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                      DECISION DU COMMISSAIRE

 

 Evidence: Masque à gaz

 

 L'appareil comporte un échangeur de chaleur servant à refroidir l'ais inspiré.

 L'échangeur de chaleur est formé d'un tube renfermant une matière plastique de

 faible conductivité. Les données compilées à la suite de l'expérimentation ont

 servi à convaincre le Burequ qu'un résultat inattendu avait été obtenu par l'uti-

 lisation de matière plastique en lieu et place de métal dans l'échangeur de

 chaleur. Une revendication modifiée fut alors jugée admissible.

 

 Décision finale: Retirée - revendication modifiée acceptée.

 

         *********************************

 

 La présente a trait à une demande de révision, par le Commissaire des brevets, de

 la décision finale de l'Examinateur déposée le 29 avril 1976, et portant le numéro

 188,192 (classée 137-1.52). La demande a été déposée le 14 décembre 1973 au nom

 de Wolfgang Eckstein et est intitulée "Appareil respiratoire". La Commission d'appel

 des brevets a tenu une audience le 15 mars 1978, au cours de laquelle monsieur I.

 Makinson représentait le demandeur. Était aussi présente Madame J. Harding de la

 même firme.

 

 La demande porte sur un appareil respiratoire. Plus particulièrement, il s'agit d'un

 appareil filtrant de sauvetage qui comporte un échangeur de chaleur destiné à

 refroidir les gaz inspirés. L'échangeur de chaleur est formé d'un tube renfermant

 un matériau de faible conductivité. La figure I ci-après illustre le dispositif.

 

                      <IMG>

 

 Dans sa décision finale, l'Examinateur a rejeté la demande en raison des brevets

 britanniques suivants:

 

 1,051,054                14 décembre 1966   Auergesellschaft

 

1,115,349                 29 mai 1969        Auergesellschaft

 

 t

 

Le brevet 1,051,054 vise un appareil respiratoire comportant un catalyseur

d'oxydation du monoxyde de carbone, un échangeur de chaleur et une embouchure;

l'échangeur de chaleur est situé entre le contenant du catalyseur d'oxydation et

l'embouchure. L'échangeur de chaleur est rempli de matériaux tels que du fil ou

de la laine métallique. La figure 3 ci-dessous illustre ce brevet.

 

                       <IMG>

 

Le brevet 1,111,534 est semblable au brevet étudié ci-dessus (même demandeur), sauf

qu'il est doté d'un collecteur/déchargeur de la salive qui pénètre dans l'échangeur

de chaleur.

 

Dans sa décision finale, l'Examinateur déclarait entre autres:

 

...

 

Le brevet britannique 1,051,054 divulgue un appareil respiratoire

comportant un catalyseur d'oxydation du monoxyde de carbone, un échan-

geur de chaleur et une embouchure; l'échangeur de chaleur est situé

entre le contenant à catalyseur d'oxydation et l'embouchure. L'é-

changeur de chaleur est rempli d'un matériau bon conducteur de la

chaleur, de façon que l'air inspiré se départit de sa chaleur dans

ledit matériau à bonne conductivité thermique.

 

Bien que le présent brevet ne le précise pas, la salive pénètre

également dans l'échangeur de chaleur et, par conséquent, agit comme

refroidisseur pour l'air inspiré de la même façon que le dispositif

du demandeur; ceci est conforme au brevet britannique 1,115,349

délivré au même demandeur que celui du brevet discuté plus haut;

ce deuxième brevet comporte un collecteur/déchargeur de la salive

qui pénètre dans l'échangeur de chaleur.

 

Le brebet invoqué 1,051,054 diffère, par conséquent, de la

présente demande en ce que le demandeur utilise, dans l'échangeur

de chaleur, un matériau de faible conductivité thermique; l'emploi

d'un matériau de faible conductivité thermique dans un échangeur

de chaleur équivaut à diviser un canal d'écoulement en deux conduits

plus petits au moyen d'un matériau isolant contre l'irradiation ou

la conduction de la chaleur.

 

Le seul moyen pour disperser la chaleur dans le dispositif du

demandeur, réside dans l'utilisation de l'humidité telle la salive

exhalée et libérée par l'utilisateur de l'appareil respiratoire

pour refroidir l'air inspire. Ce moyen de refroidissement est

toutefois inhérent au dispositif divulgué par le brevet 1,051,054

qui est clairement conforme au brevet invoqué 1,115,349, tous deux

ayant été délivrés au même demandeur, et ayant été étudiés plus

haut .

 

Maintenant, puisque l'appareil des brevets invoqués est semblable

et remplit la fonction voulue de façon analogue, nous estimons

donc que la présente demande ne renferme pas de matière brevetable.

La simple omission d'un matériau bon conducteur de la chaleur dans

la présente, et sa substitution par un matériau qui tient lieu

d'isolant thermique dans un échangeur de chaleur, ne sont pas

considérés comme un progrès technique brevetable.

