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                      DECISION DU COMMISSAIRE

 

IMPRACTICABLE: Mire de points pour tubes à rayons cathodiques

 

Pour obtenir sur l'écran la couleur souhaitée, la source lumineuse doit tourner

excentriquement par rapport à la ligne médiane du tube. Les revendications

qui ne précisaient pas cette exigence ont été rejetées.

 

Décision: Confirmée

 

La présente décision concerne une demande de révision par le Commissaire des

brevets de la décision de i'examinateur datée du 24 octobre 1975 concernant la

demande 114,647 (Catégorie 95-36). La demande a été déposée le 2 juin 1971 au

nom de Constant J.M. Geenen et coll. et s'intitule "méthode et dispositif

visant à produire des mires de points pour tubes à rayons cathodiques."

 

La présente invention concerne les tubes à rayons cathodiques utilisés dans les

télécouleurs plus particulièrement la façon dont les points colorés se forment

sur l'écran. Celui-ci comprend une mosaïque de luminophores circulaires

diffusant la lumière en différentes couleurs lorsqu'ils sont excités par un

rayon d'électrons. Un dispositif optique projette une mire d'ouvertures

circulaires sur une couche photosensible afin de produire des luminophores.

La figure 1 (ce-dessous) illustre l'appareil servant à produire ces points.

 

<IMG>

 

Dans sa décision, l'examinateur a rejeté les revendications 1, 4, 5 et 6 parce

qu'elles étaient impraticables. Il déclarait (notamment):

 

   Je rejette les revendications 1, 4, 5 et 6 parce qu'elles

sont impraticables. Il faut également retirer les allusions

à la rotation concentrique aux lignes 8 et 21 à 25, page 12,

ainsi qu'à la ligne 16 de la page 15 puisqu'il s'agit d'une

combinaison impraticable.

 

   Comme on l'indique aux lignes 15 à 20 de la page 10, et aux

lignes 1 à 5 de la page 12, l'invention porte sur une

méthode et un dispositif qui distribuent à la fois une

lumière mascroscopique symétrique de façon rotative et une

lumière microscopique dont l'intensité est très grande dans

la partie obscure.

 

   Pour obtenir un degré élevé d'intensité lumineuse dans la

partie obscure de chaque point exposé, la source lumineuse

doit tourner excentriquement par rapport à un axe essentiel-

lement perpendiculaire au centre du support. La divulgation

analyse cette caractéristique aux lignes 25 à 29 de la page 12,

7 à 11 de la page 13, 21 à 27 de la page 14 et à 8 de la page

15. De plus, toutes les figures de la structure montrent une

source lumineuse excentrique par rapport à l'axe perpendicu-

laire au support. La rotation excentrique de la source

lumineuse constitue donc une caractéristique essentielle d'une

méthode ou d'un appareil fonctionnels.

 

   Si le demandeur se fonde sur les lignes 8, et 21 à 25 de la

page 12 ainsi que sur la ligne 16 de la page 15 lesquelles

exposent la production de l'effet macroscopique d'une source

lumineuse circulaire assez grande, grâce à la rotation par

rapport à un axe, on prétend que la description de la page 12

est insuffisante pour pouvoir être appliquée. L'expression

"environ" à la ligne 8 de la page 12, ainsi que la phrase de

la page 12 (lignes 21 à 25) sont trop générales. De plus,

l'expression "qui entrecroise", à la ligne 16 de la page 16,

est inexacte. On considère que la rotation axiale d'une

source lumineuse allongée ne produira pas une source lumineuse

annulaire mais simplement une source lumineuse uniforme et

circulaire dont le degré d"intensité ne sera pas très élevé

dans la partie obscure de chaque point. Autrement dit, la  

directivité à faible variabilité obtenue grâce à la rotation

excentrique de la source lumineuse est essentielle pour

obtenir un degré d'intensité très élevé dans la partie obscure

lors de l'exposition totales de chaque point; les lignes 27 à

29 (page 12) et les lignes 3 à 6 et 15 à 20 (page 10) appuient

également cette assertion. Il faut donc modifier les pages 12

et 15 de la divulgation.

