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                         DECISION DU COMMISSAIRE

 

EVIDENCE: Perfectionnement des courroies transporteuses

 

La demande porte sur une armature composée de fils noyés dans l'épaisseur des

courroies transporteuses. Elle a été rejetée parce qu'elle ne comportait

pas de progrès brevetable dans cette technique, compte tenu des antériorités.

 

Décision: Confirmée

 

La présente décision porte sur une demande de révision par le Commissaire des

brevets de la décision de l'examinateur du 4 décembre 1975 concernant la demande

165,164 (catégorie 198-86). La demande a été déposée le 28 février 1973 au nom

de Harald Simonsen et coll., et s'intitule "Perfectionnements dans les courroies

transporteuses".

 

La demande décrit une courroie transporteuse (7) faite d'un élastomère et

comportant une armature de fils noyés dans sa masse (6). Ces fils, qui sont

espacés les uns par rapport aux autres, sont parallèles entre eux et placés dans

le sens de la longueur. La figure 2, tirée de cette demande et reproduite

ci-dessous, décrit la disposition de l'ensemble:

 

<IMG>

 

L'examinateur a rejeté la demande parce qu'elle n'avait pas d'objet brevetable

compte tenu des antériorités suivantes:

 

Antériorité déjà citée:

Brevet canadien

 

468,332             26 septembre, 1950           Freedlander et al

 

Antériorité

 

Mining Engineer's Handbook, Vol. 1, Third Edition, Robert Peele,

pages 12-30, figures 31(d) et 32(a). Edité par John Wiley and Sons,

Inc., en septembre 1963.

 

Le brevet Freedlander montre une courroie mécanique faite d'un élastomère et

comportant une armature de fils noyée dans sa masse (16). Les fils de cette

armature sont placés parallèlement. les uns aux autres, à intervalles réguliers.

Ces fils sont constitués de plusieurs fils d'acier (10) torsadés ensemble pour

former un unique toron. Les figures 1, 2 et 3 ci-dessous illustrent l'invention.

 

<IMGS>

 

Le Mining Handbook (Peele) montre que le procédé de torsade des fils autour d'une

âme dont le diamètre est supérieur à celui des fils pour former un toron n'est

pas nouveau et est bien connu.

 

Dans sa décision, l'examinateur déclare (notamment):

 

Le demandeur prétend, dans sa lettre du 5 mai 1975, que le

brevet Freedlander et coll. parle de câbles alors que lui-même

parle de torons faits de fils torsadés.

 

Il est reconnu que Freedlander et coll. utilise le mot "câbles"

pour désigner les fils de son armature, mais un examen attentif

de sa divulgation et de la figure 1 prouve que ce "câble" n'est

rien d'autre que le toron dont parle le demandeur, c'est-à-dire

un élément formé en torsadant ensemble plusieurs fils individuels

simples.

 

Il est clair que le mot "toron" n'a son sens véritable que lorsqu'il

entre dans la description de la structure dj une corde ou d'un câble

composé de plusieurs torons. Dans le cas du demandeur et celui de

Freedlander et coll., les fils d'armature présentent la même structure

et ne sont pas destinés à la fabrication de câbles ou de cordes. Par

conséquent, il importe peu d'appeler la chose toron ou câble, pourvu

que ces deux mots désignent la même chose dans leur divulgation res-

pective.

 

La figure 1 du brevet Freedlander et coll. montre un "toron" formé

de fils simples, torsadés en une seule opération, comme il est dit

dans la revendication 2.

 

La figure 2 du même brevet montre un "toron" formé de fils torsadé

en plusieurs opérations, comme il est dit dans la revendication 3.

 

Les fils qui composent les fils d'armature, dans ce brevet, ont

une section ronde et un diamètre à peu près identique, comme il

est dit dans les revendications 4 et 5.

 

Les "torons" de Freedlander et coll. ont une section ronde, comme

il est dit dans la revendiation 7.

 

La figure 3(d) de la page 12-20 du Mining Engineering Handbook de

Peele montre que le procédé de torsader des fils autour d'une âme

dont le diamètre est supérieur à celui des fils pour former un

toron n'est pas nouveau et est bien connu.

 

La figure 32(a) de la page 12-21 de ce même livre montre un toron

qui n'est pas rond de section, comme il est dit dans la revendica-

tion 8.

