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            DECISION DU COMMISSAIRE

 

EVIDENCE: Panneau de bardeaux préfabriqué

 

Un panneau de bardeaux préfabriqué comprenant une planche d'appui fixée aux

entrémités des bardeaux a été rejeté. Le panneau de bardeaux de l'antériorité

exigeait une couche imperméable et les planches d'appui devaient être assemblées

à recouvrement.

 

Rejet: Annulé.

 

La présente décision porte sur une demande de révision par le Commissaire des

brevets de la décision finale de l'examinateur datée du 9 juillet 1975 au sujet de

la demande n o 115,016 (Catégorie 20-65). Celle-ci a été déposée le 7 juin 1971

au nom de Frank S. Barker et al et s'intitule "Panneau de bardeaux préfabriqué et

son procédé de fabrication". La Commission d'appel des brevets a tenu une audience

le 15 décembre 1975 où le demandeur était représenté par M. M. Thrift et R.W. Beach.

 

La demande concerne des panneaux de bardeaux préfabriqués qui peuvent être

assemblés en rangs de façon à former un toit ou un mur latéral. Le fait que les

fentes entre les bardeaux des rangs, adjacents supérieurs et inférieurs ne soient

pas alignées les unes sur les autres constitue une caractéristique importante.

 

Dans sa décision finale, l'examinateur a rejeté la demande pour absence de

progrès technique par rapport aux brevets suivants et à la connaissance générale:

 

États-Unis

 

2,171,010   29 août 1939      Schuetz et al

3,095,671   2 juillet 1973    Fink et al

 

L'examinateur déclarait notamment dans sa décision:

 

Les revendications s'inscrivent dans deux catégories et seront

traitées chacune à tour de rôle. Les deux catégories se composent

ainsi: (1) les revendications 1 à 9, et 11. Ce groupe comprend

la revendication 9 de la méthode, incluse puisqu'il s'agit d'une

méthode de fabrication pour les panneaux des autres revendications

 

              de ce groupe; (2) la revendication 10. Cette revendication ne porte

              pas sur le même objet que les autres et si l'instruction doit

              continuer, elle doit être entièrement supprimée de la demande.

              Néanmoins, elle est également rejetée.

 

              Commençons par les revendications de la première catégorie.

              La brevetabilité de ces revendications s'appuie sur ce qui

              suit: "au moins trois bardeaux différant par leur largeur

              déterminée à l'avance, le long de ladite planche d'appui placée

              dans chaque série identique répétitive de ces largeurs choisies

              et déterminées à l'avance, les séries étant au moins au nombre

              de deux". Cette citation est extraite de la dernière partie

              de la revendication 1. Les revendications 2, 3, 4 et 5,

              définissent davantage cette idée en précisant les largeurs

              véritables de chaque panneau, par exemple 3 pouces, 6 pouces et

              9 pouces.

 

              Bien que la revendication 1 n'indique qu'un seul panneau, les

              revendications 6 à 8 définissent un assemblage de panneaux identiques,

              selon la revendication 1 posés sur un toit et décalés sur la longueur

              afin que les joints ne soient pas alignés les uns sur les autres. Les

              revendications 7 et 8 énoncent des cas particuliers de décalage où

              des bardeaux plus étroits sont centrés par rapport aux bardeaux plus

              larges des rangs supérieurs et inférieurs.

 

              La revendication 9, celle de la méthode, énonce une méthode

              d'assemblage de bardeaux individuels sur les planches d'appui de la

              façon déterminée à l'avance précisée à la revendication 1.

 

              La déclaration ci-dessus mise à part, toutes les revendications de

              la catégorie 1 énoncent essentiellement le même objet que Fink et al.

              I1 y a toutefois une petite différence: la surface de surplomb des

              pattes de bardeaux. L'invention antérieure ne divulgue pas autant

              de surplomb que celle du demandeur. Mais ce n'est qu'une simple

              question de choix et n'a certainement aucune valeur brevetable.

