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                      DECISION DU COMMISSAIRE

 

   EVIDENCE; Contenants aérosols pour compositions produisant de la résine

                  anaérobique.

 

L'inventeur a emballé dans des contenants aérosols sous pression des compositions

produisant de la résine anaérobique qui durcissent en présence d'oxygène,

auxquelles il a ajouté de l'oxygène pour en empêcher le durcissement.

 

Rejet: Confirmé

 

La présente décision porte sur une demande de révision par le Commissaire des

brevets de la décision de l'examinateur du 23 janvier 1975 au sujet de la demande

115,800 (catégorie 222-55). La demande a été déposée le 16 juin 1971 au nom de

Denis J. O'Sullivan et al, et est intitulé "Compositions anaérobiques". Le 9

juin 1976, la Commission d'appel des brevets a tenu une audience à laquelle M. N.

Eades représentait le demandeur.

 

La demande décrit des compositions anaérobiques qui sont enfermées dans des

contenants aérosols. Le contenant est mis sous pression grâce à un agent de

propulsion dont une des composantes est l'oxygène. Les compositions demeurent

stables et utilisables pour une période de six mois ou plus.

 

On entend par "compositions anaérobiques" des compositions polymérisables, qui ne

durcissent pas en présence d'oxygène,, mais qui se polymérisent en l'absence d'oxy-

gène, c'est-à-dire qu'elles sont anaérobiques. Un exemple en est la "loctite",

composition produisant de la résine qui, lorsqu'on en enduit des écrous et des

boulons, se durcit de façon à fixer solidement l'écrou au boulon; il n'est pas

nécessaire ainsi d'installer des coussinets d'appui verrouillants sous l'écrou.

 

Dans sa décision finale, l'examinateur a rejeté la demande parce qu'elle ne décri-

vait pas un progrès brevetable dans la technique. Les antériorités suivantes ont

été citées:

 

Brevet américain

 

2,895,950           le 21 juillet 1959          Krieble

 

Shepherd "AEROSOLS: SCIENCE & TECHNOLOGY" 1961, Chapitre 6

 

Le brevet Krieble décrit une composition anaérobique comportant un mélange

d'esters acryliques polymérisables et, à cette fin, une amorce de polymérisation

de peroxyde; il s'agit là d'une amorce hydroperoxyde.

 Dans sa décision finale, l'examinateur déclare (notamment):

 

 Cette demande est rejetée puisque la méthode d'emballage de la

 composition anaérobique démontrée dans la divulgation est

 considérée évidente pour un spécialiste de la technique des

 contenants aérosols. En outre, les compositions elles-mêmes

 destinées à être emballées sous forme d'aérosol ne sont pas

 nouvelles.

 

 A l'égard des compositions elles-mêmes, le demandeur reconnaît

 dans sa lettre du 8 avril 1974 que Krieble ainsi qu'une série d'autres

 brevets démontrent des compositions anaérobiques. Il s'agit ici

 uniquement de déterminer si l'emballage d'une composition anaérobique

 sous forme d'aérosol constitue une invention. Comme il est divulgué

 

Comme il est divulgué à la page 2, paragraphe 4, "l'invention décrit

 des compositions anaérobiques emballées sous forme d'aérosol liquide".

 L'examinateur n'a pas opposé de brevet pour un contenant aérosol à

 ces revendications puisque le demandeur déclare dans sa divulgation

 que "les contenants ... peuvent être tout contenant convenable

 capable de résister aux pressions internes superatmosphériques

 nécessaires dans un tel système." Par conséquent, tout contenant

 aérosol convenable peut être utilisé, de sorte que le contenant ne

 représente pas une invention en lui-même. Comme le déclare le

 demandeur dans sa lettre du 5 janvier 1973, la prétendue invention

 réside au niveau de l'emballage d'une composition anaérobique dans

 un contenant scellé de type connu.

 

 Comme le révèle le demandeur, les compositions anaérobiques instables

 sont des compositions catalysées polymérisables qui sont stables en

 présence d'oxygène mais qui se solidifient en son absence. Nous sommes

 d'avis que c'est là une notion tout à fait courante pour tout spécialiste

 de la technique de l'emballage en aérosol; rien n'est plus évident si

 l'on désire emballer une composition anaérobique sous forme aérosol que

 de s'assurer que le contenant renferme de l'oxygène afin de maintenir la

 composition dans un état liquide.

 

  ...