 

En réponse à la décition de l'examinateur, le demandeur s'oppose au rejet de

sa demande et soutient que le brevet Freedlander a été accordé pour une courroie

de transmission tandis que le sien concerne une courroie transporteuse. Il

soutient que les fils d'armature du brevet Freedlander sont conçus comme des

câbles constitués de beaucoup de fils fins. Il déclare notamment:

 

La courroie transporteuse dont il est question ici se distingue

surtout par le fait que ses fils d'armature sont formés de torons

dont les fils sont torsadés en une seule opération. Les fils

sont, de préférence, constitués de fils d'acier simples et ronds,

et les torons sont tour à tour composés de fils de grosseur

uniforme ou encore de fils de même grosseur entoulés autour

d'une âme dont le dîamètre est plus grand.

 

Pour la fabrication de la courroie transporteuse décrite dans

la présente invention, on doit employer des torons formés de fils

plutôt que des câbles d'acier. Les torons sont alors noyés dans

l'élastomère qui forme la courroie proprement dite à peu près de

la même façon que des câbles d'acier le seraient. Donc, la cour-

roie renforcée d'un toron est à mi-chemin entre la courroie de

tissu et celle d'acier. Il est moins couteux d'utiliser un toron

qu'un câble d'acier. De plus, les courroies renforcées d'un

toron présentent sur les courroies de tissu le même avantage

que les courroies d'acier. Pour les petites installations, qui

n'ont que de faibles forces de traction et des sollicitations

secondaires au choc, c'est une économie d'employer des courroies

à armature d'acier plutôt que les courroies tout en acier, qui

sont trop fortes. En raisan de leur faible grosseur, il est

possible de noyer un plus grand nombre de torons d'acier dans

la courroie que de câbles d'acier complets, de telle sorte que

les courroies à torons offrent une plus grande surface

d'armature et peuvent offrir une plus grande durabilité que

les courroies armées de câbles d'acier.

 

                                   ...

 

Le demandeur présente une courroie transporteuse armée qui

marque un avantage certain sur les courroies de tissu et présente

de plus des caractéristiques et des avantages que les courroies

à câbles d'acier ne possèdent pas. Par exemple, elle est de

fabrication moins coûteuse, et est plus légère et plus durable

que ces dernières, On pourra donc installer une courroie à

armature d'acier là où l'on ne pouvait le faire auparavant et

où il fallait recourir à des courroies de tissu, Voilà une

solution simple à un problème important, et le demandeur satis-

fait aux autres exigences quant à une invention, en plus de

l'économie et de l'efficacité. Pour ces raisons, le demandeur

croit qu'il a le droit de faire protéger d'un brevet les reven-

dications qu'il présente et demande respectueusement qu'il lui

soit accordé.

 

La question est donc de savoir si la demande porte sur un perfectionnement

technique qui soit brevetable. L'examinateur a rejeté les revendications et

la demande dans son ensemble. La revendication 1 se lit comme suit:

 

Une courroie transporteuse faite de caoutchouc ou d'un

élastomère et comportant une armature de fils noyée dans sa

masse, ces fils étant à peu près parallèles entre eux et

espacés les uns par rapport aux autres, placés longitudina-

lement par rapport à ladite courroie et noyés dans la

matière qui la compose de façon qu'ils y soient liés; ces

fils d'armature sont formés d'un ensemble de fils d'acier

torsadés ensemble pour former un toron unique.

 

Le demandeur fait remarquer que le brevet Freedlander porte sur une courroie

de transmission alors que sa demande concerne une courroie transporteuse.

Nous faisons remarque, quant à nous, que Freedlander déclare que son

invention "porte sur les courroies à armature, particuliérement celles qui, sont

en V et ont un axe neutre comportant des fils fins en métal". (Nous soulignons)

 

Le demandeur prétend que les éléments de l'armature chez Freedlandex sont des

câbles composés de torons, chaque toron étant composé d'un ensemble de fils fins.

