoir

       regarder la télévision.

 

       Le demandeur affirme dans sa lettre du 17 mai 1979 que le cou-

       plage sélectif le plus simple est le raccordement au dispositif

       de commande dans le cas où l'on veut utiliser les jeux, ou le

       raccordement à l'antenne lorsqu'il s'agit de regarder les

       émissions télédiffusées. Or, l'examinateur refuse d'admettre

       que ce genre de raccordement contribue à étayer adéquatement

       la restriction que comporte le "couplage sélectif". Etant

       donné que toutes les revendications rejetées sont des reven-

       dications d'appareil étudiées, le demandeur doit divulguer une

       pièce particulière de l'appareil faisant état de ce couplage

       sélectif, ce qu'il n'a pas fait.

 

       Le fil de sortie du dispositif de commande du jeu vidéo cons-

       titue la seule pièce de l'appareil qui soit propre à la res-

       triction relative au "couplage sélectif" que le demandeur ait

       divulguée. On doit se rappeler que le fil relié à l'antenne

       de télévision de l'utilisateur appartient déjà à ce dernier.

 

       Le simple fait de mentionner dans la divulgation que l'acheteur

       d'un jeu vidéo peut regarder sur son téléviseur les émissions

       télédiffusées en plus d'utiliser le téléviseur pour se divertir

       grâce aux jeux vidéo n'étaye ni suffisamment, ni adéquatement

       la restriction relative au "couplage sélectif" définie dans

       les revendications rejetées.

 

       ...

 

       L'examinateur a également rejeté les nouvelles revendications 73 à 87 en

       vertu de l'article 81 du Règlement.

 

...

 

       (TRADUCTION) Tout d'abord, ces revendications sont rejetées du

       fait que la pétition visant la redélivrance ne mentionne rien

       relativement à ces nouvelles revendications 73 à 87, comme

       l'exige l'article 81 du Règlement régissant les brevets. L'article

       81 stipule: "Une pétition pour le redélivrance d'un brevet

       doit énoncer pleinement en quoi, de l'avis du demandeur, le

       brevet est imparfait ou inefficace, comment l'erreur s'est pro-

       duite, dans la mesure où il est possible de l'établir, et le

       temps où et la façon dont le pétitionnaire a appris tout nou-

       veau fait déclaré dans la divulgation révisée ou à la lumière

       duquel de nouvelles revendications dont on demande l'admission ont

       été formulées". (Nous soulignons). De plus, aucune modification

       apportée à la pétition ne pourrait renverser cette objection.

 

...

 

       Dans sa réponse du 28 octobre 1980, le demandeur apporte de nombreuses

       modifications aux revendications qui seront étudiées en même temps que

       les autres revendications déposées. Le demandeur a présenté aussi un

       mémoire et a déclaré (entre autres):

 

              (TRADUCTION) Essentiellement, l'opinion de l'examinateur est

              la suivante: les revendications rejetées sont évidentes, ou

              bien elles se heurtent à une antériorité, soit le brevet cana-

              dien 619,432 délivré le 28 juillet 1964 à Spiegel. D'autres

              ouvrages de référence comme Electronic and Radio Engineering,

              forth edition, McGraw Hill, 1955, et Electronics and Nucleonic

              Dictionary, third edition, McGraw Hill, 1966 ont été utilisés,

              de même que le brevet américain no 2,455,992 délivré à

              Goldsmith fils; toutefois, l'antériorité la plus importante

              relativement au cas étudié ici est le brevet Spiegel.

 

              Dans le cas qui nous occupe, l'invention porte sur un jeu

              vidéo ou, en d'autres mots, sur un appareil qui permet

              d'utiliser un téléviseur domestique à des fins de divertis-

              sement à domicile, téléviseur qui ne servait auparavant

              qu'à regarder passivement des émissions têlédiffusées. On

              ne connaissait aucun jeu vidéo avant la conception de la

              présente invention. Celle-ci a démontré au monde que des

              signaux peuvent être produits chez soi après avoir branché

              une boite au téléviseur, de sorte que l'on peut produire

              des pixels sur l'écran du téléviseur et s'en servir à des

              fins de divertissement. Personne ne connaissait jusqu'ici

              les jeux vidéo personnels; l'invention divulguée dans la pré-

              sente demande constitue la première divulgation relative à

              l'utilisation d'un téléviseur domestique à des fins de

              divertissement.