 

              Dans sa lettre du 24 juillet 1973, au premier paragraphe de la

              page 2, le demandeur indique que son invention est en réalité la

              même que celle qu'a jusqu'ici mentionné l'examinateur dans sa

              décision, à savoir des largeurs choisies et disposées dans une

              suite déterminée à l'avance pour former une structure régulière de

              panneaux modulaires. Le demandeur déclare que ce modèle ou cette

              suite peut se répéter sur la longueur d'un panneau et se reproduire

              de panneau en panneau, en raison de cette régularité.

 

...

 

              La méthode que le demandeur a établie ne peut aucunement être

              considérée comme brevetable. Dans sa méthode, le demandeur ne

              fait qu'énoncer les étapes à suivre pour fixer les bardeaux à une

              planche d'appui. Fink et al en fait de même sauf en ce qui a trait

              aux bardeaux de largeurs différentes et au modèle particulier

              susmentionné. Ces différences ne se limitent pas à la méthode, la

              méthode de la revendication 9 correspond à celle de l'antériorité

              citée.

 

...                

       Pour répéter, le demandeur a choisi une combinaison particulière

       de largeurs de bardeaux à savoir, trois, six et neuf pouces, allant

       du nombre infini de largeurs et de séries offertes à partir d'un

       "arrangement tout-venant" à l'utilisation de bardeaux de même largeur".

       Bien que ce choix puisse être avantageux du fait qu'il épargne du temps

       aux ouvriers, il ne peut être considéré comme brevetable. Pour être

       brevetable, une chose ou un procédé doit être ingénieux ce qui, selon

       l'examinateur n'est pas le cas de l'invention présumée du demandeur.

 

       Dans sa réponse datée du 10 octobre 1975 à la Décision finale, le demandeur

       déclarait notamment:

 

...

 

       La construction du demandeur offre les mêmes avantages que le panneaux

       du brevet de Fink et al, en permettant la fabrication de panneaux à

       l'atelier et non sur le chantier. Elle est plus intéressante que

       la construction de Fink et al du fait qu'elle économise des matériaux

       d'appui grâce à un panneau de renforcement de largeur inférieure à

       plus de la moitié de celle du panneau de Fink et al. Le panneau du

       demandeur est donc aussi plus léger, plus économique à expédier et

       plus facile à manipuler lors de sa pose sur un toit.

 

       L'utilisation du panneau du demandeur est plus intéressante que celle

       des bardeaux individuels, car dans un atelier, il est plus facile

       et plus rapide de choisir et de monter les bardeaux en panneaux

       que de poser des bardeaux de largeurs tout-venant sur un toit. La

       facilité de construction des panneaux tient surtout au fait que la

       largeur de tous les bardeaux, quel que soit leur emplacement sur le

       panneau, est prescrite et que les bardeaux dont dispose l'ouvrier à

       l'aterlier peuvent être choisis à l'avance et assemblés en piles de

       largeur requise, à courte portée des ouvriers. Pour construire des

       panneaux du genre indiqué aux dessins 10 et 11, par exemple, des

       bardeaux de trois largeurs seulement suffisent, à savoir trois, six

       et neuf pouces. Ces bardeaux peuvent être classés en trois piles

       différentes ou placés dans trois casiers distincts de façon à ce que

       l'ouvrier n'ait qu'à choisir un bardeau de la largeur voulue, d'une

       façon rapide et sûre: il suffit seulement de disposer au préalable

       les bardeaux suivant la largeur.

 

       En couvrant un toit de bardeaux de largeurs tout-venant, l'ouvrier doit

       au contraire

 

            1, faire attention à la distance entre le bord du dernier bardeau posé

       et l'endroit de la fente dans le rang inférieur suivant:

 

            2. choisir un bardeau d'une largeur d'au moins un pouce plus étroite

       ou plus large que cette distance;

 

            3. clouer le bardeau en place à la bonne hauteur.

 

          ...