 

 Le demandeur a soutenu que rien dans le brevet Krieble, ou dans les

 autres brevets relatifs aux compositions anaérobiques, ne fait

 mention des techniques d'emballage en aérosol appliquées aux composi-

 tions anaérobiques. En outre, il affirme que ces compositions n'ont

 été utilisées auparavant que dans des contenants de polyéthylène à

 faible densité, comme le déclare M. Heilig, membre du conseil d'ad-

 ministration de la société Loctite. Nous ne contestons pas cet

 argument. L'examinateur n'a pas déclaré que des compositions anaéro-

 biques avaient été emballées antérieurement sous forme d'aérosol. Il

 n'est peut-être pas évident pour un spécialiste de la technique

 d'élaboration des compositions aérobiques de savoir comment emballer

 de telles compositions dans des contenants autres que ceux de polyéthy-

 lène a faible densité; néanmoins, il est considéré comme évident pour

 un spécialiste de la technique des l'emballage en aérosol, une fois qu'on

 lui a~~ndiqué que la présence de l'oxygène est nécessaire, de s'assurer

 simplement que l'agent de propulsion renferme de l'oxygène au moment de

 l'emballage d'une telle composition. Comme il a été précisé antérieure-

 ment, un des problèmes de l'emballage en aérosol consiste à s'assurer

 qu'il n'y ait aucune réaction entre le contenu et l'agent de propulsion;

 de là, l'utilisation des gaz inertes. Il semble que lorsqu'une telle

 réaction n'est pas seulement désirable mais nécessaire, comme dans le

 présent cas, les problèmes de l'emballeur sont simplifiés.

 

Le demandeur admet ne pas avoir divulgué une nouvelle

composition en soi. Il admet aussi que les contenants en

eux-mêmes sont d'un type connu. Il est considéré comme

évident pour un spécialiste de la technique d'emballage en

aérosol d'ajouter de l'oxygène à l'agent de propulsion

lorsqu'il s'agit d'emballer des compositions anaérobiques

sous forme d'aérosol, afin qu'elles ne se solidifient pas.

La quantité minimale d'oxygène requise par rapport au reste des

gaz en présence dans l'agent de propulsion n'est déterminée que

par l'expérience. Le demandeur n'à pas démontré de progrès dans

cette technique qui ne soit pas évident.

 

Le demandeur, dans sa réponse du 14 juillet 1975 à la décision finale, a présenté

une nouvelle série de revendications (1 à 9). Dans sa réponse, il déclare (notamment):

 

L'objet de la présente modification est de restreindre les reven-

dications à une réalisation préférentielle dont les caractéristiques

ne sont pas spécialement évidentes par rapport aux revendications

visées par la décision de l'examinateur. La revendication 1 se

limite maintenant à un agent de propulsion à hydrocarbure de chlore

ou de fluore renfermant jusqu'à quatre atomes de carbone et de

l'oxygène, l'oxygène ayant une pression partielle variant entre

environ 0.1 livre par pouce carré et environ un tiers de la pression

totale à l'intérieur du contenant. Ces restrictions sont entière-

ment appuyées par la divulgation originale et les changements à la

divulgation qu'apporte la présente modification n'ont pour fin

unique que de la restreindre à l'invention maintenant revendiquée.

 

 ...

 

Le demandeur reconnaît que Krieble, tout comme une série d'autres

brevets et d'articles de journaux, etc., décrit des compositions

anaérobiques. Certains des brevets antérieurs divulguent aussi

l'emballage d'une série de compositions sous forme d'aérosol.

 

Pour ce qui est, tout d'abord, de la simple question de nouveauté,

i1 convient de remarquer que ni Krieble ni les autres brevets

antérieurs ne démontrent l'utilisation de compositions anaérobiques

sous forme d'aérosol. Il n'y est jamais fait mention de techniques

d'emballage en aérosol appliquées aux compositions anaérobiques. Le

brevet Krieble décrit en termes généraux un tel "contenant", mais à

la colonne 2, ligne 64 et suivantes, il décrit le genre de contenant

préférable comme étant "un contenant de préférence en polyéthylène

ou tout autre contenant qui permet l'expulsion de l'air". Le passage

d'oxygène frais le long des parois du contenant est depuis longtemps

connu comme une caractéristique essentielle pour l'emballage de

compositions anaérobiques. En fait, il semble que les compositions

anaérobiques, depuis leur invention, n'ont été utilisées uniquement

que dans des contenants de polyéthylène à faible densité.

 

 ...

