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                DECISION DU COMMISSAIRE

 

EVIDENCE: Améliorations apportées à un générateur de vapeur pour sauna.

 

Le sauna est composé de deux sections; la première est réservée à l'eau et est

munie d'un générateur de vapeur, tandis que la deuxième est réservée à la vapeur.

L'amélioration a trait à un joint d'étanchéité installé entre ces deux sections.

La décision finale a été révoquée, et la demande a été retournée à l'Examinateur

par défaut de recherche relativement à la technique antérieure la plus pertinente.

 

Décision finale: Révoquée

 

           *****************************

 

La décision a trait à une demande de révision, par le Commissaire des brevets,

de la décision finale de l'Examinateur en date du 4 janvier 1978, et relative à

la demande 263,529 (classe 309-35). La demande a été déposée le 15 octobre 1976

au nom de Maurice C. Allen, et a trait à un "générateur de vapeut pour sauna

portable". La Commission d'appel des brevets a tenu une instruction le 24 mai

1978, à laquelle assistait M. D.S. Johnson, mandataire du demandeur.

 

La demande a trait à des améliorations apportées aux bains sauna. Le sauna comprend

un réservoir d'eau muni d'un générateur de vapeur, fait en deux sections assujetties

l'une à l'autre mais quand même séparables. La demande fait état d'un dispositif

d'étanchéité nouveau et amélioré (23), intercalé entre les deux sections. La

figure 1 ci-dessous montre cet arrangement.

 

                        <IMG>

 

Dans sa décision finale, l'Examinateur a refusé la demande en raison de l'existence

des brevets canadiens suivants:

 

572,227              17 mars 1959              Prain

653,897              11 décembre 1962         Jepson et autres

606,030              26 septembre 1960         Tavender et autres

 

Le brevet délivré à Prain a trait à un générateur de vapeur portable dont la

chaudière est munei d'une résistance électrique immergée, destinée à chauffer

l'eau qui remplit la chaudière jusqu'au niveau de l'ouverture de l'admission d'eau.

La partie supérieure de la chaudière est une chambre de vapeut qui débouche sur

une canalisation débitrice. La figure 1 ci-dessous montre cette invention.

 

                             <IMG>

 

Le brevet Jepson a été invoqué pour montrer l'utilisation d'un point d'étanchéité

au silicone dans l'orifice de régulation d'un appareil de cuisson.

 

De son côté, Tavender a construit un générateur de vapeur fait d'une section

supérieure et d'une section inférieure assujetties l'une à l'autre, tout en étant

séparables au moyen de collets à garnitures et de boulons.

 

Dans sa décision finale, l'Examinateur déclarait notamment:

 

L'appareil du demandeur n'est autre qu'une combinaison de

composants bien connus et dont le mode d'utilisation est

évident. Le demandeur a fait défaut de produire des résultats

nouveaux ou exceptionnels, il n'a pas non plus fait preuve

d'ingéniosité. Si la disposition des composants diffère de la

technique antérieure, elle ne produit aucun résultat inconnu ou

inusité autre que des résultats très ordinaires et évidents à

un mécanicien qualifié. Comme appareil destiné à la production

de vapeur, ce générateur possède un certain avantage conceptuel,

mais son caractère principal devrait être celui de l'inventivité.

 

A l'examen, les arguments du demandeur, contenus dans sa

lettre du 6 octobre 1977, laissent entendre que la technique

invoquée représente une mosaique de références tirées de

techniques très divergentes. Il est très évident cependant

que son dispositif est essentiellement un générateur de vapeur,

tout comme l'invention de Prain et de Tavender. On retrouve la

contrepartie du tube creux du demandeur, destiné à l'acheminement

de la vapeur dans les deux références citées; ce tube pourrait ê-

tre aisément adapté à un sauna ou à tout autre appareil nécessi-

tant de la vapeur. En ce qui a trait à l'agencement des flotteurs,

nous savons que les flotteurs utilisés dans le réservoir d'eau

du demandeur pour ouvrir et fermer la soupape qui règle le niveau

de l'eau, est universellement utilisé, qu'il est par exemple

d'usage courant pour régler le niveau de l'eau dans le réservoir

d'une toilette. Armée de cette connaissance courante, une personne

peu expérimentée serait capable d'adapter le flotteur interrupteur

de courant électrique de Prain, et de le faire servir en tant que

flotteur à soupape d'eau envisagée par le demandeur.

 

Examinons le moyen de scellement cité au brevet délivré à

Jepson. Si ce dispositif est destiné à un appareil de cuisson,

il n'en reste pas moins que ce joint est un dispositif mécanique

adaptable à une vaste gaine d'utilisations; son adaptation à un

bain sauna ne prête pas à ce sauna le caractère d'une invention.

La prétention du demandeur, à l'effet que le dispositif de

scellement de Jepson n'est pas aussi critique que le sien propre

en ce qui a trait à la chaleur et à la vapeur, est entièrement

hors de propos. Jepson, comme l'a fait le demandeur, prescrit

l'emploi d'un matériau au silicone pour son joint d'étanchéité.