 

       En résumé, voici les caractéristiques originales des revendications

       plus générales non divulgué es dans l'invention de Fink et al:

 

       au moins trois bardeaux différant par leur largeur déterminée

       à l'avance placée dans chaque série identique répétitive,

       les séries étant au moins au nombre de deux

 

       les pattes des bardeaux dépassent de la planche d'appui sur une

       distance au moins égale à la largeur de la planche d'appui

 

       aucune sous-couche dessous les pattes de bardeaux en surplomb

 

       En commentant ces caractéristiques au milieu de la page 2 de la décision du

       Bureau des brevets datée du 9 juillet 1975, l'examinateur déclare que les

       largeurs choisies disposées en une suite prédéterminée "peut se répéter

       sur la longueur d'un panneau et se reproduire de panneau en panneau, en

       raison de cette régularité", La revendication 1 appuie l'élément souligné

       précédemment selon lequel legs largeurs choisies à l'avance sont placées

       dans chaque série identique répétitive de ces largeurs choisies et

       prédéterminées, les séries étant au moins au nombre de deux. Après avoir

       fait ce commentaire, l'examinateur n'émet aucune opinion quant à la valeur

       inventive de cette disposition de largeurs de bardeaux.

 

...

 

       L'examinateur a raison lorsqu'il déclare, relativement au brevet de Fink

       et al, que le surplomb est une "simple question de choix", car la

       construction de Fink et al repose sur le recouvrement des couches d'appui

       pour produire une construction hydrofuge. La distance de saillie des

       bardeaux au-delà de la planche d'appui 28 n'a aucune importance en ce

       qui concerne l'étanchéité de la construction. Par conséquent, tout

       prolongement au-delà du surplomb minimum constitue simplement un

       gaspillage de matériaux.

 

       Il ne serait certainement pas "évident" de prolonger les bardeaux de

       largeurs tout-venant de Fink et de se fier à ces bardeaux plutôt qu'à

       l'appui pour assurer l'étancihéité, car cela détruirait simplement

       l'objet de Fink et al qui consiste à assurer une paroi latérale de bardeaux

       hydrofuge, indépendamment des précautions prises par les menuisiers sur

       le chantier.

 

       Dans la construction de demandeur, au contraire, la quantité de surplomb

       des bardeaux n'est pas une "simple question de choix" mais une question

       de nécessité. Comme on le précise ci-dessus, les pattes des bardeaux

       dépassent de la planche d'appui sur une distance au moins égale à la

       largeur de la planche d'appui et sans aucune sous-couche. Le panneau du

       demandeur permet ce genre de construction grâce au choix des largeurs de

       bardeaux placés, tel qu'indiqué dans les revendications, dans au moins deux

       séries identiques répétitives; l'examinateur admet que cette caractéristique

       n'est pas divulguée dans l'antériorité mais ne croit pas qu'il s'agisse

       précisément d'un manque d'invention.

 

       L'antériorité de Schuetz porte sur la construction de toits, plus

       particulièrement sur la construction d'un toit où des bandes de bardeaux à

       pattes multiples simulent, une fois posées, un ensemble de bardeaux individuels.

       Le fait que la bande de bardeaux soit posée au hasard, en rangs successifs, avec

un décalage prédéterminé, de façon à ce qu'aucune des fentes entre les

bardeaux ne puisse coincider avec eelles des rangs adjacents, constitue

une caractéristique importante.

 

L'antériorité de Fink a trait à une construction de bardeaux multiples et,

plus précisément, à un panneau de bardeaux ayant une longueur horizontale

franchissant l'espace qui sépare deux ou plusieurs montants ou chevrons, et

comprenant une rangée de bardeaux de bois amincis. La revendication 1 du

brevet antérieur se lit comme suit:

 

