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                     DECISION DU COMMISSAIRE

 

NON-EVIDENCE: Combinaison d'éléments connus. Des éléments connus ont été

regroupés selon des principes connus pour former une nouvelle combinaison et

apporter une solution à un problème qui, ni les uns ni les autres n'ont été,

soit individuellement, soit collectivement, suggéré dans les références

invoquées.

 

DECISION FINALE: Infirmée

 

   RELATIVEMENT à une demande de révision, par le Commissaire des

brevets, de la décision finale de l'Examinateur en vertu de l'article 46 du

Règlement sur les brevets.

 

                               ET

 

   RELATIVEMENT à la demande de brevet numéro de série 030,681,

déposée le 23 septembre 1968 au sujet d'une invention intitulée:

 

                            RADIO PORTATIF

 

Mandataire du demandeur

MM. Marks & Clerk

Ottawa (Ontario

 

La présente décision a trait à une demande de révision, par le Commissaire

des brevets, de la décision finale de l'Examinateur, en date du 19 janvier 1971,

refusant d'admettre la demande portant le numéro 030,681.

 

   La Commission d'appel des brevets a entendu la cause le 17 août 1971. Le

demandeur était représenté par M. Chappell.

 

   La demande portant le numéro 030,861 a été déposée le 23 septembre 1968, au

nom de K. Fujimoto et autres, et a trait à un radio portatif

 

   Lors de l'instruction, qui s'est terminée par la décision finale le 19

janvier 1971, l'Examinateur a rejeté la demande simple en raison de l'antériorité

à savoir:

 

Ouvrage publié

JASIK: Antenne Engineering Handbook, première édition, droit d'auteur

1961; chapitre 27, particulièrement aux pages 5 à 8 et 37.

 

Antériorité de référence

Brevet américain

numéro 2,990,546             27 juin 1961  Cl. 343-767  Haas

Dans la décision finale, l'Examinateur déclare:

 

   Le refus de la revendication simple est maintenu par défaut d'originalité

par rapport à l'antériorité invoquée et de l'état de la technique.

 

A la page 37 du chapitre 27 de l'ouvrage de Jasik, on trouve la description

ainsi que l'illustration (figure 27-45) d'une antenne mise au point par W.A.

Cumming, et qui correspond en tous points aux caractéristiques importantes

présentées par le dispositif revendiqué par la présente.

 

Indubitablement, le radiateur de l'antenne de Cumming est de forme plus complexe

que celui du demandeur, et les éléments du radiateur ne sont pas disposés pré-

cisément de la même manière dans les deux cas. Cependant, l'antenne qui fait

l'objet de l'antériorité possède en même temps des sections verticales et des

sections horizontales. Il importe de noter que la forme du radiateur utilisé

par le demandeur est chose connue, comme le prouve le brevet HAAS. Ainsi, pour

qu'il y ait'invention dans la présente demande, il faut qu'elle se situe au

niveau de l'agencement particulier du radiateur de l'antenne avec le corps du

radio et l'élément diélectrique, plutôt qu'au niveau de la forme de l'antenne

proprement dite. Il est reconnu que diverses formes d'antennes peuvent être

utilisées, pourvu qu'elles conviennent à un endroit particulier.

 

En raison de l'argument susmentionné, le refus de la revendication simple de

la présente est maintenu. L'Examinateur soutient, comme au début de l'instruction,

que la présente demande, telle qu'elle a été initialement déposée, ne semble

renfermer aucune matière brevetable. Puisqu'il ne parait pas possible de modi-

fier la demande, afin de révoquer le refus en vertu de la technique antérieure,

la présente décision conclut l'instruction de la présente par l'Examinateur.

 

Dans sa lettre du 14 avril 1971, le demandeur déclare:

 

Une étude approfondie de la publication invoquée, faite à la lumière des faits

divulgués et revendiqués par le demandeur, suggère le critère d'admissibilité

concernant une divulgation antérieure qui doit servir de base à une demande de

brevet déposée ultérieurement. Nous alléguons que le critère est plutôt sévère.

 

Nous alléguons que le seul lien commun qui existe entre le dispositif de Cumming

et celui qui fait l'objet de la présente réside dans le fait que les deux ont

trait à une antenne. Cependant, ce que l'ouvrage de Jasik ne mentionne pas, mais

qui est d'importance primordiale à l'analyse de la présente invention, constitue

une liste bien plus longue. Ainsi donc, le brevet Cumming porte sur une antenne

pour le système de radionavigation VHF d'un aéronef. Dans le brevet Cumming

l'antenne n'est cependant pas du tout montée sur le corps du radio, mais bien sur

le plan fixe vertical d'un aéronef, et doit être branchée de la manière habituelle

à l'équipement de radionavigation installé à bord de l'appareil. De plus, dans

l'invention Cumming, l'antenne est montée dans un creux sur le sommet du plan

fixe vertical de l'aéronet, c'est-à-dire que dans le brevet Cumming, l'antenne

n'est pas montée sur un angle du radio. De plus, le creux du plan fixe vertical

ne peut, même par un effort d'imagination, être considéré de forme prismatique

triangulaire.

