Brevets

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                     DECISION DU COMMISSAIRE

 

EVIDENCE: Adaptation d'un dispositif connu produisant un résultat analogue.

 

   Le dispositif en cause est considéré n'être rien de plus qu'un changement

dans la forme, la proportion ou le degré et produisant un résultat essentiellement

pareil, d'une façon essentiellement semblable, en utilisant essentiellement les

mêmes moyens, selon le même principe que antériorités invoquées.

 

DECISION FINALE: Confirmée.

 

                               ****************

 

La présente décision a trait à une demande de révision, par le Commissaire

des brevets, de la décision finale de l'examinateur, en date du 27 juillet 1972,

de la demande portant le numéro 078,470. La demande a été déposée au nom

de Charles R. Nixon et autres, et porte sur un "Dispositif d'équilibrage de

roues". La Commission d'appel des brevets a entendu l'appel le 29 novembre

1972; le demandeur était représenté par M. R. McFadden.

 

Lors de l'instruction, qui s'est terminée par la décision finale, l'Examinateur

a refusé la demande par défaut d'établir ingéniosité inventive par rapport aux

antériorités suivantes:

 

Brevet canadien

 

731,937                             Salathiel

 

Brevet américain

 

1,314,005                           Louden

 

Dans sa décision finale l'Examinateur déclare (notamment):

 

Pour ce qui est de l'argument d'évidence, le brevet de

Louden montre que l'utilisation de billes sphériques

dans un tube de coupe cylindrique, tout comme l'utilisation

de rouleaux cylindriques dans un tube de coupe rectangulaire

à angles arrondis, sont choses connues depuis longtemps des

hommes du métier versés dans la technique d'équilibrage de

rotors. Louden indique également l'utilisation de tubes

intégrés aux rotors et de tubes qui accrochent les rives

et les jantes aux rotors tant de configuration cylindrique

que de configuration rectangulaire. Il révéle aussi l'emploi

de liquides amortisseurs.

 Bien que l'invention alléguée par le demandeur diffère légèrement

 sous certains rapports du brevet de Louden, et sous certains autres

 de celui de Salthiel, ces différences ne peuvent être considérées

 brevetables. Salathiel, pour sa part a adapté les billes et le tube

 cylindrique aux fins d'équilibrage de roues et de pneus, et le demandeur

 conscient de cette antériorité, a utilisé tour à tour des tubes de

 configurations tant cylindriques que rectangulaires aux mêmes fins. Les

 changement apportés par le demandeur au tube de configuration soit

 cylindrique soit rectangulaire du brevet de Louden, ont été faits dans

 le but d'adapter la configuration cylindrique. Autant de changements

 qui ne requièrent rien de plus qu'une expérience du métier.

 

 Dans sa réponse du 10 octobre 1972, le demandeur déclare (notamment:

 

Nous allèguons que l'Examinateur s'est fourvoyé à l'égard de la loi

 concernant le motif d'évidence ou de manque d'objet. Comme motif de

 son refus, l'Examinateur énonçait, à la page 1 de sa décision finale,

 que "le refus de la demande est maintenu, ce par défaut d'ingéniosité

 inventive." Ensuite il cite les deux antériorités sur l-squelles il appuye sa

 décision, à savoir les brevets de Salathiel et de Louden.

 

 L'Examinateur étaye son premier refus par un second en argumentant

 que "puisque le brevet de Louden montre qu'il est chose connue de la

 technique que d'utiliser des poids cylindriques dans un tube de coupe

 rectangulaire, il n'y a donc pas invention dans le fait d'utiliser des

 poids cylindriques dans le but d'équilibrer une roue ou un pneu, particulière-

 ment en raison des révélations du brevet de Salathiel." Et il poursuit:

 "Salathiel montre l'emploi de billes dans un tube de coupe circulaire,

 également divulgué par Louden, à titre de simple alternative".

 

 De plus, l'Examinateur après avoir longuement discuté à savoir si l'objet

 du brevet de Salathiel était véritablement utile ou non, continue dans

 l'avant-dernier paragraphe de la page 6: "Le demandeur a simplement

 utilisé un tube à rouleaux cylindriques, lequel selon Louden ne représente

 rien de plus que l'alternative, connue depuis longtemps, au tube circulaire

 à billes utilisé dans une roue d'une manière démontrée ou réflétée directement

 par le brevet de Salathiel".

