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                  DECISION DU COMMISSAIRE

 

EVIDENCE: Méthode améliorée de purification des argiles

 

Lors d'une décision rendue antérieurement par le Commissaire, la présente demande

avait été rejetée et retirée. Cette décision refuse les revendications modifiées

et la demande, dans son ensemble, en raison de la pratique citée.

 

DECISION FINALE: Confirmée

 

La présente décision concerne une requête de révision, par le Commissaire des

brevets, de la décision finale de l'examinateur datée du 15 octobre 1974 au

sujet de la demande 967273 (209-88). Cette demande a été déposée le 5 août

1966 au nom de Joseph Iannicelli et al, intitulée "Méthode améliorée de purifi-

cation des argiles". La Commission d'appel des brevets a tenu une audience le

10 septembre 1975 lors de laquelle MM. N.S. Hewitt et G. Seaby représentaient

le demandeur.

 

Antérieurement, la demande entrait en conflit avec deux autres demandes au cours

desquelles les revendications C1 et C5 ont été rejetées pour motif d'évidence

par rapport à une certaine pratique dont il est fait mention. Le demandeur a

demandé que la décision finale soit révisée, et le Commissaire a maintenu ladite

décision le 8 mai 1973. Un appel a par la suite été interjeté à la Cour fédérale

du Canada, mais il a été retiré subséquemment, de même que les revendications du

conflit. Le demandeur a alors soumis les revendications 1 à 8 modifiées,

lesquelles "sont clairement différentes de la pratique citée par l'examinateur et

prennent en considération la décision du Commissaire rendue le 8 mai 1973/.

 

La présente demande porte soir un procédé pour purifier une argile de cuisson

blanche pour la fabrication de produits de céramique, en extrayant les impuretés

par électromagnétisme. Lors de l'instruction qui s'est terminée par la deuxième

décision finale, l'examinateur a refusé la demande parce qu'elle était évidente

par rapport aux références suivantes.

 

   Brevet américain

 

   90,565         25 mai 1869             Lynd

 

   Publications

 

a) Wet Magnetic Separator for Feebly Magnetic Minerals,

   1ère partie par G.H. Jones et 2e partie par W.J.D. Stone,

   présentée à l'International Mineral Processing Congress,

   tenu à Londres en 1960, et publié en juin 1962 à titre de

   Bulletin of the Department of Mines and Technical Surveys

   Group VI, Paper No. 34.

 

b) Effect of Variable Adjustments on Separation in Jones Magnetic

   Separator

 

   No de pré-édition 63B303, document présenté à la réunion

   d'automne, AIME, du 11 au 13 septembre 1963.

 

   c) Ceramic Ware, pages 230 à 233, 30 juin 1962, S. Hiyama et al.

 

   Dans sa décision finale, l'examinateur a notamment déclaré:

 

   ...

 

   Le demandeur soutient "qu'il y a cinq facteurs importants dans

   le procédé de l'invention, à savoir, l'intensité du champ

   magnétique, le temps d'exposition de la boue d'argile à cette

   intensité, 1e pourcentage de solides dans le mortier, la déflocu-

   lation du mortier avant le traitement dans le champ magnétique à

   forte intensité, et la grosseur maximale possible des particules

   d'argile. C'est la combinaison de ces facteurs qui donne au procédé

   les meilleurs résultats..." Il appert qu'il n'y a aucune nouveauté

   dans tout aspect individuel ni dans la combinaison des facteurs

   revendiqués par le demandeur. Aucun résultat inattendu n'est obtenu.

 

   Le demandeur soutient que la référence (c) ne porte pas particuliè-

   rement sur le traitement du kaolin. Étant donné que la référence

   (tableau 5.12) mentionne trois sortes d'argile, dont l'une est

   utilisée dans la fabrication de la céramique, il n'y a pas lieu de

   qualifier d'invention le fait d'appliquer le même procédé à une

   argile similaire.

 

   Le demandeur soutient qu'il y a nouveauté dans la finesse de ses

   particules et qu'il utilise une intensité supérieure à 5,400 gauss.