 

L'humidité dégagée par l'utilisateur de l'appareil respiratoire,

employée pour refroidir l'air inspiré, est également utilisée dans

le brevet invoqué, de façon analogue à celle de la présente demande.

 

L'argument avancé par le demandeur, dans sa lettre du 18 décembre

1975, a été étudié; toutefois, cet argument ne vient pas à bout

de l'objection présentée plus haut.

 

Une réponse à cet argument telle que "un résultat étonnant découle

de l'utilisation d'un matériau de faible conductivité thermique"

est traité par le détail plus haut.

 

Compte tenu de l'étude qui précède, nous estimons que la présente

manque de créativité inventive, et la matière y divulguée et

revendiquée est évidente pour un homme du métier en raison de

la description de l'antériorité invoquée, d'où la confirmation

du refus de la présente demande.

 

...

 

Dans sa réponse à la décision finale, le demandeur a ajouté les nouvelles

revendications 10 et 11, et a déclaré (notamment):

 

...

 

L'air inspiré est chauffé dans le filtre par oxydation

catalytique, et doit être refroidi dans l'échangeur de

chaleur avant inspiration. La présente invention réalise

le refroidissement au moyen d'un procédé connu sous le nom

de "refroidissement par évaporation", utilisant l'humidité

dégagée par l'utilisateur comme moyen d'évaporation. C'est

un principe de thermodynamique universellement connu, que la

chaleur doit être ajoutée à un liquide de température donnée

pour le convertir en vapeur de même température. La chaleur

nécessaire à la conversion d'une quantité donnée de liquide

en vapeut est appelée chaleur de vaporisation. Ainsi, il est

possible de réduire la température de l'air, par exemple, par

l'évaporation d'un peu de liquide en contact avec cet air,

habituellement sur une grande surface, en utilisant la chaleur

contenue dans l'air afin de produire la chaleur de vaporisation

d'un liquide. Cette méthode peut être désignée par le nom de

procédé de "refroidissement par évaporation".

 

En ce qui concerne l'appareil divulgué dans la présente

invention, l'humidité qui se dégage de l'air expiré se

dépose par condensation ou en gouttelettes sur la surface

relativement grande du matériau contenu dans l'échangeur

de chaleur. Toute chaleur de condensation (phénomène

physique opposé à la chaleur de vaporisation) est emportée

par l'air expiré et est, ainsi, chassée du système. A ce

stade, l'importance de l'exigence que le matériau contenu

dans l'échangeur de chaleur soit de faible conductivité thermique

peut être observée de prime abord. Notamment, si de la chaleur

est dégagée par la condensation de l'eau contenue dans l'air

expiré, cette chaleur ne sera pas amenée à l'intérieur du

matérieu de bourre, mais elle demeurera à la surface disponible

pour être transmise à l'air expiré. Lorsque de l'air chaud est

inspiré à travers l'échangeur de chaleur, le liquide répandu à

la surface dé l'échangeur de chaleur est évaporé, et l'air

inspiré est refroidi par la dissipation de la chaleur de vapo-

risation selon la description donnée plus haut. En raison de

la surface relativement grande du matériau contenu dans l'échan-

geur de chaleur, l'effet de refroidissement par évaporation est

plus prononcé. Il est très important, pour le bon fonctionne-

ment de l'étape d'évaporation, que le matériau contenu dans

l'échangeur de chaleur soit de faible conductivité thermique

afin qu'il n'amène pas, vers l'intérieur, la chaleur propre de

l'air inspiré, et qu'il ne l'emmagasine pas comme un radiateur,

mais qu'il permette à la chaleur de demeurer à la surface afin

d'être prête à évaporer le liquide qui s'y trouve.

 

...

 

Le demandeur n'approuve pas la déclaration de l'Examinateur

voulant que "l'emploi d'un matériau faible conducteur dans un

échangeur de chaleur.., équivaut à diviser le canal d'écoulement

en plus petits canaux au moyen d'un matériau qui isole de

l'irradiation ou de la conduction de la chaleur". La raison

capitale pour laquelle la présente invention emploie, dans l'é-

changeur de chaleur, un matériau à faible conductivité thermique,

consiste à éviter la transmission considérable de chaleur de la

surface vers l'intérieur dudit matériau. Deux raisons y pré-

valent. La première en est qu'il n'est pas souhaitable que le

matériau contenu dans l'échangeur de chaleur agisse à titre de

radiateur et qu'il accumule la chaleur du gaz inspiré; la

deuxième étant que la présente invention veut que la surface ou

les surfaces du matériau de bourre et l'échangeur de chaleur,

mais non son intérieur, soient portés à une température raison-

nablement élevée durant l'inspiration de gaz chaud, de sorte que

la salive précédemment condensée ou déposée s'évapore et que sa

chaleur de vaporisation serve à refroidir l'air inspiré selon

les explications détaillées données plus haut.