 

Il est particulièrement surprenant que des niveaux si faibles

d'oxygène combinés à un agent de propulsion à hydrocarbure halogéné

soient capables de maintenir des compositions anaérobiques en état

instable. Bien que les raisons de ce comportement ne soient pas

entièrement comprises par les spécialistes des techniques des compo-

sitions anaérobiques ou de l'emballage en aérosol, l'on croit que

les agents de propulsion à hydrocarbure chloré ou fluoré possèdent

une solubilité assez élevée à l"oxygène et qu'à mesure qu'ils se

 liquéfient à l'intérieur du contenant aérosol, ils incorporent

 des quantités importantes d'oxygène dans la phase liquide, ce

 qui a pour effet de tendre à incorporer et à transférer

  l'oxygène à l'ensemble du liquide anaérobique. Les demandeurs

 sont par conséquent d'avis que les agents de propulsion sont

 susceptibles de s'acquitter des fonctions de perméabilisation

 dévolues aux contenants de polyéthylène pour les compositions

 anaérobiques.

 

 Nous remarquons que le demandeur, dans sa lettre du 8 avril 1974, a déclaré

 que Krieble, tout comme une série d'autres brevets, divulgue des compositions

 anaérobiques. Le demandeur déclare en outre que le contenant "peut être tout

 contenant convenable capable de résister aux pressions internes superatmosphé-

 riques que suppose un tel système". (voir la page 10 de la divulgation).

 

 Il s'agit donc uniquement de déterminer si l'idée ou le concept (sous-jacent

à la combinaison revendiquée) de l'emballage d'une composition anaérobique

 sous forme d'aérosol constitue une invention.

 

 Par conséquent, la valeur de la prétendue invention réside au niveau de l'idée

 ou du concept à la base de l'invention. Néanmoins, la jurisprudence est très

 claire à cet égard, la découverte d'un concept est susceptible de permettre la

 concession d'un brevet, même si les moyens pour le réaliser sont évidents étant

 donné le concept. Voir Electrolier Manufacturing Co. Ltd. c. Dominion

 Manufacturers Ltd. (1934) S.C.R. 436 à 442, décision dans laquelle le juge

 Rendred déclarait:

 

 La valeur du brevet Pallows ne réside pas tant au niveau

 des moyens de réaliser l'idée qu'à celui de la conception

 de l'idée elle-même...

 

 Il s'agit donc, en premier lieu, de décider si l'idée ou le concept (sous-jacent

 à la combinaison revendiquée) constitue une nouveauté. Si c'est une nouveauté,

 il s'agit de mettre d l'épreuve l'idée ou le concept pour juger s'il y a

 invention. Nous tenons aussi à rappeler que la simplicité ne suggère pas

 nécessairement qu'une chose n'est pas évidente.

 

 Il est évident, du moins en ce qui a trait aux faits qui nous ont été présentés,

 que l'idée ou le concept constitue une nouveauté dans la mesure où la compo-

 sition anaérobique n'a pas été emballée dans un contenant aérosol avant que le

 présent inventeur ne l'ait réalisé. L'idée générale de l'emballage des liquides

 dans des contenants aérosols n'est évidemment pas nouvelle. Il s'agit donc

 ensuite de déterminer si la reconnaissance de l'idée ou du concept permet la

 concession d'un brevet.

 

Lors de l'audience, M. N. Eades a bien précisé "qu'il n'y a aucune

difficulté à expulser une substance anaérobique d'un contenant aérosol". Il

suffit d'utiliser des contenants agents de propulsion et techniques de remplis-

sage normaux.

 

Il a en outre été signalé lors de l'audience que lorsque les compositions sont

contenues dans de grandes cuves, on y introduit de l'air ou de l'oxygène à

petites doses pour empêcher la composition de se stabiliser. De toute évidence,

cette mesure est nécessaire parce qu'en absence d'oxygène, la composition se

solidifiera. Par conséquent, c'est un fait connu ou du moins évident que le

contenant aérosol à cette fin précise doit renfermer de l'oxygène. Néanmoins,

la pratique d'ajouter de l'oxygène n'a rien de nouveau.

 

Le "tube" d'un contenant aérosol est appelé "tube d'immersion". D'après

Shepherd, supra, ce tube est "fabriqué à partir de catégories ou sortes spéciales

de polyéthylène..." (voir la page 136 de Shepherd).