   Toutefois, la référence (c) indique qu'il existe des séparateurs de

   plus forte intensité magnétique qui sont plus efficaces pour extraire

   le mica, en particulier lorsqu'il s'agit de fines particules. L'un

   de ceux-ci est le séparateur de Jones de 1a publication (a) lequel

   peut produire une induction d'au moins 10,000 gauss. Dans la publi-

   cation (a), l'auteur déclare (page 717): "l'auteur s'est donc

   efforcé de mettre au point une machine pour séparer par voie humide

   les matières minérales faiblement magnétiques, et mêmes les moins

   magnétiques d'entre elles, comme la moscovite et la tourmaline". La

   publication dit, à la page 733:

"Bien que la séparation magnétique ait longtemps été un outil

utile à l'ingénieur en préparation des matières minérales,

jusqu'à présent le matériel disponible ne s'est révélé que peu

efficace pour la séparation de matières dont la dimention des

particules ne varie que de 100 mailles à quelques microns, par-

ticulièrement pour les matières minérales faiblement magnétiques.

 

En faisant l'acquisition, au printemps 1959, d'un séparateur

magnétique par voie humide pour matières minérales (celui de Jones),

la Direction des Mines mettait en exploitation le seul modèle

pilote de cette machine. Le séparateur magnétique par voie

humide, de forte intensité, diffère par sa conception des machines

existantes, et a été particulièrement conçu pour les fines particules

contenues dans les minerais faiblement magnétiques."

 

...

 

Le demandeur revendique que sa combinaison de la forts intensité du champ

magnétique, le temps d'exposition relativement long, la teneur en solides,

la grosseur des particules et la défloculation sont tous des facteurs

primordiaux nécessaires pour obtenir les meilleurs résultats. Cette reven-

dication n'est pas acceptée. Premièrement, si le temps d'exposition re-

vendiqué varie de 1 à 8 minutes, il ne peut guère être qualifié de facteur

primordial. Dans le même ordre d'idées, l'intensité du champ magnétique

revendiquée varie de 8,500 à 18,000 gauss, ce qui n'est pas non plus un facteur

primordial. Deuxièmement, bien que la gamme revendiquée par le demandeur

puisse donner des résultats optimum pour l'argile, elle n'a donné aucun

résultat inattendu. Les résultats ont été obtenus à la suite d'expériences

courantes faites à l'aide d'une argile particulière traitée d'une manière qui

semble connue des références qui s'appliquent.

 

Dans sa réponse datée du 11 avril 1975, le demandeur a annulé les revendications

1 à 8 et a soumis les revendications 1 à 4 qu'il a modifiées. La Commission

tiendra compte de ces revendications modifiées. Dans sa réponse, le demandeur a

dit (en partie):

 

Dans la décision finale, l'examinateur affirme qu'il n'y a aucune

nouveauté dans les cinq facteurs du procédé de la présente invention,

qu'ils soient pris individuellement ou collectivement. Dans la

présentation du demandeur, l'examinateur emploie le mot "nouveauté"

d'une manière forcée, embrouillée et incompatible. Par définition, le

mot "nouveauté" désigne quelque chose de nouveau. Ainsi, l'examinateur

n'a jamais pu citer une seule rêférence qui contient la combinaison des

cinq facteurs mentionnés ci-après, lesquels sont d'une importance

capitale dans le procédé de la présente invention visant à purifier

l'argile kaolinique sur une échelle commerciale et a, en fait, combiné

les références afin d'essayer de démontrer que la combinaison des

facteurs serait évidente pour un homme de métier. En fait, aucune des

références citées par l'examinateur ne fait mention d'argile kaolinique,

dont la purification met le procédé de la présente invention spécifi-

quement en cause et, comme on le fera remarquer ci-après, laquelle est

 

       une matière unique pour ce procédé en ce qui a trait à sa

       purification. De plus, on fait remarquer, tel que détaillé ci-

       après, que l'examinateur n'a même pas réussi dans la pratique

       antérieure citée à démontrer individuellement la majorité des

       cinq facteurs spécifiques, lesquels sont primordiaux au procédé

       de la présente invention. Ainsi, il est clair que le rejet des

       revendications pour manque de nouveauté dans les facteurs, et

       leur combinaison fondée sur une combinaison de références, est

       erronée et n'a pas sa place dans la décision finale.

 

...