 

...

 

              Par conséquent, les revendications décrivent, particulièrement

              ici, que ce sont des jeux de divertissement auxquels on peut

              jouer et que le dispositif de commande permet de s'adonner à

              ce genre d'activité. Il est évident que le brevet Spiegel

              n'offre pas la possibilité d'utiliser son propre téléviseur

              domestique pour jouer à des jeux vidéo; nous acceptons cette

              évidence et nous croyons qu'un spécialiste ne pourrait retenir

              à la lecture du brevet Spiegel, l'idée qu'il peut utiliser

              un téléviseur domestique pour y jouer chez lui à des jeux.

              Le dispositif divulgué dans le brevet Spiegel consiste simple-

              ment en un outil à vocation pédagogique, le téléviseur

              n'étant qu'un instrument d'affichage commode.

 

              Dans sa décision finale, l'examinateur a analysé à fond le

              mot "jeux" qui, selon lui, avait un sens large et a ajouté

              que, selon les définitions de nombreux dictionnaires, l'outil

              à vocation pédagogique divulgué dans le brevet Spiegel pouvait

              être englobé par ce terme. Au second paragraphe de la hui-

              tième page (original anglais) de la décision, l'examinateur

              signale que l'une des significations du mot "jeu" est la

              suivante: (TRADUCTION) "une activité à caractère compétitif

              faisant intervenir l'habileté, la chance ou l'endurance et

              s'adressant à deux ou plusieurs participants qui, tout en

              respectant un ensemble de règles, jouent pour leur propre

              divertissement ou pour celui de spectateurs". L'examinateur

              précise, sans toutefois l'y restreindre nécessairement, que

              l'activité a habituellement pour le but le divertissement.

              Au paragraphe suivant, il déclare que le demandeur ne peut pas

              tout bonnement avancer que le mot "jeu" a une signification

              restrictive particulière dont le brevet Spiegel ne fait pas

              état.

 

              A cet égard, le demandeur demande et revendique alors, par

              les présentes modifications apportées à la revendication 1,

              une signification restreinte au mot "jeu", soit un divertissement

              auquel on s'adonne chez soi et, plus particulièrement, des jeux.

 

             C'est là la signification à laquelle le demandeur associait

             le mot "jeu" qu'il définit plus clairement et dont il restreint

             le sens au moyen des présentes modifications apportées à la

             revendication 1; il est évident que dans 1e brevet Spiegel,

             on n'a jamais envisagé aucun jeu de divertissement ni aucun

             jeu auquel on pouvait jouer chez soi au moyen d'un téléviseur

             domestique.

 

             En ce qui a trait à la restriction relative au couplage

             sélectif, nous devons nous opposer à l'opinion de l'examinateur

             selon laquelle le mémoire descriptif ne comporte aucune divul-

             gation à cet effet et qu'il s'agit là d'une évidence. Il

             déclare à ce sujet que le couplage s'effectue par l'utilisa-

             teur qui branche et débranche les fils du dispositif de commande

             du jeu vidéo et de l'antenne de son téléviseur, et qu'il ne

             convient pas de revendiquer la participation de l'utilisateur

             comme partie de l'appareil revendiqué; le demandeur doit

             divulguer une pièce particulière de l'appareil servant au

             couplage sélectif, ce qu'il n'a pas fait.