En tant que produit manufacturé, une structure de bardeaux multiples

comprenant une rangée de bardeaux distincts clouables bord à bord,

un panneau d'appui distinct, relativement rigide et préfabriqué en

fibre feutrée s'étendant, sur la longueur, vis-à-vis de la plus grande

partie de l'arrière de ladite rangée et de chaque bardeau individuel,

une étroite bande de clouage distincte, capable de recevoir et de

fixer solidement les clous, ladite bande s'étendant au dos de ladite

rangée, essentiellement sur toute la longueur, à côté du bord inférieur

de ladite rangée et loin de son bord supérieur, le bord supérieur de

ladite bande de clouage s'étendant le long du bord inférieur dudit

panneau en fibre feutrée au moyen duquel ladite bande de clouage

prolonge, vers le bas, ledit panneau d'appui en fibre feutrée, des

moyens fixant chaque bardeau touchant son bord inférieur à ladite

bande de clouage, des moyens attachant ledit panneau d'appui en fibre

feutrée au moins à quelques-uns desdits bardeaux, et une couche de

matériau hydrofuge placée entre ladite bande de clouage et ladite

rangée de bardeaux, ladite couche de matériaux hydrofuge constituant

un prolongement dudit panneau d'appui en fibre feutrée, et ladite

bande de clouage montée dans la feuillure pratiquée au dos de la partie

inférieure dudit panneau d'appui en fibre feutrée.

 

La présente demande concerne des panneaux de bardeaux préfabriqués qui peuvent

être disposés en rang, de façon à former un toit ou un mur latéral. Le panneau

comprend une planche d'appui sous-jacente et fixée aux extrémités des bardeaux

posés en rangée pour former un lit. Les longeurs des bardeaux placés en travers

du panneau d'appui, font plus du double de la largeur du panneau d'appui. Les

panneaux sont assemblés, avec les planches d'appui aboutées les unes aux autres,

pour former une couverture continue. La revendication 1 de la demande se lit comme

suit:

 

Un panneau de bardeaux modulaire, régulier et préfabriqué comprenant

une planche d'appui allongée, de section rectangulaire, et un seul

composé de plusieurs bardeaux individuels, chaque bardeau ayant une

extrémité et une patte et s'amincissant de la patte vers l'extrémité,

et lesdits bardeaux étant disposés de façon à ce que leur longueur

s'étende en travers de ladite planche d'appui, leurs extrémités recouvrant

ladite planche d'appui à laquelle elles sont fixées, et leurs pattes

dépassant, en porte-à-faux, d'un bord de ladite planche d'appui, sans

aucune sous-couche, sur une distance au moins égale à la largeur de

ladite planche d'appui, ledit lit de bardeaux comprenant au moins

trois bardeaux de largeurs différentes déterminées à l'avance,

placés le long de ladite planche d'appui dans chaque série identique

répétitive de ces largeurs déterminées à l'avance, les séries étant

au moins au nombre de deux, et ladite planche d'appui étant d'une

longueur suffisante pour couvrir sans interruption au moins deux séries

de bardeaux répétitives et prédéterminées dans ledit lit.

 

Il s'agit de savoir si la demande constitue un progrès technique par rapport

à l'antériorité.

 

Le 15 décembre 1975, la Commission a tenu une audience fort intéressante et

instructive, au cours de laquelle une démonstration a été faite grâce à un modèle

de construction immobilière, afin d'illustrer les étapes de fabrication. Des

photos montrant les divers aspects de la structure ont aussi été produites.

 

Le demandeur soutient que: "En utilisant des bardeaux de largeurs tout-venant

montés en panneaux, il est injustifié de prétendre qu'il y aura toujours suffisamment

de décalage entre les joints dans les lits adjacents en élévation pour empêcher

les fuites."

 

On souligne toutefois, que Schuetz tente uniquement d'empêcher les fentes

d'un lit de bardeaux de coïncider avec celles des lits adjacents. A la colonne 1,

ligne 44, il indique: "Il est bien entendu que l'une des principales exigences

d'un bon toit de bardeaux est que les fentes des bardeaux en bande d'un lit ne

doivent pas coïncider avec celles des bardeaux des lits adjacents, et les difficultés

résultent de cette exigence. Les fentes coïncideront inévitablement avec celles

des lits adjacents à moins que les bandes de bardeaux ayant des pattes de largeur

différente ne soient posées dans un ordre particulier et soigneusement déterminé

lors de la pose." Schuetz va plus loin en inventant une formule empêchant les

fentes de coïncider avec les lits adjacents. Le demandeur n'a donc pas été le

premier à résoudre ce problème, bien que sa solution semble plus simple.