 

   Les revendications 1 et 4 est les revendications dépendantes 5

et 6 mentionnent la rotation d'une source lumineuse située

sur-l'axe ou hors-l'axe et sont donc si générales qu'elles

incluent la réalisation impraticable d'une source lumineuse

uniforme et circulaire plutôt que la réalisation praticable

d'une source lumineuse annulaire produite par la rotation

excentrique de la lumière. Par ailleurs, la revendication

semble reposer sur les figures 3 et 4 qui illustrent seulement

une rotation excentrique. De même, la revendication 4 et les

revendications dépendantes 5 et 6 semblent reposer sur la

réalisation de la figure 5 qui, elle aussi, ne montre qu'une

rotation excentrique. Les revendications 1 et 4 et les

revendications dépendantes 5 et 6 sont rejetées du fait qu'elles

sont impraticables.

 

La réponse du demandeur datée du 28 août 1975 dans laquelle

il déclare (paragraphe 2, page 2) que l'invention vise

principalement à obtenir des taches lumineuses symétriques

et rotatives derrière chaque ouverture du masque perforé,

est insuffisante. Malgré le fait que les deux derniers

rapports de l'examinateur établissent que la rotation

excentrique constitue une caractéristique essentielle d'une

revendication praticable, le demandeur, dans ses réponses

n'a ni inclu cette caractéristique dans ses revendications

ni réfuté les objections de l'examinateur.

 

Les revendications 1 et 4 ainsi que les revendications

dépendantes 5 et 6 sont rejetées, étant impraticables du

fait qu'elles n'incluent pas la caractéristique essentielle

de la rotation excentrique. Il faudrait par exemple ajouter

le terme "excentrique" après "rotation" à la ligne 8 de la

revendication 1 (où le mot apparait pour la première fois)

et le terme "excentriquement" après "tournant", à la ligne 7

de la revendication 4.

 

Dans sa réponse à la décision datée du 15 janvier 1976, le demandeur déclarait

(notamment):

 

A la page 5 de la divulgation, sont précisés les objets de

l'invention, soit la distribution de lumière macroscopique et

microscopique à rotation symétrique. Selon l'invention

(toujours à la page 5), la "source lumineuse tourne autour d'un

axe qui est essentiellement perpendiculiare au support". On

déclare également que si "l'axe longitudinal de la source

lumineuse (une source allongée) et l'axe de rotation s'entre-

coupent, cet entrecroisement produira une source lumineuse

circulaire". On prétend qu'il est évident, surtout s'il s'agit

d'une source lumineuse allongée non ponctuelle, que la distri-

bution de lumière sera à la fois mascroscopique et microscopique,

peu importe que le centre réel de la lumière allongée corresponde

à l'axe de rotation. A la ligne 25 de la page 12 de la divulga-

tion, il est évident que le demandeur songe à la rotation

concentrique de la source lumineuse car il déclare que si l'axe

de la source lumineuse et celui de rotation ne s'entrecroisent

pas, on obtiendra une source lumineuse annulaire. Une telle

source lumineuse apparaît chaque fois que la lumière se concentre

ailleurs que sur le centre de l'écran.

 

Il est aussi prouvé qu'aucune source lumineuse n'est parfaite et

qu'une source lumineuse absolument ponctuelle est impossible à

obtenir; donc, la concentration lumineuse maximale ne peut

coincider avec l'axe de roitation que par pure coincidence.

 

Il est maintenant évident que le demandeur songeait autant à la

rotation concentrique qu'à la rotation excentrique de la source

lumineuse, et, même si les dessins portent sur la rotation

excentrique, l'application la plus difficile à comprendre, il

envisageait aussi la rotation concentrique comme le prouve la

divulgation dont il est question plus haut et celle que

mentionne l'examinateur aux pages 12 et 15.