 

Afin que la publication invoquée puisse être jugée antici-

pation du dispositif, tel que divulgué et revendiqué ici par le

demandeur, il faudrait: considérer, soit l'aéronef en entier ou

l'un quelconque de ses plans fixes verticaux comme étant appareil-

radio portatif; supposer que le sommet du plan fixe vertical

de l'aéronef soit un angle de l'aéronef; interpréter que le

boîtier en plastique dont il est question dans l'ouvrage et qui

d'une manière générale, peut être qualifié de conique, est "un

élément diélectrique de forme prismatique triangulaire"; inter-

préter en outre que ce même bottier en plastique, qui de toute

évidence n'a d'autre fonction que celle d'un couvercle de forme

propre à réduire la résistance de l'air, est "un élément diélec-

trique... pour accroître la longueur électrique effective de

l'antenne et d'en décroître la longueur matérielle propre"; de

plus, considérer que le manchon de l'antenne du brevet Cumming,

qui n'a d'autreutilité que celle de supporter le cadre dipole de

ladite invention comme étant "un élément de court-circuitage ...

pour équilibrer les impédances d'un système d'antenne" avec un

logement de radio, nous alléguons qu'aucune de ces suppositions

n'est de fait justifiée par la divulgation de l'ouvrage invoqué.

Effectivement, rien dans la publication citée ne rappelle, ni

ne suggère, un dispositif semblable à celui révélé et revendiqué

par la présente. Les problèmes auxquels Cumming a dû faire face,

et qu'il a résolus, sont de nature entièrement différente de ceux

qu'a dû affronter le demandeur, et qu'il a résolus par le dispositif

pour lequel il demande ici protection.

 

   Après avoir révisé les motifs avancés par l'Examinateur, ainsi que les

arguments présentés verbalement ou par écrit par le demandeur, nous ne sommes

pas convaincus du bien-fondé du refus.

 

   Lors de l'audience, l'agent des brevets ayant examiné la position du deman-

deur a insisté que, à son avis, le dispositif tel que revendiqué était de fait

une combinaison nouvelle et que, par conséquent, il justifiait la délivrance d'un

brevet .

 

   Il reste à déterminer si l'objet de la revendication 1 manque d'originalité

par rapport à la publication JASIK et à l'état de la technique.

 

   La demande a trait à un radio portatif ayant une antenne de type connu

(voir le brevet américain Haas) fixée dans le creux d'un angle du boîtier, et un

élément diélectrique de forme appropriée pour épouser la forme du creux qui coin-

tient l'antenne.

 

   Le Manuel de Jasik décrit une antenne similaire mais non identique à celle

revendiquée par le demandeur. L'antenne est logée dans un creux sur le sommet du

plan fixe vertical de l'aéronef et enfermée dans une gaine de plastique. L'an-

tériorité de référence (Haas) décrit une antenne semblable à celle utilisée par

le demandeur.

 

   Il est bien établi qu'une combinaison nouvelle d'éléments bien connus peut

être brevetable. La question n'a donc pas pour but d'établir si les éléments sont

nouveaux, mais plutôt si la combinaison des éléments, y compris l'agencement des

parties, est nouvelle, utile et le produit d'une ingéniosité inventive.

 

   Les revendications du demandeur portent sur un objet bien spécifique. Le

demandeur a pris des éléments connus, utilisé des principes également connus, pour

regrouper le tout dans un dispositif qui n'est pas suggéré dans les références

prises séparément ou ensemble.

 

   A notre avis, la dérive de la queue d'un aéronef (Jasik) n'est pas semblable

à un radio portatif. De plus, la dimension et la forme de l'antenne de Jasik ne

rappellent à personne le petit radio portatif du demandeur.

 

   Il est vrai que l'antériorité de référence de Haas représente une antenne de

forme (et possiblement de dimensions) semblables à celle du demandeur. Haas sou-

tient également le principe connu que la longueur électrique effective d'une

antenne peut être accrue selon le coefficient diélectrique du matériau placé entre

l'antenne et le sol. Cependant, Haas avait surtout pour but de donner un profil

aérodynamique à une antenne posée sur la partie extérieure d'un missile ultra-

rapide.

 

   Pour sa part, le demandeur se propose de monter une antenne de type spécifique

(semblable à celle de Haas) sur le corps du radio, et de protéger ladite antenne

de tout dommage mécanique en la logeant en un endroit bien indiqué dans la partie

en saillie du corps du radio. Il enferme également l'antenne dans une gaine iso-

lante dans le double but de parfaire le profil du corps du radio et d'accroître

la longueur électrique effective de l'antenne.

 

   Nous croyons donc que, en dépit du fait que tous les éléments aussi bien que

les principes utilisés par le demandeur sont connus, le demandeur les a regroupés

de façon telle qu'ils peuvent être considérés comme formant une combinaison

nouvelle.

 

   Conséquemment, dans les circonstances, nous sommes d'avis qu'un progrès

technique a été accompli, et que la combinaison obtenue par le demanduer ne saurait

être considérée comme résultat logique découlant de la technique antérieure sur

laquelle s'appuie l'Examinateur. Nous sommes également convaincus que le deman-

deur a fait un commencement de preuve d'ingéniosité.

 

   Nous recommandons crue le refus d'admettre la revendication de la présente

demande soit revoqué.

 

                                        Le président de la

                                        Commission d'appel des brevets

 

                                             R.E. Thomas

 

   Nous souscrivons aux constatations de la Commission d'appel des brevets et

infirmons la décision finale. Nous retournons la demande à l'Examinateur pour la

reprise de l'instruction.

 

                                       Telle est notre décision,

 

                                    Le Commissaire des brevets

 

Fait à Ottawa (Ontario)

le ler septembre 1971                          A.M. Laidlaw

 

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