 

       De plus, on souligne que la présente invention traite de l'extrac-

       tion des matières paramagnétiques, et même des matières faiblement

       paramagnétiques, d'une boue kaolinique contenant de telles matières

       de dimensions colloïdales, et à des taux de production suffisamment

       élevés pour rendre le procédé d'extraction économique à l'échelle

       industrielle. On insiste sur le fait que les matières paramagnéti-

       ques en présence dans l'argile kaolinique, et qui font l'objet de

       la présente invention, ne sont même pas considérées comme étant

       magnétiques par les hommes de métier, tandis que les matières

       extraites d'après les références citées par l'examinateur sont

       hautement magnétiques et plus magnétiquement susceptibles par un

       facteur de cent millions. On fait respectueusement remarquer au

       Commissaire que la purification de l'argile kaolinique, impliquant

       l'extraction des matières faiblement paramagnétiques, qui ne seraient

       même pas considérées comme étant magnétiques par des hommes de métier

       ne seraient pas évidentes dans un article qui divulgue l'extraction

       de matières magnétiques et particulièrement de matières ferromagné-

       tiques de haute susceptibilité d'un autre type d'argile. Ainsi, tel

       qu'énoncé clairement à la page 1 (lignes 6 à 10) de la divulgation de

       la présente demande, les demandeurs ont établi que l'argile contient

       des particules qui provoquent la décoloration à divers degrés et

       quelques-unes de ces particules sont faiblement magnétiques. L'ex-

       pression "faiblement magnétiques" est utilisée pour référer aux

       particules de faible susceptibilité magnétique et, tel que mentionné

       précédemment, de l'ordre de cent millions de fois inférieure à la

       susceptibilité magnétique des matières séparées par la pratique citée.

       On fait remarquer que la découverte, à l'effet que les impuretés dans

       l'argile kaolinique ont, en effet, une susceptibilité magnétique,

       bien qu'elle soit seulement quatre fois plus élevée que la suscepti-

       bilité magnétique de l'argile même, fut une découverte importante de

       quelque susceptibilité magnétique, laquelle n'est divulguée en aucun

       endroit dans la pratique citée par l'examinateur, lequel ne réfère

       même pas aux argiles kaoliniques, rend le procédé de la présente

       invention pratiquement impossible à formuler. Ainsi, on fait observer

       qu'en considération de cette omission fondamentale dans la pratique

       antérieure, et du manque d'appréciation de la part des travailleurs

       du domaine, d'une différence dans la susceptibilité magnétique, bien

       que marginale entre l'argile et les impuretés, la pratique antérieure

       ne peut, dans la moindre mesure, rendre le procédé de la présente

       invention évident de quelque façon. On fait remarquer que la

       supposition de l'examinateur, voulant que l'argile kaolinique soit

       similaire aux argiles céramiques, comme les argiles figulines, est

       une supposition sans fondement que ce dernier ne devrait pas faire

       sans preuve à l'appui et, de plus, la preuve soumise dans les présentes

       indique clairement que la supposition de l'examinateur est, en fait,

       erronée. On fait également remarquer qu'en considération de cette

       simple supposition erronée, le refus de l'examinateur échoue et les

       revendications devraient être accordées.

 

Le 16 avril 1975, le demandeur a fourni des pièces justificatives pour démontrer

"qu'en travaillant avec des champs magnétiques de forte intensité comme ceux-ci,

on obtient des résultats d'ordre différent que ceux qu'on obtient en travaillant

avec des champs magnétiques de faible intensité, comme c'était le cas dans la

pratique antérieure". Le 15 mai 1975, le demandeur a fourni d'autres pièces

justificatives pour appuyer ses dires.

 

Le brevet de Lynd établit qu'il est courant, dans la pratique, d'utiliser des

aimants naturels ou artificiels pour extraire le fer et d'autres matières colorantes

de substances argileuses à utiliser dans la fabrication de la porcelaine.

 

La publication Wet Magnetic Separator For Feebly Magnetic Minerals (Jones et

Stone) dit, à la page 717:

 

... l'auteur s'est donc efforcé de mettre au point une machine

pour séparer, par voie humide, les matières minérales faiblement

magnétiques, mêmes les moins magnétiques d'entre elles, comme la

muscovite et la tourmaline.