 

On prétend que l'examinateur a tort de demander que la

divulgation soit restreinte car rien ne l'y autorise. Celle-ci

expose la portée de l'invention et seules les revendications

peuvent être limitées de façon à couvrir ni plus ni moins que

ce que l'inventeur a divulgué, sauf, bien entendu, s'il existe

une antériorité restrictive.

 

Il est écrit à la ligne 27 de la page 11 que l'invention pare

à certains inconvénients de l'antériorité:

 

(a) un élément conique nécessite un temps d'exposition

trop long;

 

(b) il est impossible de produire une source lumineuse

annulaire ou autre à grand diamètre au moyen d'un

élément conique.

 

La rotation concentrique d'une source lumineuse pare au premier

inconvénient (a) tandis que la rotation excentrique évite le

second. En suivant les instructions de la divulgation, il est

possible de réaliser l'un ou l'autre type de symétrie rotative.

 

La Commission doit déterminer si les revendications 1, 4, 5 et 6 sont imprati-

cables pour donner le résultat envisagé dans la divulgation.

 

La revendication 1 se lit comme suit:

 

Une méthode destinée à projeter la lumière à travers une mire

à ouvertures circulaires sur une couche photosensible appuyée

sur un support, ladite méthode consistant à: localiser une

source lumineuse en face de ladite, mire à ouvertures du côté

opposé à ladite couche photosensible, à diriger un axe de très

forte intensité lumineuse de ladite source vers le centre de

ladite couche photosensible et à imposer un mouvement de

rotation continu à ladite source lumineuse, un mouvement dont

l'axe de rotation est essentiellement perpendiculaire au centre

de ladite couche photosensible.

 

Etant donné que certaines revendicaltions ont été rejetées du fait qu'elles sont

impraticables, nous évaluerons d'abord les objectifs de l'invention tel qu'ils

ont été exposés dans la divulgation. En soulignant ces objectifs qui figurent

aux pages 2 à 17 (inclusivement), le demandeur n'a pas clairement établi la

façon dont il compte résoudre les problèmes de l'antériorité. L'examinateur a

mentionné ce fait dans son rapport du 17 juin 1975, en soulignant que "la

divulgation n'établit pas clairement l'objet de l'invention". Dans sa réponse,

le demandeur indiquait que "la présente invention avait comme principal objet

d'obtenir des taches lumineuses rotatives et symétriques derrière chaque

ouverture du masque perforé, des distributions de lumière microscopiques".

 

Dans la décision, l'examinateur réitère encore une fois son opinion au

paragraphe 6:

 

   Comme on l'indique aux lignes 15 à 20, de la page 10, et aux

lignes 1 à 5 de la page 12, l'invention porte sur une méthode

et un dispositif qui distribuent à la fois une lumière

macroscopique symétrique de façon rotative et une lumière

microscopique dont l'intensité est très grande dans la partie

obscure.

 

   Pour obtenir un degré élevé d'intensité lumineuse dans la

partie obscure de chaque point exposé, la source lumineuse doit

tourner excentriquement par rapport à un axe essentiellement

perpendiculaire au centre du support.

 

Dans sa réponse à la décision, le demandeur rétorque que "les objets de

l'invention (sont présicés) à la page 5 de la divulgation, soit la distribution

de lumière macroscopique et microscopique à rotation symétrique". Les dessins

ne montrent qu'un arrangement lumineux excentrique et la description détaillée

(pages 18 à 23) indique la façon dont le demandeur obtient le résultat

souhaité. Nous concluons donc que l'objet fondamental de l'invention consiste

à obtenir une distribution de lumière dont le degré d'intensité est très élevé

dans la partie obscure de chaque point exposé par chaque ouverture du masque

grâce à la rotation excentrique de la source lumineuse.

