Brevets

Informations sur la décision

Contenu de la décision

                         DECISION DU COMMISSAIRE

 

EVIDENCE: Pneus résilients pour transporteurs à rouleaux.

 

Un pneu résilient est monté sur le moyeu du rouleau du transporteur de façon

qu'il y ait friction entre les deux éléments ou que ceux-ci ne soient pas liés.

Lorsque les deux éléments ne sont pas liés, il est possible d'utiliser un

caoutchouc à faible coefficient d'hystérésis (normal) qui donne des résultats

favorables inattendus. La revendication modifiée a été jugée admissible. La

nouvelle preuve présentée à l'audience a convaincu la Commission et l'examinateur

que l'objet de la demande était brevetable.

 

Décision finale: modifiée

 

                     **********************************

 

La présente décision porte sur une demande de révision par le Commissaire des

brevets de la Décision de l'examinateur, datée du 6 octobre 1975 relativement à

la demande 161,846 (catégorie 193-11). La demande qui s'intitule "Rouleaux

résilients" a été déposée le 23 janvier 1973 au nom de Andrew T. Kornylak. La

Commission d'appel des brevets a tenu une audience le 17 août 1977 à laquelle M. P.

Kirby, représentant du client et M. Y. Takada ont assisté.

 

La demande porte sur une roue à mentonnet pour transporteur à rouleaux. Un pneu

en matière élastomère, plus étroit que la jante de la roue, est monté sur la jante

de façon qu'il y ait friction entre les deux éléments ou que ceux-ci ne soient pas

liés. Ce dispositif (c'est-à-dire pneu non fixé au moyeu) permet l'utilisation

d'un caoutchoux à faible coefficient d'hystérésis (normal).

 

Dans sa Décision, l'examinateur a refusé la demande alléguant l'absence d'éléments

brevetables en raison de l'existence des brevets américains suivants:

 

2,854,052              30 septembre 1958             Smith

3,443,674              13 mai 1969                   Kornylak

 

Le brevet Smith porte sur un ensemble pneu et jante. Le but est de constituer

un ensemble pneu et jante, composé d'un pneu résilient et d'une jante rigide,

qui peut être soumis à de très grandes charges sans pour autant nuire au travail

normal du pneu lorsqu'il doit supporter des charges normales. La figure 1

ci-dessous illustre cette invention:

 

<IMG>

 

Le brevet Kornylak porte sur un chemin de roulement de transporteur à rouleaux

modifié de façon qu'il puisse supporter de lourdes charges, par exemple des

paiettes soutenant de lourdes charges. La figure 1 ci-dessous illustre ce

montage.

 

<IMG>

 

Dans sa décision finale, l'examinateur déclare (notamment):

 

...

 

La demande est à nouveau rejetée parce que cette technique

ne présente rien de nouveau. Les transporteurs à rouleaux sont

bien connus comme le démontre le brevet américain 3,443,674, cité

à la 3e ligne de page 2 de la présente demande. Il est relative-

ment facile de substituer un pneu et une jante comme ceux de

Smith dans un dispositif connu tel le transporteur à rouleaux.

Smith, à titre de demandeur, obtient les mêmes résultats par les

mêmes moyens et pour les mêmes raisons. Il n'est pas nécessaire

d'être un expert pour ajuster les déformations axiales.

 

En ce qui concerne le dispositif "lié" du brevet Smith, il est

indiqué que la 12e ligne de la deuxième colonne fait bien ré-

férence à un "modèle démontable" qui n'est visiblement bas lié.

En ce qui concerne les commentaires du demandeur au sujet de la

déformation avant que ne soit atteinte la limite d'élasticité du

présent dispositif, il est indiqué que Smith, 1re colonne, lignes

 

21 à 37, déclare que soin pneu sera comprimé "sous un

poids donné jusqu'à une limite légèrement inférieure à

celle à laquelle le pneu fendrait ou crèverait". Il

est évident que c'est là ce que contient la présente

demande mais exprimé différemment. Le pneu crèverait ou

fendrait au moment où on atteindrait la limite d'élasticité.

Smith nous montre sonpneu là où il est relié à la roue 14

alors qu'il occupe toute lar largeur du creux de la jante,

mais il est évident d'après sa découverte que c'est parce

qu'il ne désire pas briser le lien à l'endroit où le pneu

et la roue ne rejoignent et où repose une charge, dans son

dispositif lié qu'il nous montre le penu sous cet angle.

Dans un dispositif non lié, la largeur de ce penu à 14

n'aurait aucune espèce d'importance. Smith nous montre son

pneu plus étroit que le creux de la jante sur presque toute

la hauteur de celle-ci.

 

 ...

 

Dans sa réponse à la décision finale, le demandeur déclare notamment que:

 

 ...