 

La question dont la Commission est saisie consiste à déterminer si, oui ou non,

le demandeur a réalisé un progrès technique brevetable. Notre première préoccu-

pation sera de déterminer si, oui ou non, une invention brevetable a été décrite

dans la demande déposée. Cela doit être établi en fonction du progrès réalisé

par rapport aux antériorités invoquées.

 

Après étude approfondie de la demande, nous y trouvons un certain nombre de

différences. Il semble que le demandeur ait adapté la méthode connue de refroi-

dissement par évaporation à un dispositif qui n'est pas proposé par la technique

antérieure, par exemple une chambre d'échange de chaleur remplie de matière

plastique filiforme, en copeaux, en écrans, en granules, en billes ou en tubes,

n'y est pas divulguée.

 

Monsieur Makinson allégua que le présent dispositif est brevetable parce que,

entre autres, il a donné des résultats inattendus à la suite d'essais menés à

titre comparatif des appareils connus. Étant donné notre hésitation à établir si

une invention était décrite, nous avons décidé, après l'audience, de demander un

exemplaire des résultats des essais, afin de les analyser pour voir quels étaient

les résultats améliorés ou inattendus. L'exemplaire fut soumis par le demandeur,

le 28 avril 1978. Il se présente sous forme de rapport d'essais, daté du 6

septembre 1972, exposant les résultats comparatifs d'un appareil respiratoire de

la présente invention et de celui de l'antériorité. Les essais furent entrepris

par "Development and Constructions - FILTERTECHNIK" et ils prouvent qu'en utilisant

la construction classique, avec un matériau en métal filé, l'air inspiré était

refroidi à 57.degree.C, tandis que le présent appareil qui utilise de la grenaille de

plastique refroidissait l'air à une moyenne de 50.degree.C. Nous remarquons que les essais

entrepris sur le présent appareil ont été réalisés uniquement avec des matériaux

plastiques dans l'échangeur de chaleur.

 

Compte tenu de ces considérations, nous sommes convaincus qu'une invention a été

décrite dans la divulgation, car le demandeur a conçu un appareil qui fonctionne

de façon inattendue, améliorée ou plus expéditive.

 

Après examen approfondi des revendications, nous ne sommes pas convaincus qu'elles

définissent clairement l'étendue du monopole de l'invention qui équivaut, à notre

avis, à l'invention décrite dans la divulgation, et pour laquelle les résultats des

essais étaient prévus. Par exemple, la revendication 1 ne fait que définir, par

rapport à l'antériorité, que le matériau de l'échangeur de chaleur est de faible

conductivité thermique. Nous estimons qu'une revendication rédigée dans l'esprit

des lignes qui suivent, serait admissible.

 

Revendication 1:

 

Un appareil respiratoire filtrant, pour protéger la

personne du monoxyde de carbone, possédant un catalyseur qui

fonctionne à des températures élevées, et une embouchure qui

sert à refroidir l'air respiré par l'évaporation de la

salive de l'utilisateur, avec une enveloppe à catalyseur

dotée d'une entrée d'air et d'un canal intérieur rempli d'une

matière catalytique, et une embouchure reliée à ladite

enveloppe à catalyseur et au canal pour l'écoulement de l'air

de l'enveloppe à catalyseur à travers l'embouchure, ladite

embouchure renfermant une chambre d'échange de chaleur remplie

d'une matière plastique de faible conductivité thermique,

filiforme, en copeaux, en écrans, en granules, en billes ou

en tubes, que traverse l'air expiré de façon que la salive

adhère à ladite matière et que l'air inspiré subséquent soit

refroidi par l'évaporation de la salive, et une soupape d'expi-

ration reliée audit canal en aval dudit canal par rapport au

sens d'écoulement de l'air expiré.

 

La présente revendication correspond essentiellement à la revendication 8 des

présentes; cependant l'étendue du monopole de l'invention y est défini en termes

plus explicites.

 

Bref, nous sommes convaincus qu'un progrès technique brevetable a été réalisé, et

nous recommandons que la décision finale portant refus de la demande soit retirée.

Nous recommandons que la revendication 1 proposée, et toutes les autres revendi-

cations connexes pertinentes, soient acceptées.

 

Le président adjoint de la

Commission d'appel des brevets

 

J.F. Hughes

 

J'ai révisé l'instruction de la présente demande et je souscris à la recommandation

de la Commission d'appel des brevets. En conséquence, je retire ma décision finale,

mais refuse d'accepter les présentes revendications. Toutefois, j'accepte la

revendication proposée par la Commission. Le demandeur dispose d'une période de

six mois pour annuler les présentes revendications, pour soumettre une modification

appropriée,ou pour interjeter appel de ma décision aux termes de l'article 44 de

la Loi sur les brevets.

 

Le Commissaire des brevets par intérim,

 

J.A. Brown

 

                                    Agent du demandeur

Fait à Hull ((Québec)

le 19 mai 1978                          Fetherstonhaugh & Co.

                                        Boîte postale 2999, station D

                                        Ottawa (Ontario)

 

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