 

Dans sa réponse à la décision, le demandeur souligne qu'il a bien envisagé la

rotation concentrique de la source lumineuse et qu"'(...) une source lumineuse

(annulaire) apparait chaque fois que la lumière se concentre ailleurs que sur

le centre de l'écran". Nous sommes d'accord avec le demandeur sur ce point.

Toutefois, la rotation concentrique ne produit pas l'effet souhaité, c'est-à-

dire un degré élevé d'intensité lumineuse dans la partie obscure de chaque

point d'exposition. Ce résultat ne peut être rendu que par la rotation excen-

trique, c'est-à-dire la seule réalisation exposée dans les dessins et expliquée

aux pages 18 à 23 de la divulgation. Les déclarations concernant l'objet de

l'invention (pages 2 à 17) n'indiquent aucun autre arrangement permettant

d'atteindre ce résultat.

 

Dans sa réponse à la décision, au dernier paragraphe de la page 2, le demandeur

déclare:

 

Il est écrit à la ligne 27 de la page 11 que l'invention

pare à certains inconvénients de l'antériorité:

 

(a) un élément conique nécessite un temps d'exposition trop long;

 

(b) il est impossible de produire une source lumineuse annulaire

ou autre à grand diamètre au moyen d'un élément conique.

 

La rotation concentrique d'une source lumineuse pare au premier

inconvénient (a) tandis que la rotation excentrique évite le

second. (nous soulignons)

 

Le demandeur et l'examinateur s'entendent donc sur ce point puisque la rotation

excentrique résout le problème (b). L'examinateur a accepté les revendications

2 et 3 qui portent sur le mouvement excentrique.

 

Les revendications 1, 4, 5 et 6 sont rejetées car elles supposent la rotation

de la source lumineuse sur l'axe, ou hors-l'axe, et comprennent la réalisation,

non souhaitable à notre avis, d'une source lumineuse uniforme et circulaire au

lieu de la réalisation efficace d'une source lumineuse utilisant la rotation

lumineuse excentrique. Dans De Forest Phonofilm c. Famous Players 1931 Ex. C.R.

27 à 43, le juge Maclean déclare:

 

Le mémoire descriptif doit "décrire clairement et entièrement

l'invention ainsi que son fonctionnement ou son utilisation

tels qu'ils sont envisagés par l'inventeur" et "exposer

clairement les diverses étapes concernant... la construction

ou la fabrication de la machine, etc." Le droit coutumier

l'exige ainsi que la Loi. Si le mémoire descriptif contient

des termes obscurs ou ambigus qui auraient pu être évités,

le brevet est nul, qu'il s'agisse d'un défaut de construction,

d'inattention ou d'un manque de compétence; rien n'excuse

l'emploi de termes ambigus lorsqu'il existe des termes plus

simples, sauf s'il s'agit d'une invention difficile à expli-

quer. Si les termes d'une description sont ambigus et

équivoques au point que l'application en est toujours aléa-

toire, il incombe au tribunal d'annuler le brevet.

 

Il est à noter que l'examinateur a indiqué que les revendications indépendantes

1 et 4 seraient acceptables si elles comportaient la caractéristique de

mouvement excentrique et nous partageons cet avis.

 

La Commission recommande que soit confirmé le rejet des revendications 1, 4,

5 et 6.

 

Le président de la Commission d'appel des brevets

 

G.A. Asher

 

Je souscris aux recommandations de la Commission d'appel des brevets et

rejette les revendications 1, 4, 5 et 6. Le demandeur dispose d'une période

de six mois pour en appeler de la présente décision en vertu des dispositions

de l'article 44 de la Loi sur les brevets.

 

Le Commissaire des brevets

 

J.H.A. Gariépy

 

Daté à Hull (Québec)

ce 20 jour d'octobre 1976

 

Agent du demandeur

C.E. Van Steinburg

116, avenue Vanderhoof

Toronto (Ontario)

 

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