 

Le demandeur soutient qu'en assemblant à l'avance les éléments en usine,

on peut économiser des sommes importantes et s'assurer la réussite commerciale.

La notion globale du pré-montage des éléments en usine constitue l'un des principaux

facteurs de réduction des coûts de construction. C'est essentiellement ce que

divulgue l'antériorité. Nous savons aussi que le succès commercial en lui-même

sans la solution du problème, ne suffit pas à établir l'objet (voir The King c.

Uhlemann Optical Company (1949) 10 Fox Pat. C.)

 

Nous examinerons maintenant la construction ou combinaison du panneau dans

son ensemble ainsi que son utilité pratique.

 

Il est à noter que la citation de Schuetz porte sur une bande flexible de

bardeau qui n'utilise pas de planche d'appui. Il ne nous reste donc que

l'antériorité de Fink.

 

Fink divulgue une structure de bardeaux multiple et particulièrement, un

panneau de bardeaux dont la longueur horizontale franchit l'espace qui sépare

deux ou plusieurs montants ou chevrons, et auquel est fixée une rangée de bardeaux

amincis. Une couche imperméable ou une feuille hydrofuge protège le dessous

du panneau ainsi que le fond de clouage des bardeaux. Les panneaux sont montés

à recouvrement.

 

Le demandeur soutient que la taille et la position de la planche d'appui constitue

la "caractéristique clé" de son panneau. Les pattes des bardeaux doivent dépasser,

en porte-à-faux, du bord de la planche d'appui. Ce surplomb en console doit être

au moins égal à la largeur de la planche d'appui. Cette construction particulière

offre de nombreux avantages. Par exemple, elle indique automatiquement le "nombre"

de pouces de bardeau soumis aux intempéries," lequel peut naturellement être réglé

sur commande. Elle facilite l'assemblage de la construction définitive, puisque

le bord inférieur de la planche d'appui repose sur le bord supérieur de la couche

précédente, au-dessous. Les panneaux, une fois posés, "constitueront automatiquement

un revêtement imperméable sous la couverture de bardeaux." Les planches d'appui

ne se recouvrent pas et n'en n'ont nul besoin d'ailleurs, ce qui économise les

matériaux, à l'inverse de la construction de Fink où les planches d'appui doivent

être assemblées à recouvrement. Les panneaux sont posés directement sur les

chevrons, sans qu'il faille poser de sous-couche, comme c'est le cas habituellement.

La disposition particulière des bardeaux sur chaque panneau, et la façon dont ils

sont placés les uns par rapport aux autres élimine le besoin de la couche hydrofuge

utilisée par Fink.

 

Dans le rejet, on soutenait que: "en dehors des déclarations citées précédemment

(qui ont trait à la largeur des bardeaux), toutes les revendications de la catégorie 1

(revendications 1 à 9) énoncent essentiellement le même objet que Fink et al.

I1 y a une petite différence toutefois: la surface de surplomb des pattes de bardeaux

L'invention antérieure ne divulgue pas autant de surplomb des pattes de bardeaux.

ce n'est qu'une simple question de choix et n'a certainement aucune valeur brevetable.E

 

Les avantages fonctionnels de surplomb des bardeaux sur la planche dans la

présente demande ont déjà été exposés. L'objet du léger surplomb de Fink est

totalement différent. Voici ce que Fink divulgue à la colonne 1, ligne 52:

"Il s'agit aussi de fournir un élément qui peut être fabriqué pour n'importe quel

genre parements du lit inférieur suivant afin de produire des lignes d'ombre

prononcées sur la couverture." Cet effet est dû au fait que les bardeaux sont

posés en surplomb sur les planches d'appui pour former des panneaux, lesquels

sont alors posés sur un toit en assemblant à recouvrement les planches d'appui.