 

Et à la page 733:

 

Bien que la séparation magnétique ait longtemps été un outil utile

à l'Ingénieur en préparation des matières minérales, jusqu'à présent

le matériel disponible n'a été qu'assez peu efficace pour la sépara-

tion de matières dont la dimension des particules ne varie que de

100 mailles à quelques microns, particulièrement pour les matières

minérales faiblement magnétiques.

 

En faisant l'acquisition, su printemps 1959, d'un séparateur ma-

gnétique par voie humide pour minerais (celui de Jones), la

Direction des Mines mettait en exploitation le seul modèle pilote de

cette machine. Le séparateur magnétique par voie humide, de forte

intensité, diffère par sa conception des machines existantes, et a

été particulièrement conçu pour les fines particules contenues dans

les matières minérales faiblement magnétiques.

 

Figurent également à la page 743 une série de conclusions:

 

3) L'appareil de Jones fait des séparations efficaces des matières

fines contenant des matières minérales considérées comme

faiblement magnétiques ou inadaptées à la séparation magnétique.

 

5) La susceptibilité de certaines muscovites, dans le séparateur

de Jones, laisse entrevoir une application possible dans l'in-

dustrie de l'argile.

 

6) L'appareil de Jones peut servir à séparer des matières minérales

de différentes susceptibilités magnétiques et de très faibles

dimensions.

 

La publication Ceramic Ware traite de l'extraction du fer à l'aide du séparateur

magnétique de Mitsubishi, avec un flux magnétique de 5,400 gauss et des temps de

traitement de 30, 36 et 47 secondes lorsqu'il s'aigt de matières pour la céramique.

Elle traite'également de l'utilisation du séparateur de Shinko capable d'élever

le flux magnétique à environ 18,000 gauss.

 

La présente demande porte sur un procédé pour traiter l'argile kaolinique utilisée

dans la fabrication des produits de céramique. Le kaolin (argile chinoise)

extrait du sol contient des impuretés à base de fer qui produit des petites taches

ou affecte adversement la couleur de l'argile lorsqu'on la chauffe. Le demandeur

fait une boue avec l'argile kaolinique et la soumet à un champ magnétique non

homogène afin d'en extraire les particules minérales paramagnétiques. La reven-

dication 1 modifiée se lit comme suit:

 

Une méthode pour rendre les argiles kaoliniques plus

blanches par l'extraction des impuretés colorantes, dont

une étape consiste à soumettre la boue de daolin défloculée,

contenant de 20 à 40 poux cent de solides, et composée de

particules plus fines que 44 microns, et à 90 pour cent plus

fines que des particules ayant un diamètre de deux microns,

à un champ magnétique de forte intensité d'au moins 18,000

gauss pour une période de 1 à 8 minutes, et retirer ladite

boue d'argile dudit champ.

 

Il faut se demander si le demandeur a accompli un progrès technique brevetable.

Lors de l'audience, le demandeur a dit qu'il était peut-être le premier à découvrir

que l'argile kaolinique contenait des matières paramagnétiques qui causaient la

décoloration. Cependant, à notre point de vue, il n'y a aucun doute que dans la

technique de séparation de Jones, les matières paramagnétiques étaient extraites

pour permettre le contrôle de la couleur. Dans la publication (a) citée, Jones

dit (à la page 717) que "l'auteur s'est donc efforcé de mettre au point une

machine pour séparer, par voie humide, les matières minérales faiblement magnétiques,

même les moins magnétiques d'entre elles, comme la moscovite et la tourmaline".

L'expérience numéro 11 (à la page 740) traite de l'utilisation du champ magnétique

de forte intensité pour extraire "suffisamment de matières d'une certaine suscepti-

bilité magnétique" du talc pour rendre les argiles plus brillantes, ce qui

constitue le même but que celui visé par le demandeur. Dans le même ordre d'idées,

l'expérience numéro 13 traite de l'extraction des matières paramagnétiques pour

contrôler les couleurs. La revendicatin 1 de la référence à Lynd se lit comme

suit: "L'extraction du fer, du cuivre et d'autres matières colorantes, de l'argile

plastique et d'autres substances argileuses, s'effectue en soumettant l'argile en

solution à l'action d'un ou de plusieurs aimants .." De plus, Stone présente un

tableau (à la page 740) donnant la puissance de séparation de diverses substances

paramagnétiques dans un champ magnétique de forte intensité.