 

 La présente a trait à un dispositif d'équilibrage de roue, composé d'un

 tube de coupe rectangulaire, contenant un certain nombre de poids cylindriques

 ainsi qu'un liquide amortisseur. Le tube est fixé à la rive périphérique de la

 roue de sorte que, lorsque la roue tourne, les poids roulent librement dans le

 tube soumis aux forces centrifuges afin de corriger tout désiquilibre.

 

   L'antériorité de Louden révéle un dispositif d'équilibrage de roues

constitué d'éléments cylindriques à l'intérieur du tube de coupe rectangulaire,

et décrit ce qui suit aux lignes 26 à 37 de la page 1: "De par sa nature générique

mon invention incorpore une roue ou un autre corps tournant monté axialement,

ainsi qu'un certain nombre d'éléments de divers poids spécifiques, disposés

annulairement sur ou à l'intérieur dudit corps tournant, conçus pour se

déplacer automatiquement, sous l'action centrifuge, par'rapport au support du

corps tournant, et d'une manière à assurer de façon continue l'équilibre parfait

du corps tournant." Par conséquent, le principe qui consiste à utiliser des

éléments de divers poids spécifiques à l'intérieur d'un, corps tournant est bien

connu.

 

   L'antériorité de Salathiel révéle un dispositif d'équilibrage automatique

pour une roue de véhicule, et constitué d'un tube en plastique ayant un profil

extérieur appareillé à la rive de la roue, et d'un certain nombre de poids

sphériques en acier d'une gravité spécifique prédéterminée et calculés pour un

ajustage gras à l'intérieur du tube afin de pouvoir se déplacer librement à

l'intérieur dudit tube annulaire partiellement rempli d'un liquide amortisseur

dont la gravité spécifique est inférieure à celle des poids.

 

   Salathiel ajoute: "Nous avons en outre prévu un équilibreur de roue

caractérisé par des poids sphériques et un liquide amortisseur dans lequel

les poids se positionnent automatiquement pour maintenir les roues du véhicule

dans un état d'équilibre dynamique par l'entremise de la force centrifuge, alors

que le fluide amortisseur empêche un déplacement soudain et indésirable des

poids réagissant à un choc ou à un effort appliqué à la roue ou au pneu."

Salathiel décrit également un grand nombre de dispositifs de montage, disposés

à intervalles réguliers autour du tube, afin de l'assujettir à la rive de la

roue.

 

Ayant comparé le dispositif qui fait l'objet de la présente à celui

de l'antériorité, nous constatons une seule différence qui consiste dans le

fait que le demandeur utilise un tube annulaire dé coupe rectangulaire, de

concert avec des poids cylindriques, plutôt qu'un tube annulaire de coupe

circulaire de concert avec des poids sphériques.

 

   Salathiel a adopté des organes équilibreurs dynamiques pour faire tourner

des masses telles que des roues d'automobiles, et pour réaliser son invention

il a choisi des poids sphériques d'un diamètre de 5/16 pouce et des tubes dont le

diamètre intérieur est de 3/8 de pouce. Les essais exécutés par Salathiel ont

prouvé que lorsque le rapport de poids et de liquide amortisseur est exact,

les roues sont ".équilibrées pour toutes vitesses allant de 10 à 120 miles à

l'heure", (voir le mémoire descriptif page 8). A la page 10, il déclare également:

"il est évident que le principe de l'invention s'applique également dans les

cas de roues de camions, d'aéronefs ou d'autres véhicules, et que les modifications

appropriées devront être apportées conformément à l'échelle et aux dimensions".

(emphase ajoutée).