 

Il est clair, par conséquent, que cette antériorité ne divulgue rien au sujet

du grand "surplomb des bardeaux sur la planche d'appui" utilisé par le demandeur

à des fins fonctionnelles. Le léger recouvrement et espacement des pattes de

bardeaux de l'invention de Fink n'a qu'un "caractère esthétique." Par ailleurs,

le surplomb plus grand du demandeur constitue une caractéristique clé de son invention.

 

Notons, à propos de cette décision, le jugement de la Cour Suprême dans

l'affaire The King c. Uhlemann Optical Co. (1951) 15 CPR 99, où l'on déclare:

"... rien d'essentiel à l'invention, à sa mise en oeuvre et à son utilité

réelle ne ressort effectivement des publications antérieures," (nous soulignons)

 

Nous sommes convaincus que le demandeur a réalisé un progrès technique.

A notre avis, il a suffisamment fait preuve d'ingéniosité pour que le Commissaire

ne lui refuse pas un brevet. (Voir Crossley Radio Corporation c Canadian General

Electric, (1936) SCR 551 à 560).

 

Examinons maintenant les revendications.

 

La revendications 1, dont la portée est la plus étendue, englobe la caractéristique

clé du procédé et se lit: "... (les bardeaux), leurs extrémités recouvrant ladite

planche d'appui à laquelle elles sont fixées et leurs pattes dépassant, en porte-

à-faux, d'un bord de ladite planche d'appui, sans aucune sous-couche, sur une

distance au moins égale à la largeur de ladite planche d'appui..." La revendication

indique aussi "des bardeaux de largeurs différentes déterminées à l'avance placés

le long de ladite planche d'appui disposés dans chaque série identique répétitives,

(...) les séries étant au moins'au nombre de deux".

 

Il a été affirmé de bonne source que l'assemblage de deux ou plusieurs éléments

en une combinaison nouvelle, que ces éléments soient nouveaux ou pas, ou

partiellement nouveaux ou partiellement anciens, de façon à obtenir un nouveau

résultat ou un résultat connu amélioré, plus économique ou plus expéditif,

constitute un objet valable si l'invention représente suffisamment de réflexion, de

conception et d'ingéniosité et si la combinaison comporte un caractère de nouveauté.

(Voir Merco Nordstrom Valve Co. c. Comer (1942) Ex. C.R. 138 à 155).

 

Nous sommes donc convaincus que la revendication 1 porte sur un objet

suffisamment ingénieux et que la combinaison présente un caractère de nouveauté.

Rien d'essentiel à l'invention, à sa mise en oeuvre et à son utilité réelle ne

ressort effectivement des publications antérieures. (Voir The King Uhlemann, supra)

Nous estimons que la revendication 1 devrait être acceptée.

 

La portée des revendications 2 à 9 inclusivement est aussi restreinte que

celle de la revendication 1, sinon plus. Les raisons appuyant l'acceptation de

la revendication 1 s'appliquent également à celles-ci.

 

En résumé, nous recommandons le retrait de la décision finale rejetant le

demande. Les revendications devraient être acceptées sous leur forme actuelle,

en raison du progrès qu'elle représente par rapport à l'antériorité.

 

Le Président adjoint

Commission d'appel des brevets

J.F. Hughes

 

Je suis d'accord avec les conclusions de la Commission d'appel des brevets.

En conséquence, j'annule le rejet de la demande et ordonne que celle-ci soit

acceptée sous sa forme actuelle compte tenu du progrès qu'elle représente

par rapport à l'antériorité.

 

Le Commissaire des brevets par intérim

J.A. Brown

 

Fait à Hull (Québec)

le 28 janvier 1976

 

Mandataire du demandeur

Smart & Biggar

70 Gloucester St.

Ottawa, Ontario

 

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