 

Dans la décision finale, et lors de l'audience, le demandeur a insisté sur le

fait qu'il s'intéressait aux argiles kaoliniques, et que la présente invention

reposait sur les facteurs primordiaux suivants:

 

1. l'intensité du champ magnétique étant d'au moins 18,000

gauss;

 

2. le temps d'exposition de la boue d'argile au champ magnétique,

à savoir, de 1 à 8 minutes;

 

3. la teneur en solides de la boue, à savoie, de 20 à 40 pour

cent;

 

4. la défloculation de la boue avant la séparation magnétique;

et

 

5. la grosseur maximale des particules que contient la boue

d'argile et, comme on le verra plus clairement ci-après, la

susceptibilité magnétique des particules d'argile particu-

lières à l'argile kaolinique.

 

Le premier facteur, "l'intensité du champ magnétique étant d'au moins 18,000 gauss ",

est connu dans la technique. La citation suivante est tirée de la réponse du

demandeur datée du 8 février 1971: "De plus, Ellis (1937) traite de l'application

de champs magnétiques d'une intensité de l'ordre de 10 à 20 kilogauss pour séparer,

par voie humide, les matériaux de faible susceptibilité magnétique". La page 3 de

la publication Ceramic Ware dit: "Cependant, le puissant séparateur magnétique

tubulaire par voie humide, fabriqué par Shinko Electric, peut élever le flux

magnétique à environ 18,000 gauss, et il est très efficace pour extraire le mica,

en particulier celui qui est contenu dans les fines particules". La publication

de référence 63B303 dit (page 3, ligne 29): "Il est évident qu'une élévation de

l'intensité du champ magnétique entraînera une extraction plus complète des

matières minérales les plus faiblement magnétiques."

 

Le deuxième facteur s'énonce comme suit: "Le temps d'exposition de la boue

d'argile au champ, magnétique, à savoir, de 1 à 8 minutes". Le facteur "temps" a

été mentionné par le demandeur dans sa lettre datée du 8 février 1971 (voir la

référence du 15 février 1971) qui: dit (en partie):

 

... La technique antérieure la plus pertinente, par

rapport au présent concept, semble être celle de Lynd (1869)

qui indique un temps de retenue très long de l'ordre de 16 à

48 heures (6 à 12 heures dans le premier brevet de Lynd).

Ainsi, il semble qu'en réalité elle soit basée, en partie, sur

un procédé de sédimentation, aussi bien que sur la séparation

magnétique dans un champ magnétique de faible intensité. La

référence de Payne (1939) traite des degrés d'intensité con-

trôlée qui peut âtre associée au temps de retenue... La

publication Ceramic Ware de 1962 semble (d'après la traduction

fournie par les japonais) traiter de champs magnétiques de

forte intensité et de temps de retenue supérieurs à 30 secondes...

 

Lors de l'audience, le demandeur a insisté sur le fait que le temps de retenue

mentionné dans la publication Ceramic Ware représentait, en fait, la période

totale au cours de laquelle la boue était traitée, et que la durée réelle d'un

traitement spécifique donné à une partie de la boue n'était pas indiquée. Nous

n'avons pas de raison d'être en désaccord avec cela. Nous admettons également que

dans ses nouvelles revendications, le demandeur ne donne aucun renseignement quant

au temps de retenue spécifique en vertu de la technique citée. Cependant, nous

traiterons ce point plus loin.

 

Le troisième facteur s'énonce comme suit: "La teneur en solides de la boue, à

savoir, de 20 à 40 pour cent". Il est d'usage courant de faire varier la con-

centration de la boue selon les besoins. La gamme particulière utilisée n'a

donné aucun résultat inattencu. La publication de référence 63B303, citée par

l'examinateur, dit (page 15, ligne 8): "Après avoir fait l'essai d'un certain

nombre de matériels, on a obtenu une bonne séparation magnétique en utilisant des

solides dans une proportion allant jusqu'à 40%. La nature de la matière traitée

influera sur la limite maximale. Une teneur en solides de trente pour cent

constituerait sûrement la limite pour des argiles fines et collantes ". Le présent

facteur semble âtre une ressource courante dans la technique.