 

Il y a eu un long débat au cours de l'audience au sujet de la raison pour

laquelle la composition ne durcissait pas dans le tube d'immersion lors de

l'emmagasinage. Une caractéristique essentielle des petits contenants antérieurs,

pour empêcher le durcissement, était qu'"un courant d'oxygène frais circule à

travers les parois du contenant". Selon le demandeur, dans sa lettre (faisant

suite à l'audiences reçu le 18 juin 1.976, l'oxygène ne circulera pas à travers

les parois du tube d'immersion puisque ses parois sont essentiellement non

poreuses. Il faut toutefois se rappeler que le tube d'immersion sera rempli

de la même composition liquide que celle qui se trouve dans la partie principale

du contenant. Cette composition est en présence d'oxygène, dont la quantité

nécessaire a été ajoutée au contenant sous pression. Nous sommes d'avis que cette

méthode d'incorporation d'oxygène équivaut ou sert aux mêmes fins que le dispo-

sitif d'infiltration susmentioné.

 

De toute façon, c'est un fait notoire que la solubilité des gaz dans les

liquides s'accroît fortement si les gaz sont sous pression. La Loi d'Henry

stipule que "la solubilité d'un gaz dans un solvant avec lequel il ne forme pas

une combinaison, est, à une température donnée, proportionnelle à la pression

qu'exerce sur lui sa propre vapeur". (voir L.M. Granderye, Dictionnaire de

chimie, Dunod, Paris, 1962, p. 287). Par conséquent, puisqu'il était déjà

reconnu que l'oxygène se dissoudrait dans les compositions anaérobiques (amides)

utilisées dans cette invention, il est aussi évident que si l'oxygène est mis

sous pression, comme c'est le cas dans les contenants aérosols, sa solubilité

dans les amides anaérobiques s'accroîtra considérablement. Il faudrait alors

s'attendre, bien sûr, à ce qu'il se dissolve en quantités suffisantes pour

empêcher la stabilisation des amides. Nous sommes d'avis que la seule chose

réalisée par le demandeur a été de vérifier cette théorie.

 

Le problème que représentent les distributeurs aérosols de peinture a aussi été

discuté lors de l'audience. Il est reconnu que les peintures durcissent en

présence d'oxygène, tandis que dans la présente demande, on retrouve des conditions

contraires. Néanmoins, le problème d'empêcher la composition anaérobique de durcir

en y ajoutant de l'oxygène est connu et compris depuis longtemps.

 

Nous croyons utile de citer Shepherd pour démontrer l'état avancé de cette

technique. A la page 528:

 

Les aérosols à usage industriel doivent donner un rendement

excellent, strictement en termes économiques. Même si la

simplicité ou encore la nouveauté peuvent en favoriser l'adoption,

ces produits doivent surtout réaliser le travail qu'ils sont censés

effectuer, à un coût s'approchant beaucoup de celui du produit

emballé normalement. En outre, l'aérosol industriel est vendu à

une clientèle plus susceptible d'évaluer son rendement de façon

objective et exigeante.

 

Pour la majeure partie, legs produits industriels sous pression

sont destinés à satisfaire à un besoin industriel bien précis.

Très souvent, ce besoin sera celui d'un artisan qui travaille à

petite échelle. Pour les travaux à grande échelle, on ne les

utilise pas à cause de leurs dimensions limitées et du coût plus

élevé du produit sous pression.

 

Compte tenu de ces règles générales, beaucoup de produits ont été

mis au point et sont vendus en quantités appréciables sur un certain

marché spécialisé. Au nombre des premiers aérosols industriels, on

compte les dispositifs de pulvérisation d'apprêts, qui sont simple-

ment le produit traditionnel mis sous pression. Bien que le prix

des produits sous pression soit plus élevé que le dispositif

traditionnel de "pulvérisateur et seau", la plus grande mobilité

et utilité des premiers leur a valu d'être adoptés.

 

Les vaporisateurs de moule sous pression constituent un exemple

de ce que doit être la formulation de fins précises. Il existe

plusieurs modèles, y compris ceux à base de silicone (utilisés

spécialement dans la technique d'injection dans un moule, par exemple)

et à base de poudre de stéréate de zinc. Ces derniers sont reconnus

pour avoir été les premiers aérosols sous forme de poudre à connaître

un succès commercial (un produit antérieur à base de graphite sec

n'était pas considéré comme un aérosol).