 

             Là encore, nous ne sommes pas d'accord. Les pièces de l'appa-

             reil qui permettent le couplage sélectif sont le fil de sortie

             du dispositif de commande du jeu et le fil de l'antenne. Le

             fait que l'utilisateur doive raccorder manuellement l'appareil

             ne signifie pas que le fil de raccordement ne soit pas une

             pièce pertinente. Par exemple, si l'on avait prévu un inter-

             rupteur pour faire le raccordement au dispositif de commande

             ou à l'antenne, l'examinateur l'accepterait comme étant un

             dispositif de raccordement pertinent; cependant c'est encore

             l'utilisateur qui devrait actionner l'interrupteur. Il faut

             que l'utilisateur intervienne pour établir le contact avec

             l'antenne de télévision ou avec le dispositif de commande du

             jeu. Une telle intervention serait valable. Le demandeur

             ne peut donc pas comprendre pourquoi les fils servant au

             couplage sélectif ne conviennent pas, malgré le fait que

             l'utilisateur doive intervenir pour effectuer le raccordement.

 

...

 

             Enfin, la revendication 87 porte sur la possibilité de détecter

             deux pixels qui convergent au moins une fois avant la fin du

             jeu tandis que dans l'invention de Spiegel, le phénomène se

             produit une fois le jeu terminé seulement.

 

             En ce qui a trait au rejet des revendications 73 à 77 qui,

             selon l'examinateur, ne sont pas conformes à l'article 81

             du Règlement, nous tenons. à souligner que la présente pétition

             de redélivrance se fonde sur la découverte du brevet Spiegel

             et que les nouvelles revendications déposées ont été rédigées

             de manière à ne pas copier Spiegel. La pétition énonce pleine-

             ment en quoi, de l'avis du demandeur, le brevet est imparfait,

             comment l'erreur s'est produite et le moment où le pétionnaire

             a acquis de nouvelles informations. Les revendications déposées

             en même temps que la pétition de redélivrance ont été rédigées

             de manière à ne pas copier Spiegel et les revendications supplé-

             mentaires 73 à 87 déposées ne revendiquent aucune matière

             nouvelle mais étayent plutôt les revendications de la demande

             de redélivrance et ne copient nullement le brevet Spiegel.

             Nous sommes d'avis que ces revendications sont bien acceptables

             dans la demande de redélivrance. Elles n'ont pas pour but de

             revendiquer quelque chose de différent de ce qui est énoncé

             dans la pétition de redélivrance et elles sont tout à fait

             conformes à l'articles 81 du Règlement régissant les brevets.

 

Il s'agit pour la Commission de savoir si la demande porte réellement sur un

objet d'invention brevetable par rapport à l'antériorité citée. A cet égard,

la revendication 40, qui se lit comme suit, est très significative:

 

(TRADUCTION)

40. Un appareil permettant à un participant au moins d'utiliser des

jeux de divertissement paraissant sur l'écran d'un téléviseur domes-

tique qui ne servait auparavant qu'à regarder des émissions télédif-

fusées, ledit appareil produisant sur l'écran du téléviseur domestique

des "pixels" qu'un participant su moins peut manipuler et comprenant:

 

un dispositif de commande produisant des signaux

représentant les pixels qui doivent être affichés, ledit dispo-

sitif de commande comprenant également un dispositif produisant

des tops de synchronisation servant à synchroniser le balayage

horizontal et vertical d'un téléviseur, ainsi qu'un dispositif

servant à faire varier la position des pixels sur l'écran et à

jouer; et

 

un dispositif servant au couplage direct et sélectif

des signaux produits sur un seul téléviseur, tandis que dans

un premier temps lesdits pixels sont affichés seulement sur

l'écran du téléviseur unique que regarde le participant et que,

dans un deuxième temps, ledit téléviseur peut capter des signaux

de télévision d'une plus grande portée.

 

Lors de l'audience, M. Macklin a remis au président de la Commission des copies

des déclarations sous serment faites par l'inventeur M. Baer et par M. Mother-

sole. Il lui a également remis des exemplaires de la jurisprudence sur laquelle

il a fondé son argumentation.