 

Le quatrième facteur s'énonce comme suit: "La défloculation de la boue avant la

séparation magnétique". La publication de référence Effect of Variable Adjustments

on Separation in Jones Magnetic Separator dit qu'une bonne dispersion de la boue

s'impose avant la séparation magnétique. Ladite publication dit (page 18, ligne

 

25): "En faisant l'essai de ces échantillons, il faut prendre les mesures

nécessaires pour assurer une bonne dispersion". Les termes "dispersion" et

"défloculation" sont, bien sûr, des synonymes dans l'art de la séparation magné-

tique. Ceci est mis en évidence par le demandeur dans sa réponse datée du 17

février 1972, lorsqu'il dit (à la page 7): "... il est proposé que le mot

"dispersé" soit l'équivalent du mot "défloculé" aux termes de la présente spéci-

fication".

 

Le cinquième facteur s'énonce comme suit: "La grosseur maximale des particules

que contient la boue d'argile et, comme on le verra plus clairement ci-après, la

susceptibilité magnétique des particules d'argile particulières à l'argile

kaolinique". Nous ne croyons toutefois pas que la susceptibilité magnétique des

particules d'argile soit particulière à l'argile kaolinique. Pour le traitement

de la céramique, on utilise généralement deux types d'argile: les argiles figuli-

nes et les argiles kaoliniques ou à porcelaine. Le mot "kaolinique" réfère à un

groupe d'argiles blanches ou presque blanches, composées principalement de kaolinite

minérale. Bien que les argiles figulines contiennent de la kaolinite, leur rapport

silice/alumine, tout comme leur teneur en matières organiques et inorganiques

subsidiaires, est supérieur à celui de la plupart des kaolins. Les conclusions

tirées de la publication de référence (a) (celle de Jones et de Stone) s'énoncent

comme suit (page 743) (en partie):

 

3) L'appareil de Jones fait des séparations efficaces des

matières fines contenant des matières minérales considérées

comme faiblement magnétiques ou inadaptées à la séparation

magnétique.

 

5) La susceptibilité de certaines moscovites dans le séparateur

de Jones laisse entrevoir une application possible dans

l'industrie de l'argile.

 

6) L'appareil de Jones peut servir à séparer des matières

minérales de différentes susceptibilités magnétiques, de

faibles dimensions.

 

Ces conclusions indiquent clairement qu'on prévoyait l'application du séparateur

de Jones dans l'industrie de l'argile (qui inclue les argiles kaoliniques), et

son utilisation avec différentes susceptibilités magnétiques dans les dimensions

très fines.

 

Nous avons analysé séparément les facteurs (étapes) du procédé, mais nous sommes

conscients que la revendication doit être considérée comme un tout. En se

référant de nouveau au facteur no 2 (temps de retenue), nous observons que dans

la pratique antérieure on tenait également compte du temps de retenue, mais pas

nécessairement du même ordre que dans les revendications. Cependant, à notre

point de vue, ceci est le seul facteur nouveau dans la revendication no 1.

 

Comme nous l'avons déjà mentionné, pour Lynd, la durée totale du traitement varie

de 6 à 12 heures alors que dans la publication Ceramic Ware, le temps de retenue

est inférieur à 1 seconde, d'après le demandeur. Par conséquent, nous devons

déterminer si le demandeur a droit à un brevet de sélection. La nature de la valeur

inventive requise pour avoir droit à un brevet de sélection fut discutée par J.

Evershed dans Dreyfus and Others' Application (1945) 62 RPC 125 à 132.

 

S'il a déjà été divulgué Que n'importe lequel d'un certain nombre de

moyens donnés peut servir durant la mise en oeuvre d'un certain

procédé de fabrication ou à cette fin, alors il ne peut y avoir

d'invention ni de nouveau procédé de fabrication, lorsqu'on ne

choisit que quelques moyens parmi tous ceux qui ont déjà été

divulgués dans le même but général; ex concessis, l'emploi de

ces quelques moyens choisis appropriés pour ce but a déjà été

divulgué et le travail effectué qui a mené à la sélection a donné

une vérification et non une invention. L'invention, si invention il

y a, doit entraîner au moins la découverte de nouvelles qualités

parmi les membres choisis, particulières eux-mêmes et non attri-

buables simplement en vertu du fait qu'ils appartiennent à une classe

spécifiée par l'inventeur précédant." (soulignement ajouté)

 

Nous observons que l'objet de la présente invention consiste à "fournir un procédé

pour rendre les argiles plus pures par l'extraction des contaminants colorants".