 

L'huile de coupe est un produit industriel d'intérêt; elle est

composée d'huiles lourdes auxquelles de petites quantités de

souffre et de chlore sont ajoutées. Ces huiles empêchent la

soudure des particules métalliques sur l'outil coupant. Elles

se sont avérées très utiles pour les machinistes se servant de

petits appareils et pour les travaux effectués en dehors de

l'atelier. En outre, elles ont des possibilités considérables

sur le très grand marché des ateliers domestiques.

 

Autres types importants d'aérosols industriels, les lubrifiants

et produits anti-rouille. Ceux-ci comportent des produits à

base d'huiles d'hydrocarbures et, parfois, des détergents solubles

à l'hydrocarbure. Beaucoup d'entre eux sont destinés à des fins

particulières et ils pourront renfermer du graphite (à titre de

lubrifiant pour des surfaces métalliques qui se touchent) ou des

sels molybdiques. Certains des produits de cette catégorie sont

vendus à des fins domestiques.

 

Bien que la majorité des aérosols industriels soient conçus à des

fins précises ou pour certaines industries, quelques-uns sont d'un

usage très répandu dans l'ensemble du commerce. Ainsi, les encres

à stencil. En règle générale, elles sont fabriquées à partir

d'encres résineuses diluées dans de l'acétone. Elles sont des

plus utiles pour le travail à l'extérieur du bureau et dès qu'il

s'agit d'utiliser des encres à stencil en petites quantités ou

de façon intermittente.

 

Il est évident, d'après ce qui précède et d'autres parties de l'ouvrage de

Shepherd, que des centaines de liquides et même quelques solides ont pu être

mis sous forme d'aérosol. Certains d'entre eux posent des problèmes particuliers

en ce qui concerne l'emmagasinage et l'expulsion du produit. On ne peut que

s'attendre à ce que les spécialistes des aérosols appliquent leurs connaissances

en vue de rendre leurs produits utilisables.

 

Il a été dit que les inventeurs se sont émerveillés devant le si bon fonctionne-

ment de leur dispositif. Il faut toutefois se rappeler qu'ils n'oeuvraient pas

dans leur spécialité et que ce qui était surprenant pour eux était tout à fait

normal pour ceux dont c'est la spécialité.

 

Le demandeur a allégué, certaines preuves à l'appui, que sa méthode d'emballage

a eu pour résultat la prolongation de la "durée de conservation". Dans l'état

actuel de la technique de l'aérosol (voir Shepherd, supra), on s'attend à ce

que les praticiens procèdent à un certain nombre d'expériences pour obtenir les

meilleurs et les plus efficaces applications de leur technique.

 

Nous sommes par conséquent d'avis que dans de telles circonstances, le simple

fait d'essayer de mettre sous forme d'aérosol une autre substance, que ce soit

de la peinture, du plastique clair ou une composition anaérobique, ne constitue

pas une démarche inventive.

 

Les motifs du tribunal dans l'affaire Lowe Martin Co. Ltd, c. Office Specialty

Manufacturing Co. Ltd (1930) Ex. C.R. 181 nous intéressent: "Le simple fait

de faire avancer une technique déjà établie, un simple changement de forme, de

dimension ou de degré grâce à la même démarche, par un même procédé, pour de

meilleurs résultats, ne constitue pas une invention susceptible de justifier un

brevet (p. 187, ligne 9) et il demeure essentiel de prendre en considération le

droit du public à être protégé contre les monopoles sur des dispositifs très

simples, à la portée de n'importe quel homme du métier" (nous soulignons).

 

Nous sommes convaincus que l'idée ou le concept à la base de la combinaison

revendiquée ne constitue pas un progrès brevetable dans cette technique. Le

demandeur n'a fait qu'obtenir le produit d'une technique déjà établie par

essentiellement les mêmes moyens, tel que démontré dans l'antériorité (voir

Lowe Martin c. O.S.M, supra). Nous. recommandons que la décision de l'examina-

teur de rejeter la demande soit confirmée.

 

J.F. Hughes

Président adjoint

Commission d'appel des brevets

 

Je souscris àlla recommandation de la Commission d'appel des brevets; par consé-

quent, je refuse de concéder un brevet pour cette demande. Le demandeur dispose

de six mois pour en appeler de la présente décision conformément à l'article 44

de la Loi sur les brevets.

 

Le commissaire des brevets par intérim

 

J.A. Brown

Hull (Québec)

le 13 juillet 1976

 

Agent du demandeur:

 

Kirby, Shapiro, Curphey & Eases

77, rue Metcalfe

Ottawa, Ontario

 

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