La qualité de scellement du joint à rainure simple de Jepson,

et celle du joint à doubles rainures jumelées en opposition du

demandeur dépendent dans les deux cas de la compression adéquate

du joint d'étanchéité, le contact métal à métal des collets ser-

vant à isoler les joints. Il est bien évident que le matériau

utilisé dans le joint sera imposé par les caractéristiques propres

à la chaleur et à la vapeur.

 

Nous avons pris note des remarques du demandeur relatives à

l'emploi de rainures et de l'élément de scellement comme moyen

de positionnement pour l'assemblage des deux sections du réservoir.

Aucune de ces caractéristiques n'a cependant été abordée dans le

mémoire descriptif. De plus, l'emploi d'un point torique surdi-

mensionné, fait de néoprène souple ou de caoutchouc, est tout au

plus un moyen imprécis de positionnement. Le moyen de positionne-

ment du demandeur provient de la disposition des boulons qui

servent à assujettir la section inférieure à la section supérieure

du réservoir.

 

Le générateur de vapeur pour sauna portable du demandeur a été

créé simplement, seulement et sans originalité par l'addition

ou par l'adaptation de moyens analogues et connus de la technique

antérieure concernant de tels saunas. L'inventeur n'a fait aucune

preuve d'ingéniosité inventive, sans laquelle même l'adaptation

d'un appareil ancien à une destination nouvelle ne peut constituer

une invention. Il est depuis longtemps reconnu que de "légères

modifications de normes courantes de fabrication, selon une technique

antérieure, constituent rarement le caractère d'une invention; de

toute évidence, des améliorations sont dues à l'expérience et aux

besoins changeants des utilisateurs".

 

En réponse à la décision finale, le demandeur a déclaré notamment:

 

Premièrement, le dispositif décrit à la présente revendication

a produit des résultats nouveaux et imprévus. Contrairement aux

essais antérieurs, l'inventeur a été capable de produire un sauna

  facilement démontable et facilement remontable, cela en

  obtenant un bon joint d'étanchéité sans recours à un joint

  d'étanchéité neuf après chaque démontage. Dans le passé,

  l'obtention d'un bon joint ainsi que la nécessité d'utiliser

  un joint neuf après chaque démontage ont été une difficulté

  réelle. On comprendra sans peine que les saunas portables

  requièrent un service fréquent par suite de la défaillance

  d'un composant et de l'accumulation de matières minérales

  dans la chambre à vapeur pendant la production de cette vapeur.

  Etant donné que l'objet de la présente invention est facile à

  assembler, et qu'il peut être assemblé de façon parfaitement

  étanche sans avoir chaque fois recours à un joint neuf, cette

  invention représente un progrès imprévu sur la technique anté-

  rieure. Le demandeur est dans l'impossibilité de comprendre

  comment ces résultats peuvent n'être pas imprévus s'ils n'ont

  pas été obtenus plus tôt. Le demandeur contredit respectueuse-

  ment la position de l'Examinateur concernant l'applicabilité du

  dispositif de scellement Jepson à un sauna portable. Première-

  ment, sa position a trait à une technique propre aux poêles à

  frire qui, comme telle, se distingue entièrement de la technique

  des saunas portables. Il n'y a donc aucune raison pour qu'un

  homme du métier en technique de sauna soit censé connaître ce

  dispositif de scellement. Le demandeur est d'avis, par suite des

  discussions antérieures, que l'Examinatuer a dû se limiter aux

  dispositions du brevet canadien 653,897 en combinaison avec d'autres

  objets de référence, parce que l'ensemble de cette référence est

  censé représenter la connaissance générale commune à un homme du

  métier.

 

  En plus des représentations susmentionnées, l'agencement du

  scellement de la présente revendication est totalement différent

  de celui que décrit le brevet Jepson. En effet, Jepson utilise

  un couvercle de scellement pour couvrir une enceinte servant au

  réglage et qui loge les bornes d'un élément de chauffage. Le demandeur

  prétent, pour sa part, qu'une fois l'enceinte de réglage fermée, il y

  a très peu de chances qu'elle soit réouverte pendant toute la durée

  utile de la poêle à frire. Encore une fois, nous répétons que cet

  arrangement diffère de celui de la présente revendication qui, nous

  l'avons déjà dit, du fait qu'il nécessite des services d'entretien

  Le demandeur a déjà indiqué le fait que le brevet Jepson ne fait pas

  mention d'une double rainure servant à monter et à sceller le joint.

  De plus, les dessins font défaut de montrer, et le mémoire descriptif

  fait défaut d'indiquer, que le dispositif de scellement Jepson utilise

  un joint torique. Selon la présente revendication, la présence d'un

  tel joint torique dans la double rainure donne une bien plus grande

  surface de scellement que ne saurait donner l'objet de référence.

  Cette plus grande surface est requise, selon la revendication, à

  cause de la pression élevée dans le réservoir sauna. Or le disposi-

  tif de scellement Jepson n'est sujet qu'à la pression atmosphérique.