 

Le demandeur a argumenté que le mécanisme équilibreur de Salathiel

est inopérant parce que ce dernier doit d'abord faire l'équilibrage statique

des roues. A ce sujet cependant, Salathiel déclare à la page 8 ".,. l'équilibrage

dynamique de divers types de roues d'automobiles le plus adéquat est réalisé

lorsqu'on fait d'abord l'équilibrage statique de chaque roues et qu'on installe

ensuite l'un des organes d'équilibrage ...", et plus loin, à la page 9, il

explique pourquoi: "Lorsqu'une roue et un pneu en état de déséquilibre sont

mis en rotation, le centre de rotation est décalé par rapport au centre de la roue

selon un diamètre passant par le centre de la roue et le centre de la masse du

désiquilibre. Lorsque le tube équilibreur de la roue 20 est installé sur ladite

roue, et que la roue est mise en rotation à régime relativement faible, les

billes 24 sont concentrées dans la partie du tube contigué à la masse de

déséquilibre du pneu et de la roue, d'où un déséquilibre accru du pneu et

de la roue ...." En d'autres mots, le déséquilibre dynamique et l'état de

déséquilibre de la roue ont tendance à accroître le déséquilibre total

de la roue en deçà d'une vitesse critique. Salathiel n'a exposé que la

plus efficace des méthodes aptes à éviter le problème. Il s'ensuit donc

que le double déséquilibre est neutralisé seulement au-delà d'une vitesse

critique. Il convient toutefois de se souvenir que le demandeur doit faire

face à la même difficulté puisqu'elle est inhérente au principe de l'équilibre

dynamique.

 

Le demandeur a augmenté la masse totale des poids en changeant les poids

de forme sphérique pour des poids de forme cylindrique au lieu d'en augmenter

le nombre ou les dimensions, ou les deux, et en changeant par conséquent la

forme de la coupe du tube afin de les loger de manière à obtenir un équilibreur

d'une capacity supérieure. Toutefois, nous avons déjà constaté que Louden utilise

des éléments ont un poids spécifique inféreiur à celui du liquide, tout en

devant se déplacer à l'intérieur du tube afin de réaliser l'équilibrage, importe

peu en regard du principe ou du résultat obtenu.

 

   Par conséquent, la Commission est convaincue que le demandeur n'a rien

fait de plus que de choisir une alternative qui viendrait tout naturellement

à l'esprit d'une personne expérimentée désirant accroître le rapport entre la masse

poids/liquide amortisseur afin de corriger un certain déséquilibre statique

plus le déséquilibre est grand, plus le rapport entre la masse des poids/liquide

amortisseur es grand (ou vice-versa selon Louden).

 

   Le demandeur souligne également que le dispositif a remporté un succès

commercial. Bien qu'un succès commercial puisse, dans certains cas fort

douteux, contribuer à déterminer s'il y a eu invention, le tribunal a

considéré ce succès avec grande réserve, puisque ledit succès pourrait bien

être subordonné à des causes étrangères à l'invention.

 

   A titre d'exemple de plusieurs décisions rendues sur ce point, voici

ce que la Cour a décidé dans l'affaire Lorne Martin Co. Ltd. c. Office

Specialty Manufacturing Co. Ltd. (1930) Ex. R.C. page 181: "La simple

poursuite d'une idée originale, en changeant seulement la forme, la proportion

ou le degré, pour faire la même chose de la même façon, essentiellement par

les mêmes moyens, avec de meilleurs résultats, n'est pas une invention qui

puisse justifier la délivrance d'un brevet..." (page 187, ligne 9) et "Il faut

toujours prendre les droits du public en considération pour éviter d'accorder des

monopoles pour des dispositifs si simples qu'ils viendraient tout naturellement

à l'esprit d'un homme du métier."

 

   Dans les circonstances, la Commission est convaincue que le dispositif

n'est tout simplement qu'un changement de forme, de proportion et de degré,

compte tenu de la déclaration de Salathiel, comme nous l'avons déjà fait

remarquer, voulant que: "... les modifications appropriées devront être

faites à l'échelle et aux dimensions." Par conséquent, la Commission recommande

que la décision de l'Examinateur, portant le refus de la demande, soit maintenue.

 

                                            Le Président de la Commission

                                            d'appel des brevets

                                            R.E. Thomas

 

   Nous souscrivons aux constatations de la Commission d'appel des brevets

et refusons d'accorder un brevet. Le demandeur dispose d'une période de six

mois an cours  de laquelle il pourra interjeter appel de la présente décision

aux termes de l'article 44 de la Loi sur les brevets.

 

                                                     Telle est notre décision

 

                                                     Le Commissaire des brevets

                                                      A.M. Laidlaw

Fait à Ottawa (Ontario)

le 11 décembre 1972.

 

Mandataire du demandeur

 

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