 

Le brevet Smith révèle bien que le pneu peut être comprimé

entre les mentonnets en raison de l'espacement normal, dans

la direction axiale, entre les mentonnets et le penu de façon

à protéger celui-ci. Tel qu'indiqué à la 3e colonne, lignes

40 à 44, on prévoit utiliser l'ensemble pneu et rail comme

roue de queue d'avion, mail il serait possible de l'utiliser

avantageusement à différentes fins dans les cas de transport

de très lourdes charges pour une courte période. Comme roue

de queue d'avion, la charge à supporter est très lourde, mais

il y a peu de chance qu'un transporteur à rouleaux fonctionnant

par gravité ait à supporter de si lourdes charges. A l'époque

où Smith a déposé son brevet, les avions atterrissaient

généralement à des vitesses excédant 100 milles à l'heure sur

des pistes d'atterrissage faites de matériaux très durs, comme

le ciment. A moins d'avoir pris des mesures particulières

permettant de faire tourner la roue de queue d'un avion avant

l'atterrissage, par exemple au moyen d'ailettes de turbine ou

d'un moteur électrique, la roue de queue restera stationnaire

par rapport à l'avion lorsque celui-ci touchera la piste. Si

l'on tient compte du fait que la vitesse de la piste par

rapport à celle de l'avion est supérieure à 100 m/h, on réalise

l'importance des forces qui s'exercent sur le pneu pour le

faire tourner, par rapport au moyeu. Il n'est probablement

pas souhaitable qu'en pareilles conditions le pneu tourne

par rapport au moyeu; le cas échéant, le pneu serait sans

aucun doute détruit. Le moyeu est habituellement muni de

roulements à rouleaux permettant de passer d'un état stationnaire

à des vitesses excédant 100 m/h. D'après le brevet Smith, le

pneu, qui peut cependant être d'un modèle solide démontable

auquel cas il faudrait avoir recours à un moyen approprié quel-

conque de montage (2e colonne, lignes 9 à 13) serait certaine-

ment conçu pour prévenir toute rotation ou tout mouvement

relatif entre la surface portante intérieure du pneu et la

surface portante extérieur du moyeu, pour les raisons mentionnées

plus haut. Le terme démontable pour pareille roue de véhicule

a la même signification que lorsqu'il est employé pour qualifier

les pneumatiques d'une voiture qui peuvent être démontés de la

jante sur laquelle ils sont fixés, et ces deux éléments ne sont

pas censés, d'une manière ou d'une autre, bouger l'un par

rapport à l'autre. Par conséquent, le brevet Smith ne nous

apprend rien par rapport au moyeu qui fait l'objet de la

présente demande, sur le montage lâche du pneu sur le moyeu

pour permettre un mouvement axial et circonférentiel relatif.

Suite à toute modification du brevet Smith en ce sens, la roue

Smith ne pourrait plus être utilisée comme roue de queue d'avion,

usage auquel elle était destinée.

 

A l'audience, l'un des principaux points sur lequel s'est penchée la Commission

fut une déclaration ambigue soumise le 14 mai 1976 par le demandeur et signée

par M. Charles P. Tabler. A l'audience la Commission a donné au demandeur la

chance d'éclaircir certaines questions et entre autres certains points obscurs

de l'affidavit.

 

Le 9 novembre 1977, le demandeur présenta un affidavit plus complet signé par

M. Tabler, ainsi que des renseignements supplémentaires permettant d'éclaircir

certaines questions soulevées à l'audience. Il a en outre déclaré qu'il acceptait

de laisser tomber toutes les revendications sauf les revendications 9 à 100. Ces

revendications, auxquelles avaient été apportées de légères modifications,

accompagnaient la réponse du demandeur en date du 9 novembre 1977, dont il a été

question plus haut. La revendication 9 se lit comme suit:

 

Un transporteur à rouleaux au repos fonctionnant par

gravité et comprenant: un support de transporteur rigide,

incliné et fixe; plusieurs roues folles de transporteur,

réellement identiques, disposées l'une à la suite de

l'autre, de façon à assurer l'acheminement des charges vers

le bas le long dudit support incliné du transporteur; des

dispositifs de roulement montés librement de manière

rotative sur chacun desdits rouleaux du transporteur sur

ledit support du transporteur dont les axes de rotation

parallèles suivent tous un plan incliné, lesdit, axes étant

perpendiculaires à ladite direction d'acheminement vers le

bas dudit plan incliné pour supporter des charges sur lesdits

rouleaux du transporteur et pour acheminer des charges, uni-

quement par gravité de haut en bas dudit support incliné;