Il ne nous apparaît pas que la preuve appuie cette assertion. Le brevet

Freedlander (figure 1, supra) décrit ces "torons" comme étant composés de fils

simples torsadés en une seule opération, tandis que la figure 2, supra, montre

un "toron" torsadé en plusieurs opérations. Nous croyons donc que le "câble" de

Freedlander n'est rien d'autre que ce que le demandeur appelle "toron", c'est-à-

dire un élément formé en torsadant ensemble plusieurs fils simples. De toutes

façons, le demandeur, dans sa réponse à la décision de l'examinateur, déclare ce

qui suit à la page 4, lignes 7 et suivantes; "Le brevet canadien (Freedlander)

porte sur une courroie de commande en forme de V comportant des torons de métal

très rapprochés, dans sa section neutre" (nous soulignons), Freedlander déclare

que son invention porte "sur des caurroies à armature de fil métallique,

particulièrement celles qui sont en V et ont un axe neutre comportant des fils

fins en métal" (Nous soulignons). Rigoureusement parlant, les fils sont utilisés

(torsadés) pour former des torons, tandis que les torons sont utilisés (torsadés)

pour former des câbles.

 

Le demandeur soutient que les torons sont installés, dans la présente invention,

transversalement par rapport à la courroie, Il ne s'agit là que d'une caracté-

ristique courante dans la fabrication de ces courroies. Il ajoute également

que son invention "porte sur les courroies dites à câbles d'acier, par opposition

aux courroies traditionnelles qui comportent un certain nombre d'épaisseurs de

tissu". A ce sujet, Freedlander déclare: "Plus récemment, des câbles (torons)

"Plus récemment, des cribles (torons) formés de fils torsadés ou tressés

d'envison 0.005 pouce de diamètre ont été utilisés pour remplacer les fibres

textiles". Nous croyons que tous deux parlent de la même chose. Freedlander

ajoute, en parlant du perfectionnement technique qu'il apporte et qui consiste

à électroplaquer les torons de l'armature, que cela permet d'obtenir "une bonne

adhérence entre le fil plaqué et la matière dont la courroie est faite".

 

Considérons maintenant les revendications. La revendication 1 porte sur une

courroie transporteuse comportant une armature de fils métalliques, ces fils

étant liés au matériau de la courroie et composés d'un ensemble de fils de

métal torsadés ensemble pour former un toron unique. Il s'agit en gros, à

notre avis, de la même chose décrite par Freedlander, qui utilise le mot

"câble", là où le demandeur parle de "toron". Nous convenons que la revendica-

tion se limite à une courroie transporteuse, mais l'invention de Freedlander

"porte sur les courroies à armature de fils métalliques..." Le concept et le

résultat sont les mêmes. Nous croyons donc que la revendication 1 ne porte

pas sur un perfectionnement technique brevetable et doit être rejetée.

 

Les revendications 2 et 3 sont reliées à la revendication 1 et portent sur une

opération de torsade précise qui est clairement montrée dans les figures 1 et

2 du brevet Freedlander.

 

Les revendications 4 et 5, qui sont indirectement reliées à la revendication 1,

portent sur certaines caractéristiques telle la forme transversale des fils

et n'ajoutent rien de brevetable à la revendication 1.

 

Les caractéristiques supplémentaires décrites dans les revendications 6, 7

et 8, comme l'utilisation d'une âme ou la forme du toron, se trouvent déjà

chez Freedlander et dans le Mining Handbook de Peele (que l'examinateur cite).

 

En résumé, nous sommes convaincue que les revendications, et la demande dans

son ensemble, ne portent pas sur un perfectionnement technique brevetable

étant donné les antériorités citées par l'examinateur. Il n'y a, à notre sens,

rien d'inventif. Nous recommandons que le rejet de la demande soit maintenu.

 

Le président adjoint

Commission d'appel des brevets

 

J.F. Hughes

 

J'ai examiné l'instruction de ce cas et la recommandation de la Commission

d'appel des brevets. J'ai donc décidé de refuser d'octroyer un brevet pour

cette demande. Le demandeur a six mois pour faire appel de cette décision,

conformément à l'article 44 de la Loi sur les brevets.

 

Le Commissaire des brevets

 

J.H.A. Gariépy

 

Fait à Hull(Québec)

ce 21 février 1977

 

Agent du demandeur

Fetherstonhaugh & Co.

Suite 456

409, rue Granville

Vancouver (Colombie-Britannique)

V6C 1H5

 

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