 

M. Macklin a déclaré que l'invention a connu un vif succès sur le marché et

qu'elle a servi à lancer l'industrie actuelle du divertissement chez soi par

les jeux vidéo. Il a fait remarquer également que le titulaire du brevet de

base, Sanders Associates, a obtenu des redevances par l'entremise d'un preneur

de licence exclusive qui a conclu de nombreux accords avec d'autres compagnies

de cette industrie.

 

Quant à la question de l'évidence soulevée lors de la discussion portant sur

l'antériorité citée, M. Macklin a affirmé que la première référence au brevet

Spiegel s'est faite assez tardivement puisque, dans tous les pays où a déjà

été présenté le brevet initial, on n'a jamais fait allusion à l'antériorité

citée au cours de la procédure d'examen habituelle. La demande de redélivrance

comportant des revendications d'une portée plus limitée a été présentée après

que le demandeur eut pris connaissance de l'existence du brevet Spiegel.

M. Macklin enchaîne en disant que l'antériorité Spiegel ne fait état que de deux

pixels pouvant être déplacés manuellement et que d'autres caractéristiques,

comme la possibilité pour deux pixels de converger, les lignes de terre élec-

troniques, la durée et le temps de vol du missile ne sont présentées qu'à titre

indicatif aux spécialistes en simulateurs servant à des fins de formation militaire.

 

En résumé, cette antériorité laisse libre cours à de nombreuses interprétations.

Il a par la suite déclaré que le brevet Spiegel ne constituait pas une antério-

raté pertinente parce que le public devait obtenir des directives précises pour

pouvoir mettre l'invention en application; ainsi, de simples suggestions formulées

à titre indicatif sont insuffisantes.

 

On a présenté ensuite l'inventeur, M. Baer, qui a donné quelques précisions con-

cernant sa déclaration sous serment. Entre 1959 et 1972, il a été chef de division

chez Sanders Associates et son travail consistait alors à superviser le travail,

de nature militaire surtout, poursuivi dans le domaine de l'électronique. Il a

ensuite présenté à la Commission une démonstration de son invention au moyen d'un

montage sur planche tel qu'on en connaissait en 1967, appelé montage sur table,

et branché à un téléviseur conventionnel. Ce montage comprenait des commutateurs

permettant de faire un choix entre divers jeux, ce qu'il a expliqué par quelques

démonstrations pratiques. Il a déclaré que l'on avait mis an point des jeux

faciles de poursuite, de ping-pong et de handball. Il a également démontré

comment deux pixels convergeaient, l'un d'eux disparaissait grâce à un circuit

logique à diode.

 

M. Baer a ensuite parlé du brevet Spiegel en tenant compte de ses connaissances et

de l'état de la technique de l'électronique au moment de la conception de son

invention en 1966. Il a déclaré que même s'il avait connu l'existence du brevet

Spiegel à cette époque, ce dernier ne lui aurait été d'aucune utilité pour réa-

liser son invention. Compte tenu de son expérience en électronique militaire, il

a déclaré en outre que le brevet Spiegel ne fournit pas suffisamment de rensei-

gnements pour pouvoir construire un simulateur de missile destiné à la formation

étant donné que la figure 1 n'illustre que des circuits conventionnels que l'on

retrouve dans les manuels, et que les texte donne une description imagée mais

n'illustre pas un montage électronique. Il a déclaré alors que la conception

qu'il avait de son modèle lors de la construction de son invention s'opposait à

celle de Spiegel du fait qu'il s'était permis quelques écarts par rapport aux

normes de construction du NTSC (Comité du système national de télévision (E.-U.)).

Il a constaté tout particulièrement qu'un téléviseur pouvait fonctionner à l'aide

de signaux de télédiffusion types et que les impulsions d'effacement n'étaient

pas nécessaires, ce qui contredit carrément Spiegel.

 

M. P.L. Mothersole a traité ensuite de sa déclaration sous serment. Les para-

graphes 4 et 5 de sa déclaration démontrent qu'il est un expert dans le domaine

de la technique de la télévision. Les paragraphes 8 à 24 traitent du brevet

 

Spiegel à titre d'antériorité et de la demande de Sanders qui constitue, selon

lui, une description de l'invention. Ses déclarations quant à l'impropriété du

brevet Spiegel corroborent les opinions de l'inventeur. En ce qui concerne la

demande de Sanders, M. Mothersole est d'avis que le brevet Spiegel ne constitue

nullement dans ce cas une antériorité.