chacun desdits rouleaux est composé d'une roue rigide ayant

une surface portante circulaire extérieure concentrique avec

son axe de rotation et une paire de mentonnets espacés

axialement et complètement prolongés radialement à l'extérieur

des côtés axialement opposés de ladite surface portante

circulaire extérieure; un pneu circulaire de matière élastomère

monté sur chaque rouleau. entre lesdits mentonnets et de

largeur axiale habituellement inférieure à l'espace axial

correspondant entre les mentonnets; ledit pneu avec une

surface portante circulaire intérieure s'ajustant parfaitement

à ladite surface extérieure portante de la roue permettant la

transmission du mouvement rotatif, ledit pneu étant monté, sans

être lié, sur ladite roue pour donner un mouvement relatif

axial et circonférentiel entre lesdites surfaces portantes

intérieures et extérieures respectives dudit pneu et de ladite

roue lorsque le matériau dont est composé le pneu est comprimé;

l'épaisseur radiale dudit pneu étant supérieure à la profondeur

radiale desdits mentonnets; ladite matière élastomère dudit

pneu ayant une limite d'élasticité grâce à laquelle il acquiert

une déformation permanente après avoir été comprimé radialement;

et la profondeur radiale desdits mentonnets par rapport à

l'épaisseur radiale dudit pneu permettant de recevoir

entièrement la matière élastomère du pneu et d'installer

directement la charge transportée avant que ne soit atteinte

la limite d'élasticité en raison de la compression radiale

exercée par cette charge.

 

Dans la technique précédente, on se servait de pneus de caoutchouc à coefficient

élevé d'hystérésis afin de mieux contrôler la vitesse d'acheminement des articles

sur un transporteur. Ces pneus avaient été liés aux moyeux appropriés. L'utili-

sation de pneus de caoutchouc normaux (faible coefficient d'hystérésis) liés aux

moyeux empêchait de contrôler l'acheminement des articles sur le transporteur de

façon que ceux-ci ne tombent pas du chemin de roulement. Aussi on a songé que la

seule façon de résoudre ce problème était l'utilisation de pneus de caoutchouc à

coefficient élevé d'hystérisis. L'utilisation de pneus liés de caoutchouc normal

ne permettait pas de contrôler la vitesse car avec l'augmentation du poids de la

charge, la vitesse et l'accélération augmentaient sensiblement.

 

Il est important de noter à partir des affidavits que lorsqu'un pneu de caoutchouc

à coefficient élevé d'hystérésis est lié, il est plus facile de contrôler la

vitesse malgré un léger ralentissement de la vitesse d'acheminement de l'article

à mesure que la charge augmente, mais que si ce même pneu n'est pas lié, il se

produit un important ralentissement à mesure que la charge augmente. Il est

évident que le fait de délier de l'intérieur et de l'extérieur un pneu de caoutchouc

à coefficient élevé d'hystérésis entraîne une restriction importante de la charge.

Il est aussi évident qu'en déliant un pneu de caoutchouc normal, on diminue les

risques de voir les articles tomber du chemin de roulement comme c'était le cas

avec pareil dispositif lié, et en fait des pneus non liés permettent d'obtenir

du transporteur un rendement très satisfaisant et de contrôler efficacement la

vitesse.

 

La présente demande explique comment grâce au contrôle efficace de la vitesse

obtenu en déliant le pneu de son moyeu (tout particulièrement lorsque le pneu est

fabriqué à base de caoutchouc à faible coefficient d'hystérésis) on obtient des

résultats favorables inattendus. Cela justifie, selon nous, l'admissibilité des

revendications 9 à 11.

 

Il est inutile d'élaborer davantage, puisque lors de l'audience l'examinateur a

jugé que les revendications 9 à 11 seraient admissibles si on lui fournissait

des explications satisfaisantes sur les questions soulevées dans l'affidavit

original. Ce qui fut fait dans la demande présentée le 9 novembre 1977.

 

Les revendications 9 à 11 sont désormais jugées admissibles et nous recommandons

leur acceptation en tant que revendications 1 à 3.

 

Le président adjoint,

Commission d'appel des brevets

 

J.F. Hughes

 

Nous avons étudié les diverses étapes de cette demande et souscrivons aux

recommandations de la Commission d'appel des brevets. Par conséquent, nous

acceptons les revendications 9 à 11 présentées en tant que revendications 1 à 3

et demandons ainsi que soit apportée cette modification. La présente demande est

retournée à l'examinateur pour que la procédure puisse suivre son cours.

 

Le Commissaire des brevets

 

J.H.A. Gariépy

 

Fait à Hull (Québec)

ce 29e jour de novembre 1977

 

Agent du demandeur

 

Kirby, Shapiro, Curphey et Eades

77 Metcalfe

Ottawa (Ontario)

K1P 5L6

 

 Vous allez être redirigé vers la version la plus récente de la loi, qui peut ne pas être la version considérée au moment où le jugement a été rendu.