 

La Commission est appelée à se prononcer sur le bien-fondé de la demande déposée.

 

  Lors de l'audience, M. Johnson a énergiquement affirmé que le devis et les re-

  vendications décrivent et définissent respectivement une invention. Il a insisté

  particulièrement sur la nature de la surface de scellement qu'il a qualifiée de

  "caractéristique critique". Il a également annoncé à la Commission que le produit

  en cause jouit présentement de la faveur du marché.

 

Nous devons d'abord juger de la nature de l'invention revendiquée, décrite au

mémoire descriptif et illustrée aux dessins. C'est la première étape essentielle

à tout examen de demande. Le demandeur déclare que "l'invention a trait à un

sauna portable doté d'un moyen de scellement étanche nouveau et amélioré". La

nature de l'invention est décrite comme suit (page 1 du mémoire descriptif):

 

   Les saunas existants sont faits d'un réservoir d'eau formé

de sections logeant les éléments internes du sauna. Pour

les fins de l'entretien et de la réparation des éléments

internes, on doit pouvoir séparer les deux sections l'une de

l'autre, puis les joindre de façon étanche à leur point de

jonction.

 

   Il était très difficile auparavant de refaire le point d'étan-

chéité entre ces sections après la séparation du point initial,

parce que l'élément de scellement normalement fabriqué d'un

matériau de garniture s'endommage au cours de la séparation des

sections, ou s'aligne mal autour des rives des sections au moment

du remontage des deux sections, de sorte que le point n'est pas

vraiment étanche. Dans les deux cas, le réservoir d'eau laissera

fuit de l'eau et de la vapeur dans l'espace non scellé ou mal

scellé entre les deux sections.

 

   La situation se complique du fait que les saunas portables

actuels sont munis de joints d'étanchéité d'une durée utile très

limitée, du fait qu'ils sont continuellement exposés à la vapeur

et aux températures très élevées à l'intérieur du réservoir d'eau,

de sorte que les éléments du joint se détériorent et se brisent.

 

L'objet de l'invention revendiquée est clairement indiqué à la page 1 du

mémoire descriptif:

 

   La présente invention a pour premier objet de produire un sauna

portable doté d'un point d'étanchéité nouveau et amélioré.

 

   La présente invention a pour second objet de produire un sauna

portable doté d'un élément d'étanchéité isolé de la vapeur à     

l'intérieur de la chambre de vapeur.

 

   Enfin, la présente invention a pour dernier objet de produire

un sauna portable doté d'un séparateur monté entre le joint

d'étanchéité et la masse de vapeur à l'intérieur de la chambre

de vapeur afin d'isoler essentiellement le joint d'étanchéité

de la chambre de vapeur.

 

Il est clair de ce qui précède, et du sens d'autres passages importants du

mémoire descriptif, que l'invention revendiquée est destinée à la fabrication

d'un sauna amélioré, amélioration qui proviendrait d'un "moyen d'étanchéité

nouveau et amélioré". En d'autre termes, nous n'avons pas à juger d'une idée

ou d'une conception nouvelle de sauna, mais de ce qui pourrait généralement être

désigné une combinaison améliorée.

 

Le brevet Jepson constitue la seule référence quant aux dispositifs de

scellement. Toutefois, dans le cas qui nous occupe on a proposé le joint

d'étanchéité d'une poêle à frire qui sert à empêcher l'eau de s'introduire dans

l'enceinte des bornes lorsqur la poêle est plongée dans l'eau. Nous ne sommes

pas d'avis que cet exemple puisse, de quelque façon, résoudre le problème du

demandeur quant au joint d'étanchéité destiné à une chambre de vapeur à haute

pression.

 

D'autre part, et selon les termes de la Commission lors de l'audience, il y a

abondance de moyens de scellement de diverses conceptions destinées aux "vais-

seaux de cuisson à la vapeur sous pression" des sous-classes 21, 22 et 23 de la

classe 65. Le problème de la "technique des vaisseaux de cuisson à vapeur sous

pression" est essentiellement identique au problème qui confronte le demandeur

qui s'efforce de trouver un meilleur moyen de scellement. Nous convenons toute-

fois que cette classe n'a pas été étudiée.

 

Dans la circonstance, nous sommes d'avis que le rejet de la décision finale soit

révoqué, et que la demande soit retournée à l'Examinateur avec instruction d'é-

tudier la classe pertinente à la technique susmentionnée.

 

Le président adjoint de la

Commission d'appel des brevets, Canada

 

J.F. Hughes

 

J'ai fait l'examen de l'instruction de cette demande et tenu compte de la

recommandation de la Commission d'appel des brevets. Conséquemment, je révoque

la décision finale et retourne la demande à l'Examinateur pour la reprise de

l'instruction.

 

Le Commissaire des brevets

                                  Mandataire du demandeur

                                  D.S. Johnson

                                      133 ouest, rue Richmond

J.H.A. Gariépy                    Toronto, (Ontario)

 

Fait à Hull (Québec)

le 5 juin 1978

 

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