 

A la fin de l'audience, M. Macklin a réitéré les arguments qu'il avait formulés

par écrit, à savoir que les revendications ne devaient pas faire l'objet d'un

rejet en vertu des articles 25 et 81 du Règlement. En ce qui a trait à l'article

81, il a affirmé que l'on devait avoir le loisir de présenter des revendications

supplémentaires de redélivrance dont seule la portée pouvait être restreinte.

Il a cité à cet effet le cas Farwerke Hoechst (1966) S.C.R., p. 611 (original anglais).

 

Tout d'abord, en ce qui a trait à la décision de rejet aux termes de l'article 81

du Règlement, nous sommes convaincus, après avoir entendu les arguments du

demandeur, que des revendications modifiées supplémentaires peuvent être présen-

tées pourvu qu'elles aient la même portée que celles pour lesquelles la pétition

a été déposée. Par conséquent, la décision de rejet aux termes de l'article 81

du Règlement régissant les brevets doit être annulée.

 

Ensuite, en ce qui a trait au brevet Spiegel et aux autres antériorités, nous

sommes convaincus, après étude des arguments présentés par M. Mothersole et par

l'inventeur, M. Baer, que la demande porte sur une matière non divulguée dans

l'antériorité citée. Nous constatons que le dispositif qui permet à deux pixels

de converger, comme le démontre l'inventeur, et tel qu'il est présenté dans la

divulgation, est une caractéristique importante de l'invention. Par conséquent,

nous avons communiqué avec l'agent pour lui faire part de notre point de vue.

Après mûre réflexion, l'agent a présenté des revendications modifiées le 10

décembre 1982.

 

La revendication modifiée n o1 se lit comme suit:

 

(TRADUCTION)

Un appareil permettant d'utiliser un téléviseur domestique à des fins

de divertissement à domicile, ledit appareil produisant sur l'écran du

téléviseur des pixels qu'un participant au moins peut manipuler et compre-

nant:

un dispositif de commande produisant des signaux

représentant les "pixels" qui doivent être affichés, ledit

dispositif de commande comprenant également un dispositif

produisant des tops de synchronisation servant à synchroniser

le balayage horizontal et vertical d'un téléviseur, ainsi

qu'un dispositif permettant de fixer lesdits pixels sur

une ligne horizontale, un dispositif permettant de fixer

lesdits pixels sur une ligne verticale, un dispositif

servant à faire varier la position des pixels sur

l'écran et à jouer, et un dispositif des pixels sur

deux desdits pixels convergent sur ledit écran, ainsi

qu'un dispositif servant à relier les signaux produits

représentant les "pixels" à afficher et les tops de

synchronisation à un seul téléviseur tandis que lesdits

"pixels" sont affichés seulement sur l'écran du téléviseur

unique que regarde le participant.

 

Nous sommes d'avis que les modificatifs ont eu raison de la décision de rejet

fondée sur l'antériorité citée et qu'aucune autre discussion à ce sujet n'est

nécessaire.

 

En résumé, les arguments présentés à l'audience ainsi que les modificatifs

déposés le 10 décembre 1982 sont venus à bout des objections formulées dans

la décision finale. Nous recommandons l'acceptation des modificatifs.

 

Le président par intérim,

 

S.D. Kot                            M.G. Brown

Commission d'appel des brevets, Canada          Membre

 

J'ai revisé la procédure d'examen de la présente demande et j'ai étudié les

arguments et les conclusions de la Commission. Par conséquent, j'ordonne

que la procédure d'examen se poursuive en se fondant sur les revendications

modifiées.

 

Le commissaire des brevets,

 

J.H.A. Gariépy

 

Fait à Hull, Québec

 

le 1er jour de mars 1983

 

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