Il est également intéressant de noter que l'objet de l'invention du brevet de Lynd

que nous retrouvons consiste à "extraire (à l'aide d'aimants artificiels ou

naturels) le fer, le cuivre et les autres matières colorantes des substances ar-

gileuses (l'argile plastique) à utiliser dans la fabrication de la porcelaine et

d'autres produits..."

 

Le demandeur déclare dans sa divulgatîon (à la page 3) qu'on peut rendre les argiles

plus pures par plusieurs points en ayant recours à l'énergie magnétique de forte

intensité. Puis, il continue en disant que le séparateur magnétique par voie

humide de Jones est disponible et produire "une induction magnétique maximale de

20,000 à 22,040 gauss". Nous avons déjà mentionné qui Jones avait suggéré qu'on

utilise son séparateur magnétique par voie humide dans l'industrie de l'argile.

A notre point de vue, il importe peu que le demandeur ait décidé de l'utiliser avec

un type particulier d'argile (kaolinique). L'objet de l'exercice est le même

extraire les matières colorantes faiblement paramagnétiques d'une substance quelconque.

 

Le demandeur a ensuite fait des expériences avec une boue d'argile en ayant recours

à différents temps de retenue et en variant le flux du champ magnétique. Dans ces

circonstances, on doit considérer ceci comme étant un essai non inventif et une

expérience effectuée avec un concept connu pour produire un produit amélioré. En

d'autres mots, c'est une simple vérification effectuée dans le but de déterminer

le temps de retenu le plus appropiré. Bien que Lynd ait eu besoin de 6 à 12 heures,

il est raisonnable d'assumer qu'à ce moment-là (1869), la densité du flux magnéti-

que utilisé était basse. Le demandeur déclare que "dans la pratique antérieure,

l'intensité du champ magnétique dépassait rarement 1,500 gauss..." Nous croyons

qu'il est également juste d'assumer que le fait d'utiliser de nouveaux aimants

plus puissants à mesure de leur création ne constitue qu'une ingéniosité attendue.

Le changement du temps de retenue de Lynd (6 à 12 heures) est inévitable avec

l'apparition d'aimants plus puissants.

 

Nous avons conclu que le travail qui a mené à la sélection particulière du temps

ne constitue pas une invention mais plutôt une vérification (Vide: Dryfus and

Others' Application, supra). Une simple vérification n'est pas une nouveauté

brevetable (Voir Sharp and Dohme v Boots Pure Drug (1927) 44 RPC 367 à 402). Il

faut prendre les moyens pour arriver à un but, ce qui est impossible sans recours

à la faculté inventive (Voir Esso Research and Engineering Co.'s Application (1960)

RPC 35 à 57).

 

Nous sommes convaincus que ni le procédé des revendications, ni la spécification

dans son ensemble ne révèlent une nouveauté brevetable dans la pratique. Le

présent cas est classé dans la même catégorie que le cas Crossley Radio v Canadian

General Electric lors duquel la Cour Suprême avait déclaré: ".., nous ne croyons

pas que l'élément inventif soit nécessaire pour constituer un sujet suffisamment

évident."

 

Nous recommandons que la décision finale de refuser la demande soit confirmée.

 

Le président adjoint de la

Commission d'appel des brevets

 

J.F. Hughes

 

Je souscris aux conclusions de la Commission d'appel des brevets, et je refuse

d'accorder un brevet. Le demandeur a six mois pour interjeter appel de cette

décision, en vertu de l'article 44 de la Loi sur les brevets.

 

Le Commissaire par intérim des brevets

 

J.A. Brown

 

Fait à Hull (Québec)

le 3 octobre 1975

 

Mandataires du demandeur

 

Marks & Clerk

Ottawa (Ontario)

 

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